Salaires en Auvergne-Rhône-Alpes : l’écart femmes-hommes recule, mais reste marqué dans le privé

Selon une étude publiée en mars 2025 par l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes, les inégalités salariales entre femmes et hommes dans le secteur privé restent significatives, bien que tendanciellement en baisse. En 2022, à temps de travail équivalent, les femmes perçoivent en moyenne 15,3 % de moins que leurs homologues masculins dans la région. Une réalité qui interpelle autant les employeurs que les acteurs de la gouvernance économique locale.
Un différentiel encore fort, malgré des progrès
En valeur brute, le salaire net mensuel moyen des femmes s’établit à 1 515 euros contre 2 008 euros pour les hommes, soit un écart de 24,6 %. En neutralisant l’effet du temps de travail via le calcul en équivalent temps plein (EQTP), l’écart tombe à 15,3 %. Une part importante de cette différence est due à la plus forte proportion de femmes à temps partiel (72 % contre 92 % d’hommes à temps plein), mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte, notamment les différences de filières, de niveaux de qualification et de responsabilités.
Des écarts qui s’accentuent avec l’âge et la hiérarchie
Les écarts sont particulièrement marqués dans les catégories socioprofessionnelles supérieures. Chez les cadres, les femmes gagnent en moyenne 15,7 % de moins que les hommes (3 670 euros contre 4 353 euros en EQTP). L’écart grimpe à plus de 20 % pour les cadres de 50 ans et plus. En revanche, chez les employés, la différence est plus contenue : 4,3 % en moyenne.
L’âge constitue également un facteur aggravant. Avant 30 ans, l’écart est de 6,3 %, mais il monte à 13,3 % pour les 30-49 ans et atteint 22,5 % au-delà de 50 ans. Ces évolutions traduisent les effets cumulés des interruptions de carrière, des progressions ralenties et de la moindre représentation féminine dans les postes à forte responsabilité.
De fortes disparités selon les secteurs
Le secteur de la finance et de l’assurance concentre les écarts les plus élevés, avec une différence salariale de 32,1 % entre femmes et hommes. Suivent les activités immobilières (18,9 %) et les services à la personne ou associatifs (23,7 %). En revanche, certains secteurs industriels ou techniques affichent des écarts très faibles, comme la construction (1,8 %) ou les industries extractives et de gestion des déchets (1,4 %), où les femmes, peu nombreuses, occupent souvent des postes comparables à ceux des hommes.
Une évolution lente, mais réelle
Sur cinq ans, les écarts de salaire ont diminué de 3,7 points en moyenne dans la région. Chez les cadres, la baisse est notable, passant de 19,6 % en 2017 à 15,7 % en 2022. Les écarts se resserrent également dans les professions intermédiaires et chez les employés. Toutefois, chez les ouvriers, la différence de rémunération reste stable, à près de 14 %.
À poste et temps de travail équivalents, les modèles statistiques nationaux estiment que l’écart résiduel de salaire reste autour de 4 %. Ce chiffre, bien qu’inférieur à l’écart brut, traduit encore une inégalité structurelle non entièrement expliquée par les données disponibles.
Un enjeu stratégique pour les entreprises régionales
En Auvergne-Rhône-Alpes, première région industrielle de France en dehors de l’Île-de-France, la réduction des écarts de rémunération constitue à la fois un enjeu de justice sociale et un levier de performance. Pour les entreprises, cela interroge les pratiques de recrutement, d’évolution de carrière et de valorisation des compétences. La question se pose d’autant plus dans un contexte de tension sur les talents, où l’égalité professionnelle devient un critère de marque employeur.
Face à ce constat, de nombreuses structures régionales, réseaux d’entreprises et fédérations professionnelles initient des actions en faveur de la transparence salariale, de l’accès des femmes aux fonctions dirigeantes et de l’accompagnement à la progression de carrière. Des dynamiques qui, à terme, pourraient contribuer à refermer plus rapidement cet écart persistant.