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Philippe Guérand , président de la CCI régionale : « Je m’attends à un choc majeur…»

Philippe Guérand, nouveau président de la CCI Auvergne-Rhône-Alpes depuis dix mois est un homme discret, mais puissant. C’est lui qui à travers la CCI régionale détient les cordons de la Bourse des treize CCI de la région. Gros hic cependant : il va avoir à gérer dès le 1er janvier une chute de 17 % de ses ressources fiscales, ce qui ne va pas être sans conséquences. Il détaille notamment lesquelles…

« Une nouvelle baisse qui va amener un choc majeur… »

« Cette nouvelle baisse va constituer un choc d’une grande violence : un choc majeur !

Après une baisse de 30 % ces trois dernières années, nous sommes arrivés à l’os. Cela représente sur les 100 millions d’euros de ressources fiscales, une nouvelle ponction de 17 millions d’euros ; et ce, sur un budget global de 230 millions d’euros pour l’ensemble des treize CCI de la région.

Nous avons déjà procédé à une importante restructuration en mutualisant les fonctions support : la gestion du personnel, la paie, etc. Elles ont été regroupées au sein de la CCI régionale à Lyon : nos effectifs sont ainsi passés de 70 à 150 personnes ; et ce, après avoir été déjà contraints de supprimer 350 postes au cours de la dernière mandature au sein des treize CCI de la Région.

Les effectifs globaux de ces treize CCI sont ainsi tombés à 2 000 personnes…

« Nous allons désormais devoir nous occuper des services opérationnels »

Cette nouvelle baisse qui va être opérée dans notre budget va nous amener à devoir mettre en œuvre une nouvelle restructuration, dans nos services opérationnels cette fois : ces salariés qui au sein des CCI sont au contact direct avec les entreprises. Nous n’avons pas le choix !

Pour limiter la casse nous sommes en train de réfléchir à deux décisions au sein du bureau de la CCI régionale où siègent l’ensemble des treize présidents de CCI. Un vote devra intervenir prochainement.

La première mesure consisterait à regrouper ces services opérationnels au sein de ce que nous avons appelé « des espaces de polarisation ». Au nombre de quatre, ils consisteront à regrouper au sein d’une CCI centrale, ces services couvrant par exemple deux ou trois départements, Savoie/Haute-Savoie, par exemple. L’objectif est de ne pas perdre en efficacité.

La deuxième mesure va consister à accentuer la digitalisation de nos services en développant une offre multicanal.

Ce ne sera pas simple, mais pour nos CCI, cela va être le seul moyen de survivre !

Il est important de noter que pour autant, chaque CCI conservera sa dimension politique, de représentante sur son territoire des entreprises et du monde économique… Car, tant que je serais président, il ne sera pas question de fusionner les CCI entre elles. Cette dimension de représentation économique est essentielle !

« Nécessité d’une coopération entre la Région et les Métropoles »

Nous pensons qu’il faut une coopération très forte entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui a la compétence économique à travers l’Agence économique « Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises » et les trois Métropoles existantes, Lyon, bien sûr, Grenoble et Saint-Etienne, mais aussi celle en gestation de Clermont-Ferrand.

« Dans cette Région, nous souffrons de quatre faiblesses »

Nous avons la chance d’être la deuxième région économique de France et la première région industrielle, dotée de plusieurs pôles de développement importants, mais des faiblesses importantes subsistent. A travers notre plan stratégique, nous voulons nous y attaquer.

La première de ces faiblesse est la trop petite taille de nos entreprises. Malgré tous les efforts, celles-ci restent trop petites. Elles exportent donc moins que les plus grandes, investissent moins aussi.

Cette situation se retrouve dans les deux autres faiblesses : le retard important qu’ont pris de nombreuses entreprises en matière de digitalisation. Nous sommes très inquiets à cet égard : la révolution numérique ne se généralise pas assez vite. Elle est beaucoup trop lente. Après, ce sera trop tard !

Autre constat : nous sommes la 3ème région exportatrice de France, nous aurons un solde bénéficiaire cette année, mais nos entreprises ont toujours beaucoup de mal à exporter et le nombre d’entreprises exportatrices stagne.

La troisième faiblesse régionale concerne les infrastructures : la région est un couloir de passage, mais nous ne sommes pas à la hauteur.

Il suffit de constater la lenteur avec laquelle le Lyon-Turin, mais aussi le problème du nœud ferroviaire lyonnais se résolvent.

Il en est de même en matière routière. Et dans le domaine du haut-débit numérique : beaucoup de secteurs ne sont pas raccordés et sans aller très loin : le Beaujolais, à une cinquantaine de kilomètres de Lyon est par exemple à cet égard très en retard. Il est difficile de demander aux entreprises de se digitaliser si sur le terrain, les infrastructures ne suivent pas…