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Seule Trenitalia a réussi à percer au départ de Lyon : la SNCF joue le jeu de la concurrence à très petite vitesse…
En 2018, lorsque fut votée au Parlement la réforme de la SNCF introduisant pour la 1ère fois la concurrence au sein des lignes du chemin de fer français, on allait voir ce qu’on allait voir… Quatre ans plus tard, le bilan est plus que mitigé. La Coopérative Railcoop ne cesse de reporter son Lyon-Bordeaux, le Renfe espagnole se tâte pour un Lyon-Madrid. Seule pour l’heure les trains rouges de Trenitalia ont réussi leur percée qui ont par ailleurs déjà un effet positif sur les prix des billets…

Lorsqu’en 2018, la loi mettait fin au monopole de la SNCF sur les voies ferrées françaises, beaucoup s’attendaient à ce que la concurrence devienne concrète et que les offres alternatives au transporteur ferroviaire français se multiplient.

Or, rien de tout cela n’est arrivé.

Seul l’italien Trenitalia a lancé le 18 décembre 2021 son offre de trains rouges à grande vitesse Frecciarossa entre Paris et Milan, en passant par Lyon, concurrençant ainsi la liaison TGV la plus rentable de la SNCF : un tiers du trafic TGV de France ! Elle propose désormais cinq allers-retours quotidiens.

Une concurrence encore inaboutie

Et c’est sans conteste un succès. La compagnie italienne a déjà transporté 350 000 voyageurs.

Mais, c’est l’arbre qui masque la forêt d’une concurrence encore inaboutie.

Lors du vote de la loi promulguant la concurrence une demi-douzaine d’acteurs avaient fait part de leur intention de se mettre à rouler sur les rails tricolores.

Le projet qui semblait le plus abouti était celui de la Coopérative Railcoop basée dans le Sud-Ouest qui avait l’ambition de relancer un Lyon-Bordeaux pour voyageurs, via le Massif Central, une ligne abandonnée par la SNCF.

Elle a beaucoup communiqué, mais, las, elle ne cesse de repousser l’échéance. Et ce, pour des raisons financière car elle n’arrive pas à boucler son tour de table bancaire ; tout en se heurtant aux difficultés de rénovation des dix rames d’occasion qu’elle a acquise.

Des sous-traitants débordés

Paradoxalement, le rail a le vent en poupe en Europe et les sous-traitants sont débordés.

Même la Renfe espagnole qui avait le projet d’un Lyon/Madrid est en plein atermoiement.

Il faut dire que si la concurrence est désormais bien ouvertes, les obstacles en manquent pas pour qu’elle se traduise dans les faits.

Il y a d’abord le niveau des péages versés à la SNCF Réseau : ils figurent parmi les plus élevés d’Europe.

Il y a aussi le fait que le ferroviaire est un mode de transport d’une grande complexité. Il faut prendre en compte la sécurité, bien sûr ; mais aussi la disponibilité du matériel : Trenitalia s’était bien préparé avec des rames disponibles.

Bref, pour entrer dans la concurrence du fer, il faut être techniquement outillé et avoir les reins solides.

La prochaine étape de mise en concurrence concerne les TER.

La compagnie Transdev a ainsi récupéré à la SNCF la ligne à fort débit Marseille-Toulon-Nice. Cinq autre régions ont engagé des procédures pour privatiser leurs TER, mais pas (encore ?) Auvergne-Rhône-Alpes, même si une telle volonté a été exprimée, mais non concrétisée pour l’heure.

Mais là, il va falloir pour que ça roule sur les rails que les Régions montent sérieusement en compétence ferroviaire…

Il y a au moins un élément positif que l’on peut pourtant déjà tirer de cette concurrence à très petite vitesse.

L’offre de Trenitalia 38 % moins chère

La seule arrivée de Trenitalia sur Lyon-Paris a eu, semble-t-il un effet sur les prix.

Et pour cause, selon la plateforme de vente de billets de trains Kombo, l’offre de Trenitalia est en moyenne… 38 % moins chère que celle de la SNCF sur l’axe Lyon/Paris !

Avec ce résultat : sur sa ligne Paris-Milan, Trenitalia affiche un taux de remplissage de 90 %, qui baisse à 50 % sur ses navettes Paris-Lyon.

Mais la plateforme souligne qu’entre 2021 et 2022, les tarifs moyens des trains Inoui de la SNCF ont augmenté de 4,8 % (78,52 euros contre 74,91 euros).

Il faut savoir que la SNCF conteste par ailleurs toute hausse de tarif, assurant qu’ils ont baissé en moyenne de 7 % (tous trains confondus).

En tout cas, sur cette période, la SNCF a largement modéré cette hausse pour Paris-Lyon en Inoui.

Selon l’étude, la hausse n’aurait été que de 1,3 % pour atteindre en moyenne 88,22 euros contre 87,07 euros un an plus tôt (1er mai/30 juin 2021).

Le train ayant à nouveau le vent en poupe, la SNCF entend désormais plus jouer sur les volumes de clients transportés que sur les prix ; et c’est tant mieux.

Bref, même à pas comptés, la concurrence semble déjà avoir du bon…