Ouverture la la 1ère « épicerie sociale » à Lyon, d’autres pourraient suivre
Avec la crise, la précarité se développe, fragilisant des familles. D’où l’ouverture, à l’initiative de la municipalité lyonnaise et d’associations caritatives, d’une « épicerie sociale » dans le quartier Saint-Georges (5ème). Elle est ouverte à tous les Lyonnais, mais sous certaines conditions. Les « clients » de cette épicerie aux prix deux fois inférieurs à ceux de la grande distribution, doivent être adressés par des assistantes sociales et ce, pour un laps de temps limité. Ses promoteurs ne veulent pas instaurer de l’assistanat, mais en faire un tremplin permettant à ces familles en difficulté de rebondir. D’autres épiceries de ce type devraient voir le jour dans d’autres arrondissements.
La douzaine d’œufs à 1,68 euro, le litre d’huile à 1,55 euro ! Ces tarifs exceptionnels ne se retrouvent pas au sein du dernier hard-discount en date ayant ouvert ses portes à Lyon, mais dans la première « épicerie sociale » baptisée « le Panier des Gones » et située rue Saint-Georges, dans le cinquième arrondissement.
Elle a tout d’une petite épicerie de quartier, hormis ses prix : en moyenne inférieurs de moitié à ceux de la grande distribution. Hormis également sa clientèle : tout un chacun ne peut y faire ses emplettes : il faut y être envoyé par les « antennes Solidarité » des arrondissements lyonnais, en l’occurrence, les CCAS (Centre Communal d’Action Sociale). Les assistantes sociales qui y officient prennent leur décision au regard des dossiers et délivrent une sorte de laisser-passer qui sera provisoire.
Cette épicerie est destinée à un public qui du fait de la crise ou d’un événement de la vie est en train de tomber dans la précarité, mais n’y est pas encore. « Nous le concevons comme le dernier filet de sécurité : il s’agit de permettre à ces familles de retrouver une situation plus stable et d’éviter la spirale de l’exclusion », explique Sylvie Guillaume, adjointe au maire de Lyon, chargée du social.
« Nous accompagnons les clients de l’épicerie en recréant du lien social, en y développant des ateliers dont un, consacré par exemple au surendettement », précise Yves Colin, responsable lyonnais de l’Entraide Protestante.
En compagnie de quatre autres ONG (*), cette association est à l’origine de cette « épicerie sociale ». Mais celle-ci n’aurait jamais vu le jour, sans l’aide de la municipalité qui a voté une subvention de 25 000 euros pour faciliter son démarrage et a offert le local, en l’occurrence un ancien restaurant municipal.
Ce qui permet à ce lieu de commerce d’être aux normes, notamment pour la conservation des produits frais et des légumes. Elle propose actuellement près d’une centaine de références, essentiellement alimentaires, mais aussi consacrés à l’hygiène.
Selon Yves Colin, cette épicerie est destinée, malgré ces prix très bas, à trouver son équilibre économique : outre l’absence de loyer et la prise en charge par la municipalité des frais de démarrage, le fonctionnement de l’établissement s’appuie sur une dizaine de bénévoles qui se succèdent tout au long de la semaine.
Les produits mis en vente proviennent, soit de la Banque Alimentaire, soit de supermarchés. « Il ne s’agit pas de produits médiocres ou ayant dépassé la date de péremption. Nous ne proposons que des produits de bonne qualité », assure Yves Colin.
Ouverte depuis quelques semaines, l’épicerie n’accueille pour l’heure que 80 familles. Elle est calibrée pour en servir près de 400. Et après ? « Nous réaliserons un premier bilan d’ici quelques mois. Si le besoin s’en fait sentir, nous ouvrirons dans d’autres quartiers de Lyon des épiceries de même type », précise Sylvie Guillaume. Et d’ajouter : « Malheureusement tout laisse à penser que nous devrons en ouvrir d’autres… »
(*) Les partenaires : Le Centre Communal d’Action Sociale de la Ville de Lyon, L’Armée du Salut, la Passerelle, la Fondation les Amis de Jeudi Dimanche, l’Entraide Protestante et le Centre Technique Régional de la Consommation.