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Quel consommateur d’énergie pour demain ? Un test à 40 millions d’euros à Lyon et Grenoble

Vous pensez que la technologie pourra venir à bout de l’angoissant réchauffement climatique ? Retenez ce nom : « Greenlys ». Tel est le nom d’un test mené par cinq partenaires dont Schneider-Electric et ERDF qui, à Lyon et à Grenoble va pendant quatre ans concerner mille consommateurs et quarante entreprises du tertiaire. Son ambition : voir comment l’utilisation de linky, le nouveau compteur intelligent et d’une « box » similaire à celle des opérateurs téléphoniques permet à leurs utilisateurs de diminuer leur consommation énergétique avec économies de CO2 à la clef. Il s’agit d’un des plus importants tests de ce type au monde comme en témoigne son coût : 40 millions d’euros.

La nouvelle frontière énergétique serait-elle technologique ? Sans aucun doute estime un consortium qui vient de se créer sous le doux nom de « Greenlys » et rassemblant autour du distributeur d’électricité ERDF, Schneider Electric, GdF-Suez, Gaz et Electricité de Grenoble et l’Institut Polytechnique de Grenoble.

Aidé par le Grand Emprunt, ce quintet a mis au pot 40 millions d’euros sur quatre ans pour mener un test d’envergure destiné à préfigurer la consommation énergétique intelligente de demain.

Il s’agit d’utiliser les nouveaux outils de communication pour permettre au consommateur de gérer le plus finement possible sa consommation énergétique, d’électricité au premier chef, mais aussi de gaz.

Le premier d’entre eux est désormais célèbre : il s’agit de linky, le compteur intelligent qui évite à ERDF, la filiale de distribution d’électricité d’EDF, d’envoyer du personnel relever les compteurs puisque qu’avec ce compteur dont ont bénéficié 155 000 grand lyonnais la mise à jour s’opère automatiquement par Internet.

L’autre outil, une nouveauté, signée de la société grenobloise Schneider Electric, très engagée dans les nouvelles régulations énergétiques, est une « box », similaire en apparence aux systèmes proposés par les opérateurs téléphoniques. Elle utilise d’ailleurs elle aussi l’ADSL. Reliée à linky et aux différents pièces et usages de la maison ou de l’appartement, qu’ils utilisent le gaz ou l’électricité, elle a pour but de réguler au mieux la consommation. Ce sont ces nouveaux systèmes que l’on retrouve désormais sous le vocable générique de « smartgird », les réseaux intelligents.

L’opération Greenlys va permettre à mille particuliers et quarante entreprises tertiaires partagés à part égale entre Lyon et Grenoble, de tester ces différents outils pendant quatre ans. Et constater les économies qui pourraient en résulter pour le plus grand bonheur de la facture des usagers et de facto pour l’avenir de notre belle planète.

Et c’est là où la technologie rejoint l’humain. « Ces nouveaux outils ne pourront fonctionner au mieux qu’avec la participation active de l’usager », insiste le directeur régional d’ERDF, Jacques Longuet. Et là est toute la question. Saura-t-il s’emparer des outils procurés par ces technologies sophistiquées ? C’est la raison pour laquelle cette expérimentation sera aussi suivie de près par des sociologues.

Une des applications les plus attendues concerne les pics de consommation qui nécessitent de la part des producteurs d’électricité comme EDF, la mise en route de centrales thermiques à fioul, gaz ou charbon, grosses émettrices de CO2. Si l’on imagine que des millions de Français coupent un ou plusieurs convecteurs électriques pendant un quart d’heure ou une demi-heure, le problème serait résolu. Les outils intelligents pourraient le faire à leur place.

L’autre intérêt de cette expérience d’ampleur réside dans une plus grande autonomie du système de distribution qui est et sera de plus en plus alimenté en électricité par le photovoltaïque ou l’éolien provenant de la région.

Troisième intérêt de cette autonomie relative qui s’annonce en cas de coupure d’électricité, le réseau pourra se réparer tout seul… il sera auto-cicatrisant.

Les cinq acteurs du consortium « Greenlys » assurent vouloir faire le point sur ce test tous les six mois. Avec les premiers enseignements qui seront donnés en mai prochain, on saura si la technologie peut constituer une des réponses efficaces au réchauffement climatique, de quelle manière et avec quelle ampleur.

« Nous voulons rivaliser avec les meilleurs démonstrateurs mondiaux », assure le responsable régional d’ERDF. Lyon et Grenoble ne sont pas les seuls sites de tests de ce type au monde. Il en existe de nombreux en Europe et aux Etats-Unis et notamment dans le Colorado, lancés dans une saine émulation.

PhotoCette expérimentation n’aurait pu se faire sans linky, le compteur intelligent présents chez 155 000 foyers de la région Rhône-Alpes.