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Yann Queinnec : « En Aura, le mécénat pèse 243 millions d’euros »
La 7e édition du Mécènes Forum, organisé à Lyon début octobre, a réuni plus de 500 professionnels convaincus. Entretien avec Yann Queinnec, Délégué Général d’Admical créateur de l’événement.

Pouvez-vous en premier lieu nous préciser en quoi consiste le Mécènes Forum qui s’est tenu à Lyon, cette année, les 2 et 3 octobre derniers ?

C’est l’événement signature organisé, chaque année, par Admical, association reconnue d’utilité publique créée en 1979, aux services des acteurs du mécénat d’entreprises en France. L’événement se déroule sur deux jours et pour cette 7e édition, c’est la première fois que nous sortons d’Ile de France, et que nous avons donc choisi le territoire lyonnais. Pour l’occasion, nous avons réunis près de 400 personnes à Lyon plus 150 en digital : dont des acteurs privés du mécénat, des porteurs de projets ainsi que les pouvoirs publics. But de l’opération : échanger sur les données clés du mécénat d’entreprises dans notre pays, les tendances, les pièges à éviter et ainsi rendre très concrètes le mécénat dans les territoires.

A l’échelle régionale, quels sont les chiffres du mécénat ?

Tout d’abord, à l’échelle nationale, le mécénat, toutes tailles d’entreprises confondues, représente 3,6 milliards d’euros. Le don moyen dépend des régions. Pour répondre à votre question, en Aura, 5,38% des entreprises font du mécénat. C’est dans la moyenne. Et le don moyen, toujours en Aura, est de 15 000 euros par an. A noter qu’entre 2010 et 2020, le nombre d’entreprises qui donnent a quadruplé et le montant du don a été quintuplé.  Ce qui représente aujourd’hui 243 millions d’euros sur l’exercice 2020, le dernier dont nous disposons.

Le thème de cette édition lyonnaise était : à quoi ressemblera le mécénat d’entreprises en 2043 ? Pourquoi ce choix ?

On s’est interrogé car cette on a fêté les vingt ans de la loi Aillaguon qui a créé le dispositif que nous connaissons sur le mécénat sur un concept dont Admical est à l’origine. Et donc cette année, c’était l’occasion de se demander, dans quinze ans, à quoi ressemblera le mécénat ? Et si on se projette, on va vers un mécénat plus de proximité avec l’idée de mieux servir son territoire via le mécénat. Les entreprises ont envie de démontrer leur ancrage dans leur région. Deuxièmement, on ne fait plus du mécénat seul, dans vingt ans, le mécénat sera collectif.

Toujours lors du congrès de Lyon, il a aussi été question de la déontologie du mécénat …

On a travaillé pendant trois ans sur des éléments de valeur qui permettent justement d’éviter des dérives. Il y a une petite musique à bas bruit qui voudrait associer le mécénat aux grands groupes, ce qui est inexact car le mécénat dans notre pays représente 9% des entreprises e sur ces 9% d’entreprises, soit 108 000 entreprises, 95% d’entre elles possèdent moins de 100 salariés. Ces chiffrent tordent le cou au poncif que l’on entend à savoir que le mécénat n’est réalisé que par des grands groupes afin de parfaire leur image. Et la charte déontologique nationale, adoptée en octobre 2022, fixe justement un cadre et évite les dérives.

Quelles sont les tendances du mécénat, la culture, le sportif, le sociétal, la santé… ?

A l’échelle nationale, et selon notre dernier baromètre qui date de 2022, on privilégie la culture, la santé et l’éducation. Le sport arrive juste derrière surtout avec des événements comme la Coupe du monde de rugby et les JO de Paris en 2024. En revanche, on peut déplorer que l’environnement est l’un des parents pauvre du mécénat actuellement. Cet état de fait s’explique par la RSE, et ses obligations légales, qui vient vampiriser d’une certaine manière les investissements des entreprises qui estiment contribuer à l’environnement par ce biais.

Quel est le profil type de l’entreprise mécène aujourd’hui en France ?

Pour les PME et les ETI, le choix de l’entreprise repose sur le profil du dirigeant qui aura telle ou telle appétence. Après, les raisons pour lesquelles une entreprise se lance dans le mécénat, qui n’est d’ailleurs pas la raison fiscale – plus d’un tiers ne déclare pas leur don- sont : démontrer mon ancrage territorial ; répondre aux préoccupations de mes collaborateurs ; et enfin poursuivre ma stratégie de RSE.

Est-ce le mécénat peut-il évoluer aussi en raison des choix stratégiques en matière de RSE, du développent durable etc ?

La RSE, vous l’évoquez, ces vingt dernières années ne cesse de prendre de l’importance dans la vie économique. Il faut à cela prendre garde et distinguer la RSE et le mécénat qui symbolique le désintéressement. Le mécénat est un don alors que la RSE est très intéressée, d’une part parce qu’elle réponde à des lois assez contraignantes et aussi parce qu’elle devient un véritable critère de différenciation sur le marché. Il y a donc un risque pour que le mécénat devienne trop rattaché au business. Ca fait partie des sujets sur lesquels nous sommes vigilants.