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De moins en moins de logements neufs dans la métropole lyonnaise : la chute a débuté en 2017, jusqu’à quand ?

Ça va se poursuivre en 2021. Engagée depuis 2017, la Métropole lyonnaise connaît une baisse tendancielle de la construction de logements neufs, alors que la demande ne faiblit pas. En conséquence : de plus en plus d’acquéreurs sont obligés d’aller voir au-delà de la Métropole.

Pourquoi les loyers, comme le mètre carré dans l’ancien sont à la hausse à Lyon ? Tout simplement parce qu’un freinage très net qui a débuté en 2017 raréfie, année après année la construction de logements neufs dans la Métropole lyonnaise qui ne peut plus répondre à la forte demande. D’où répercussions en chaîne.

“La pire année depuis dix ans…”

Ce phénomène s’est encore accentué avec le Covid-19 en 2020, “la pire année depuis dix ans”… Reste à savoir comment les Ecologistes désormais aux manettes vont pouvoir inverser la tendance. Ce ne va pas être facile et cela prendra du temps…

Le CECIM (*) qui est en quelque sorte l’Observatoire immobilier de la Métropole lyonnaise a continué à travailler en 2020, malgré le Covid-19.

D’où les chiffres tout frais pour l’année écoulée qu’il vient de divulguer et qui sont fort intéressants parce qu’ils expliquent bien de choses.

“Les chiffres parlent d’eux-mêmes, nous vivons une véritable crise de l’offre de logements neufs dans la Métropole”, constate Philippe Layec, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers.

Ainsi, selon les chiffres présentés par Eric Verrax, président du CECIM, les ventes de logements en collectif ont représenté en 2020 dans la Métropole, 3 001 réservations, soit une diminution de…33 % par rapport à 2019.

Pour une bonne part, ce sont les ventes aux investisseurs qui ont fait faux bond : 1 304 réservations, seulement, soit une baisse de 40 %.

Comme c’est le cas dans de nombreux domaines, la crise a mis au jour et accentué un phénomène déjà latent de baisse de la construction de nouveaux logements dans la Métropole ; un mouvement engagé depuis 2017, après un point haut en 2016.

“Sous tension”

Résultat : déjà faibles, les stocks de logements disponibles à la vente sont encore en recul de 6 %.

En conséquence, le marché se retrouve sous tension.

Ça ne va pas s’arranger à court terme : le renouvellement de l’offre est insuffisant pour que la situation puisse s’améliorer en 2021.

Au premier rang des responsables, les professionnels de l’immobilier pointent du doigt les élus : “l’insuffisance de l’offre trouve son origine essentiellement dans les difficultés que rencontre la profession pour obtenir des permis de construire. Il est vrai aussi que la révision du PLU-H, la crise sanitaire et les élections municipales ont aussi fortement freiné le marché”, reconnaît Gérald Fontanel, le président de la Chambre de la construction immobilière.”

A cette interpellation, Renaud Payre, vice-président chargé de l”habitat et du logement social à la Métropole , répond avec un chiffre : 517 millions d’euros. Telle est la somme que la Métropole qui a mis l’immobilier “abordable” au rang de ses priorités, a décidé d’investir dans l’immobilier durant toute la durée du mandat.

Le vice-président de la Métropole reconnaît que l’on “est face à une situation détériorée : il y a un ralentissement. Et ce, parce que le marché atteint ses limites, quand on arrive à des prix tels que 10 000 euros le mètre carré.”

L’un des leviers qu’entend utiliser la Métropole est de jouer sur le foncier. Et ce, notamment, en prenant pour une part en charge des terrains constructibles, une démarche permettant, vu le prix du foncier dans la Métropole, de diminuer le coût de la construction par près de deux.

“Nous serons à vos côtés, comme vous serez, nous l’espérons, à nos côtés”

Associé à l’encadrement des loyers, cette politique va-t-elle permettre de relancer l’immobilier à Lyon ?

Pour ce faire, Renaud Payre qui souhaite un livre blanc sur le logement à mi-mandat, a besoin des promoteurs immobiliers : “Nous serons à vos côtés, comme vous serez, nous l’espérons, à nos côtés”, lance-t-il aux professionnels.

Et d’ajouter : “On entend monter comme une petite musique, une musique disant que la majorité freine les permis de construire : je peux vous dire que ce n’est pas le cas ! Nous avons bien conscience que pour répondre aux besoins, nous avons intérêt à aller vite à la Métropole…”

Résultat du freinage brutal de la construction de logements, il pousse désormais presque autant de logements en dehors de l’agglomération lyonnaise, sur les 2ème et 3ème couronnes, que dans la Métropole,… au risque d’accentuer l’étalement urbain.

“Nous allons arriver à ce que les extérieurs de la Métropole, que des communes comme Vienne en Isère ou les Echets dans l’Ain, fassent plus de la moitié des mises en vente de logements”, est bien obligé de constater le président du CECIM.

Alors que les ventes chutaient fortement l’année dernières dans la Métropole, elles bondissaient de 13 %, tout autour. Il est vrai que là, le prix moyen est de 3 500 euros le m2, contre une moyenne de 5 000 euros/m2 pour la Métropole et de 5 700 euros/m2 en moyenne dans Lyon intra-muros…

La politique de logements abordables qu’entendent mener les Ecologistes et leurs alliés est sans doute la bonne politique. A condition que l’on réussisse à sortir de terre suffisamment de logements chaque année. Et là, ce n’est pas gagné…

(*) CECIM = Centre Etudes de la Conjoncture Immobilière.