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Pico-satellites : Novanano à la conquête de l’espace

Les très petits satellites pesant un kilo seulement (dénommés pico), connaissent une vogue grandissante : ils permettent aux jeunes ingénieurs du monde entier de se faire les dents et aux entreprises de tester à faible coût leurs nouveaux produits dans l’espace. Après deux années d’incubation, deux ingénieurs lyonnais issus de l’Insa, viennent de créer leur société, Novanano, pour répondre à cette nouvelle demande : en mettant au point une interface mécanique qui devrait s’envoler sur une navette russe l’année prochaine ; et en développant des mini-satellites aptes à répondre aux besoins des entreprises.

Après deux années d’incubation au sein de Crealys, deux ingénieurs issus de l’Insa-Lyon, Stanilaw Ostoja, de nationalité polonaise et Spas Balinov, d’origine bulgare, ont sauté le pas. Ils viennent d’installer leur société baptisée Novanano sur les fonts baptismaux. Elle vient d’intégrer la pépinière d’entreprises Novacité de Gerland à Lyon et ils sont en train de finaliser leur premier tour de table pour mettre définitivement leur société  sur orbite. « Nous ressentons un intérêt certain de la part d’investisseurs », se félicite Spas Balinov

S’ils ont la tête dans les étoiles, ces deux ingénieurs ont bien les pieds sur terre. Ils veulent répondre aux demandes d’un marché de niche qui pèse 4 millions d’euros (pour les seuls pico-satellites universitaires) et qui n’a pour l’heure qu’un seul véritable compétiteur, situé aux Pays-Bas.

Leurs lancements ne font pas la « une » des journaux, mais au cours des trois prochaines années près de 80 pico-satellites devraient être lancés dans l’espace à un coût marginal. Ils prennent place dans les lanceurs qui envoient des satellites de plusieurs centaines de kilos, voire plusieurs tonnes et sur lesquelles, il reste un peu de place libre. Ces pico-satellites sont devenus si nombreux qu’un standard a été créé : Cubsat : soit un stalite ayant la forme d’un cube de 10 cm de côté, pesant tout juste un kg et offrant un volume utile d’un litre.

L’origine de ces pico-satellites, selon leur dénomination officielle, est de deux ordres. Ils émanent d’abord des universités ou des écoles d’ingénieurs du monde entier. Une manière, pour les jeunes chercheurs de se faire les dents dans un domaine en plein développement, le spatial.

La seconde forme de demande de pico-satellites provient des entreprises : il s’agit de grandes sociétés pharmaceutiques qui veulent tester à faible coût de nouvelles formulation dans l’espace ou  des  entreprises électroniques désirant tester des composants, voire des nano capteurs ou procéder à des expériences scientifiques. Bref, un véritable marché existe : c’est à celui-ci que s’adressent les créateurs de Novanano.

Encore faut-il pour s’imposer sur ce marché proposer un produit innovant. Il existe : les deux ingénieurs l’ont mis au point. Il prend la forme  d’une interface mécanique, véritable « boîte à lancer » déjà qualifiée au sol qu’ils ont baptisé Flymate  au sein de laquelle prennent place les mini-satellites et qui permet de les éjecter dans l’espace. « Attention, Flymate est la seule interface au monde capable d’éjecter séparément sur leur orbite chacun des trois pico-satellites qu’elle contient, à la vitesse souhaitée ; on éjecte les pico-satellites quand on veut, à la vitesse que l’on veut ! », précise Spas Balinov.

Flymate a été testé le mois dernier en conditions réelles en micro-pesanteur offerte par un Airbus 300 dans le cadre d’une campagne de vols paraboliques organisée par le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales). Il devrait prendre place au cours du second semestre 2010 sur un lanceur russe. Les négociations sont en cours.

Mais dans le même temps, prenant conscience qu’existe également une demande de pico-satellites à tout faire pour les entreprises, les deux créateurs de Novanano qui ont été rejoints par un troisième ingénieur, travaillent sur de tels pico-satellites qu’ils comptent mettre sur le marché. Des satellites susceptibles de répondre aux besoins des industriels.

Pour ce faire, ils s’appuient sur le CNES qui a déjà financé l’étude de faisabilité de l’interface mécanique Flymate, mais aussi sur un réseau de labos dont le CNRS, l’Ecole Centrale, l’Insa et des entreprises de la région Rhône-Alpes.
Pas question pour eux d’émigrer en Midi Pyrénées, la Mecque du spatial en France. « Nous avons tissé un bon réseau, nous nous trouvons fort bien ici et nous entendons bien rester en Rhône-Alpes !», insiste Spas Balinov.

Photo-L’équipe de Novanano : Stanilaw Ostoja (à gauche) et Spas Balinov (à droite), les deux créateur de l’entreprise ont été rejoints par un troisième ingénieur, Sylvain Rouard (au centre), actionnaire minoritaire.