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Michelin veut profiter de la fusion Auvergne-Rhône-Alpes pour multiplier les partenariats régionaux

Devenu, avec ses 112 000 salariés et ses 6 000 chercheurs la 1ère entreprise de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le pneumaticien de Clermont-Ferrand, Michelin, qui pratique l’innovation ouverte veut multiplier les partenariats. L’un des plus importants concerne l’IFPEN à Solaize. En projet, la transformation des déchets forestiers en butadiène, substitut au pétrole dont les pneus sont gros consommateurs.

La première conséquence sur le plan économique de la fusion des deux régions Auvergne et Rhône-Alpes a été de bousculer les hiérarchie des entreprises.

 Le succursaliste stéphanois Casino était depuis des lustres la première entreprise de Rhône-Alpes. C’est désormais la société clermontoise Michelin, avec ses 112 000 salariés fabriquant 170 millions de pneus chaque année et ses 6 000 chercheurs qui accède à la plus haute marche du podium régional.

 Cette fusion a en outre permis de rappeler à ce membre éminent du CAC 40 qu’est Michelin dont le siège est basé dans la capitale auvergnate qu’il évolue dans une région qui est non seulement très industrielle, mais aussi fortement dotée de centres de recherche.

 Ça tombe à point puisque de plus en plus, Michelin dont la recherche est essentiellement basée à Clermont-Ferrand, mais aussi notamment aux Etats-Unis , au Japon et en Chine, s’avère de plus en plus adepte de « l’innovation ouverte ».

 Bref, elle entend bien développer les partenariats tous azimuts.

 Quinze pour cent des partenariats en Auvergne-Rhône-Alpes

 A cet égard la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes constitue déjà un hinterland puissant pour le pneumaticien clermontois : elle pèse 15 %. « Notre premier réseau collaboratif est en Rhône-Alpes-Auvergne, avec ses 40 000 chercheurs, ses 18 clusters, ses 14 pôles de compétitivité et ses écoles d’ingénieurs avec lesquelles nous avons tissé des partenariats», souligne Jérôme Fournier, directeur du développement élastomères chez Michelin.

 Parmi les vingt partenaires de Michelin, figure l’IFPEN (l’Institut Français du Pétrole Energie Nouvelle), basé à Solaize, au cour de la Vallée de la chimie, près de Lyon.

 Parmi les pistes de travail qui réunissent les deux partenaires en figure une prometteuse : le programme « biobutterfly » qui consiste à transformer en butadiène les déchets forestiers et ménagers, mais aussi ceux issus de l’agriculture.

 Le butadiène? Un produit chimique indispensable dans la fabrication des pneus qui, jusqu’à présent, est issu du pétrole.

 « Nous voulons limiter notre dépendance au pétrole », explique Jérôme Fournier.

 Il faut savoir qu’à côté des caoutchoucs naturels, près de 30 % de la matière d’un pneu de tourisme provient du pétrole.

 L’objectif est donc de diversifier la matière première.

Un programme de recherche de 40 millions d’euros

 Ce programme de recherche qui représentera au total près de 40 millions d’euros doit aboutir à l’horizon 2020 à la construction d’un site pilote qui pourrait être situé près du site actuel de Michelin de fabrication de butadiène, à Bassens près de Bordeaux.

 Une fois cette petite usine pilote installée, une grande unité de fabrication capable de produire 150 000 tonnes de butadiène bio-sourcé devrait ensuite voir le jour. A savoir que Michelin consomme actuellement chaque année près de 800 000 tonnes de ce même butadiène.

 Actuellement avec un pétrole à 30 dollars le baril, après la chute de 75 % du cours, il est évident qu’une telle unité de production ne serait pas rentable.

 Mais selon Pierre Beccat, directeur de d’IFP Energies Nouvelles Lyon, d’ici cinq ans, c’est-à-dire lorsqu’il s’agira de construire l’unité de production, « on devrait assister à un brutal retournement du marché »…et donc voir à nouveau le pétrole tutoyer les sommets.

 Rien d’étonnant à cela d’ailleurs. Il suffit de regarder les courbes.

 Les compagnies pétrolières ont sabré brutalement dans la recherche ces deux dernières années (-30 %), tandis que la consommation de pétrole poursuit sa croissance, même lente.

 Une future usine capable de produire 150 000 tonnes, mais où ?

 La rencontre des deux courbes devrait donc faire mal.

 Restera alors à savoir où cette future grande usine de butadiène bio-sourcé verra le jour. Si c’est en Auvergne-Rhône-Alpes, les conséquences en amont devraient être importantes : il faudra pour alimenter cette usine en déchets forestiers, notamment, des dizaines de milliers de tonnes, ce qui devrait donner un coup de fouet à la filière.

 «Nous n’avons pas encore décidé du choix du site », reconnaît le cadre de Michelin. Gageons que les pressions seront alors fortes pour que le site soit localisé dans la région…