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Pôles de compétitivité : la douche froide

Depuis le lancement en 2005, des pôles de compétitivité, la région Rhône-Alpes qui en comptait treize dont deux mondiaux semblait bénie des dieux, irriguée par la manne étatique en matière de Recherche&Développement. Le dernier comité interministériel qui leur a été consacré, le 11 mai dernier, a pour la première fois, fait figure de douche froide. Contrairement à ce qui avait été espéré, voire annoncé, la région ne bénéficie pas du label Ecotech, contrairement à six autres nouveaux pôles. Seule est promue la collaboration inter-pôles. Enfin, le pôle de compétitivité  « Sporaltec », basé à St-Etienne, est, lui, carrément « délabellisé ».

Il y aura bien un pôle « EAU » dans la région Languedoc-Roussillon, « Dream » en région Centre ou encore « Gestion des eaux continentales » en Alsace et Lorraine, mais pas de pôle Ecotech en Rhône-Alpes.

Six nouveaux pôles de compétitivité consacrés aux « Eco technologies » viennent de voir le jour en France. Mais la région ne fait pas partie du lot, contrairement à l’annonce faite quelques jours auparavant par Michel Mercier, ministre, lors de l’inauguration du nouveau labo de recherche de Rhodia à Saint-Fons dans le Rhône.

Le dernier CIADT (Comité interministériel pour l’Aménagement et le Développement du Territoire), présidé par François Fillon et en présence de Christian Estrosi, ministre de l’industrie, s’est traduit par une double déception pour les élus et les industriels de la région.

Ils espéraient la labellisation d’un nouveau pôle Ecotech qui aurait conforté la forte présence des industries de l’environnement en Rhône-Alpes (2 500 éco-entreprises, 50 000 emplois directs). La région n’a pas eu droit au label, mais à une simple citation destinée à encourager « la dynamique de la coordination entre pôles… » Les trois pôles qui étaient le moteur de cet éventuel nouveau pôle transverse (Minalogic, Axelera et LUTB) pourront néanmoins répondre aux appels à projets et donc bénéficier de financements de l’Etat, même si les modalités ne sont pas encore très claires. Mais pas d’effet vitrine à la clef.

Mais avant même cette mauvaise nouvelle, les promoteurs de ce pôle Ecotech Rhône-Alpes étaient inquiets. La sanction tombée du CIADT leur a donné raison. Le gouvernement a semble-til surtout voulu répondre aux manques affiché en matière pôle consacrés aux problématiques de l’eau, mise en évidence par le comité d’évaluation, en créant trois nouveaux pôles qui leur sont désormais consacrés.

Les collectivités concernées (région Rhône-Alpes, Grand Lyon, Saint-Etienne Métropole, CAPI, Grenoble Métropole) dans un communiqué commun font contre mauvaise fortune, bon cœur, en expliquant : « Très rapidement, les collectivités locales vont mobiliser l’ensemble des acteurs rhônalpins impliqués afin d’établir une charte de coordination et d’identifier les premiers projets de R&D communs pouvant accéder au financement de l’État. »

L’autre déception provient de la délabellisation d’un des huit Pôles de compétitivité nationaux de Rhône-Alpes : Sporaltec, consacré à l’industrie du sport et des loisirs. Basé au sein du pôle des technologies médicales de Saint-Etienne et s’appuyant notamment sur des entreprises de la Loire, de Savoie et l’Université de Savoie, notamment, il n’avait, il est vrai, jamais réussi à décoller réellement. Ce pôle de compétitivité qui voulait s’afficher à sa création en 2005 comme « la porte d’entrée unique » des acteurs du secteur n’est pas pour autant voué à la disparition totale.

Il restera un « cluster » (grappe d’entreprises), initié à l’origine par la région, mais réduit au simple concept de système productif local, à l’image des districts industriels italiens. Ce secteur perd son aura de pôle de compétitivité et son ancrage dans la recherche-développement. Dommage, car la région concentre 50 % du chiffre d’affaires du secteur de l’industrie des sports et loisirs, soit 3 milliards d’euros dont 70 % à l’export et 4 000 salariés. « Un accompagnement sera mis en place pour les délabellisés » a néanmoins promis François Fillon. Mais quel sera-t-il ? Là encore, le flou prédomine.

L’économie régionale a perdu une bataille, mais pas la guerre de la compétitivité et de la R&D. Elle reste la région française rassemblant le plus grand nombre de pôles de compétitivité. Il ne lui reste plus qu’à rebondir sur ces deux créneaux qui viennent de prendre une claque : les green-tech et l’industrie des sports et loisirs. Rien n’est figé.

Illustration : avec la délabellisation de Sporaltec, la région ne compte plus que douze pôles de compétitivité.