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Une idée née d’années de recherche pour anticiper l’usure des matériaux

Dans l’univers de l’innovation technologique, une nouvelle étoile monte. Misutech, jeune pousse incubée par Pulsalys, s’apprête à transformer la manière dont l’industrie anticipe l’usure des pièces métalliques. Son arme secrète ? un logiciel de simulation numérique capable de prévoir la durée de vie des composants, qu’ils soient destinés à l’aéronautique ou à l’éolien. Mais comment cette start-up a-t-elle réussi à se hisser au rang de leader potentiel dans un secteur aussi stratégique ?

Une idée née d’années de recherche pour anticiper l’usure des matériaux

Misutech a été fondée en 2024, après plus de vingt ans de travaux de recherche menés par Joël Rech, l’un des fondateurs, en collaboration avec une équipe d’ingénieurs et chercheurs issus du Laboratoire de tribologie et dynamique des systèmes (LTDS). À l’origine, le projet répondait à une problématique cruciale : savoir combien de temps un composant critique peut fonctionner sans risque de fissuration ou de défaillance. La nécessité d’anticiper ces défaillances est devenue indispensable dans des secteurs où la sécurité et la fiabilité sont au cœur des enjeux.

Le logiciel Misulab, fruit de cette recherche, est une véritable avancée. Il permet de réaliser des simulations précises pour comprendre comment les procédés d’usinage influencent la résistance et la durée de vie des pièces métalliques. La force de cette innovation réside dans sa capacité à intégrer dès la phase de conception la manière dont une pièce sera fabriquée, évitant ainsi les marges de sécurité excessives et allégeant la structure finale.

Une technologie qui bouleverse les standards de l’industrie

Ce qui distingue Misulab, c’est sa capacité à réaliser du calcul scientifique avancé en ligne. En modélisant précisément l’impact des procédés d’usinage, il offre une vision claire de la résistance des matériaux et de leur longévité. Résultat : les fabricants peuvent réduire significativement le poids de leurs composants tout en garantissant leur fiabilité. La réduction du poids est un avantage considérable pour l’aéronautique, où chaque gramme en moins contribue à une meilleure performance énergétique.

En intégrant la fabrication dans la conception, Misutech permet aussi d’optimiser la durée de vie des équipements, qu’il s’agisse d’avions, d’éoliennes ou d’autres machines industrielles. La simulation devient un véritable outil de décision, permettant d’éviter des réparations coûteuses ou des défaillances imprévues. La conséquence directe ? Des cycles de maintenance plus espacés, une sécurité renforcée et des coûts d’exploitation maîtrisés.

Une croissance soutenue et des ambitions mondiales

Avec un chiffre d’affaires avoisinant les 400 000 euros et une équipe de neuf salariés, Misutech commence à faire parler d’elle. La start-up a su convaincre ses partenaires historiques, tels qu’Airbus, mais aussi des acteurs européens comme SecoTools en Suède ou Walter Tools en Allemagne. La demande ne se limite pas à l’Europe : des partenaires américains, notamment via l’université de Charlotte, montrent également un vif intérêt pour la technologie.

Ce succès ne doit rien au hasard. La start-up prévoit une levée de fonds de 800 000 euros pour accélérer sa commercialisation. L’objectif est clair : structurer une force commerciale capable de déployer cette innovation à grande échelle. La stratégie semble payante, puisque l’obtention du Prix i-Lab 2025 de la BPI confère à Misutech une subvention de 273 000 euros. Ce prix, qui récompense l’innovation technologique, valide la pertinence de la démarche et ouvre de nouvelles portes pour la start-up.

Une technologie issue de la recherche, pour l’industrie de demain

Misutech est le fruit d’un travail de recherche mené dans le cadre de la chaire Misu (2018–2022). Dix ingénieurs ont collaboré pour transformer une idée innovante en un produit capable de rivaliser avec les meilleures solutions mondiales. La philosophie de cette démarche repose sur une conviction forte : la recherche ne doit pas rester confinée dans les laboratoires mais irriguer concrètement l’économie.

Ce transfert de technologie est d’autant plus stratégique qu’il touche directement à des secteurs sensibles, comme l’aéronautique ou l’énergie nucléaire. La prolongation de la durée de vie des composants critiques permet de réduire les coûts de maintenance, d’améliorer la sécurité et de limiter l’impact environnemental. En somme, Misutech joue un rôle clé dans la transition vers une industrie plus responsable, plus sûre et plus innovante.

Quels défis pour l’avenir ?

Malgré ses succès, la start-up doit continuer à innover pour rester compétitive. La levée de fonds prévue doit permettre de renforcer l’équipe commerciale et de développer de nouvelles fonctionnalités pour le logiciel. La concurrence dans le secteur des solutions de simulation numérique est rude, et la nécessité d’adapter la technologie aux différents secteurs d’industrie reste un défi de taille.

De plus, l’intégration de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour améliorer encore la précision des prédictions. La collaboration avec des institutions académiques et des partenaires industriels sera plus que jamais cruciale pour faire de Misulab une référence internationale.

En définitive, Misutech illustre comment la recherche appliquée peut devenir un levier de croissance et de compétitivité pour des entreprises innovantes. Avec une équipe engagée, des partenaires stratégiques solides et une technologie en pleine expansion, la start-up est bien partie pour jouer un rôle majeur dans la transformation des procédés industriels de demain.