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Spectaculaire plongeon en Bourse suite à de mauvais résultats : qu’arrive-t-il à Boiron ?

Le leader mondial de l’homéopathie a vu son cours dévisser de près de 25 % en une seule séance, à la suite d’un très mauvais résultat opérationnel au cours du premier semestre 2011 donnant lieu à un résultat net dans le rouge. Le laboratoire de Saint-Foy-lès-Lyon a subi la conjonction d’une forte augmentation de sa masse salariale, d’une croissance de ses coûts de dépenses publicitaires et d’un ralentissement de ses marchés, à l’international, notamment. De surcroît, sa filiale américaine fait l’objet de deux « class actions ».

Les laboratoires homéopathiques de Saint-Foy-lès-Lyon ont connu leur mercredi noir, le 7 septembre. Son cours de Bourse a plongé en une séance de près de 25 % ! Une chute qui n’a rien d’homéopathique, même dans une Bourse adepte actuellement du Grand Huit. Une chute d’autant plus visible que ce jour là, le CAC 40 se reprenait quelque peu affichant une hausse de plus de 3 %, tandis que la plupart des valeurs étaient dans le vert.

Résultat : depuis le début de l’année, le titre recule de près de 25 %, à 20 euros, alors que le titre se tenait assez bien dans la difficile conjoncture boursière actuelle.

Pourquoi cette dégringolade ? Elle est la conséquence de mauvais résultats semestriels. Certes, le chiffre d’affaires a moins progressé que les attentes des analystes financiers (+ 1,9 %) à 225,8 millions d’euros ; mais surtout, le résultat opérationnel s’est effondré de 92,5 % à 686 000 euros, contre 9,1 millions lors de l’exercice précédent. Le résultat net courant est dans le rouge à – 215 000 euros contre 5,1 millions il y a un an. Aucune société de Bourse suivant la société n’avait prévu de tels chiffres. Or, en Bourse, une grosse déception a le plus souvent pour corollaire, une grosse chute de cours. C’est ce qui est arrivé.

Le groupe explique ces mauvais chiffres par une décélération du chiffre d’affaires au 2ème trimestre. L’année avait pourtant bien démarré (+ 6,3 de chiffre d’affaires au 1er trimestre), pour s’afficher en recul de 3,3 % au 2ème. Parmi les raisons mises en avant : des difficultés rencontrées dans des pays où Boiron est bien implanté comme l’Espagne : les ventes à l’international qui représentent 42 % du chiffre d’affaires, reculent ainsi de 7,5 % au 2ème trimestre. Mais surtout, il a pâti d’une augmentation sensible des charges de personnel, suite à des augmentations générales de salaires. La masse salariale s’est alourdie de 4 millions d’euros. Il faut y ajouter le coût de la constitution d’un réseau commercial au Brésil.

Last but not least, les dépenses publicitaires se sont gonflées de 2,2 millions d’euros. L’entreprise a dû déstocker à grands renforts de promotion en Pologne, en Russie et aux Etats-Unis. Par ailleurs dans ce dernier pays, la société lyonnaise est l’objet de deux « class actions » pour publicité mensongère (un recours collectif en justice qui n’est pas autorisé en France).

Face à cette douche froide, la société dirigée par Christian Boiron (Directeur général depuis juillet 2011, son frère Thierry prenant la présidence du conseil d’administration), se refuse à tout pronostic sur ses perspectives annuelles, ce qui pour les sociétés de Bourse accroît le manque de visibilité sur le titre. « Les incertitudes liées à l’environnement économique conduisent à la prudence quant aux perspectives annuelles », explique la direction dans un communiqué. Elle n’est dira pas plus.

Boiron a décidé de freiner fortement les embauches et s’apprête notamment à lancer en France une version économique de son produit phare qui trône chaque année au sommet des ventes en pharmacie, l’Oscillococcinum : il sera proposé en boîte de trente doses contre six actuellement.

Reste à savoir si des mesures homéopathiques seront suffisantes pour que le résultat se colore à nouveau en vert ou s’il faudra une médication plus vigoureuse.