Vienne Condrieu Agglomération structure son action face aux tensions sur l’offre de soins
Le 28 mars dernier, les acteurs de la santé du territoire se sont réunis à Chonas-l’Amballan pour une étape fondatrice : la tenue du premier Comité Technique Local de Santé (CTLS), initié par Vienne Condrieu Agglomération. Cette instance de travail, inédite à l’échelle intercommunale, s’inscrit dans une stratégie de réponse concrète à la pression croissante sur l’offre de soins en Sud-Isère.
Médecins, élus, représentants des collectivités, de l’ARS, de la CPAM, de la MSA ou encore de structures comme les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) ont répondu présents pour engager une réflexion collective autour de l’organisation, du maintien et du développement des services de santé sur le territoire.
Un constat partagé : l’offre de soins est sous tension
Comme partout en France, le territoire de Vienne Condrieu n’échappe pas aux défis que posent la démographie médicale et le vieillissement de la population. Généralistes en nombre insuffisant, spécialités peu représentées, inégalités d’accès aux soins entre communes rurales et pôles urbains : les signaux d’alerte se multiplient depuis plusieurs années.
Cette réalité, déjà palpable, risque de s’aggraver avec les nombreux départs à la retraite prévus dans les années à venir, sans garantie de renouvellement des effectifs. Plusieurs bassins de vie sont d’ores et déjà en tension, avec des habitants contraints de se tourner vers d’autres territoires pour obtenir un rendez-vous médical.
Face à cette situation, l’agglomération a décidé de passer d’une logique d’observation à une logique d’action structurée, en mobilisant les parties prenantes concernées.
Une méthode locale pour une réponse territoriale
Plutôt que de céder à l’urgence ou à la gestion isolée des cas critiques, Vienne Condrieu Agglomération mise sur une approche coordonnée. Le Comité Technique Local de Santé vise à faire émerger un diagnostic partagé, à croiser les regards institutionnels, médicaux et territoriaux, et à construire des leviers d’action adaptés aux spécificités locales.
La création de cette instance répond aussi à un besoin d’anticipation : il ne s’agit pas seulement de pallier les déserts médicaux existants, mais d’empêcher leur extension. Les données issues du Contrat Local de Santé (CLS), signé en 2023, permettent de cibler les zones à fort enjeu et de structurer une réponse graduée.
Trois bassins de vie identifiés comme prioritaires
Les travaux du CTLS ont mis en évidence trois secteurs à vigilance renforcée : les bassins de Chonas-l’Amballan, Saint-Clair-du-Rhône et Pélussin. Tous présentent des signaux préoccupants : densité médicale insuffisante, faible présence de spécialistes, accessibilité limitée pour les publics âgés ou précaires.
Dans ces zones, la question ne porte plus uniquement sur l’installation de nouveaux praticiens, mais sur la pérennité des cabinets existants, la complémentarité des professionnels, ou encore la coordination entre médecine de ville et structures paramédicales.
Des projets à concrétiser rapidement
Pour répondre à ces fragilités, plusieurs projets de maisons de santé sont à l’étude ou déjà engagés. Ces structures visent à offrir un cadre de travail attractif aux professionnels, tout en garantissant une offre de soins de proximité pour les habitants. La mutualisation des moyens, la présence de plusieurs disciplines sous un même toit, et les partenariats avec les CPTS sont autant de pistes encouragées par l’agglomération.
Au-delà des murs, l’agglomération souhaite aussi soutenir les porteurs de projets via un accompagnement technique et administratif. Les échanges ont ainsi permis de confirmer la nécessité d’un appui renforcé à la constitution des équipes médicales, à la recherche de financements, ou encore à la coordination avec les agences de l’État.
Des partenariats opérationnels
Le succès du CTLS repose sur l’implication de partenaires multiples. Aux côtés de Vienne Condrieu Agglomération, des structures comme la MSA, la CPAM, l’ARS, les communes, les professionnels libéraux ou les CPTS sont associées au travail de fond.
Cette alliance est essentielle pour lever les freins à l’installation de professionnels : accès au foncier, conditions d’exercice, articulation entre médecine et politique publique… autant de sujets qui nécessitent un dialogue permanent entre les différents échelons de responsabilité.
Le CTLS agit ici comme une chambre de coordination et de co-construction, permettant d’éviter les démarches en silo ou les doublons institutionnels.
Une dynamique à inscrire dans la durée
Cette première réunion marque une étape dans un processus amené à se pérenniser. L’objectif est de créer une gouvernance souple mais efficace, capable de faire remonter les problématiques du terrain et de proposer des solutions concrètes, à la fois à l’échelle intercommunale et sur des périmètres plus ciblés.
L’agglomération entend également mieux valoriser l’attractivité du territoire auprès des professionnels de santé. Qualité de vie, accessibilité, tissu associatif, initiatives locales : autant d’atouts à faire connaître pour favoriser les installations.
Un signal politique fort
En s’emparant de manière proactive de cette compétence, Vienne Condrieu Agglomération envoie un signal fort : celui d’une collectivité qui ne se contente pas d’aménager, mais qui assume un rôle d’acteur de santé publique à part entière. À l’heure où les tensions dans le secteur médical s’intensifient, cette capacité d’initiative locale est plus que jamais attendue.
Ce premier Comité Technique Local de Santé pourrait ainsi faire école dans d’autres intercommunalités confrontées aux mêmes difficultés, et amorcer un changement de culture dans la gestion territoriale des enjeux de santé.