Toute l’actualité Lyon Entreprises

55 000 dirigeants d’entreprise ont perdu leur emploi en 2016, que faire ?

A l’heure du bilan, l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs a annoncé qu’en 2016, 55 000 dirigeants d’entreprise ont perdu leur emploi. Un chiffre très élevé qu’il est tentant de mettre en face de de la proposition figurant dans le programme d’Emmanuel Macron d’élargir justement l’assurance chômage aux entrepreneurs.

 Cet Observatoire des entrepreneurs a été créé car jusqu’à présent aucun organisme n’avait jusqu’alors travaillé avec précision sur la perte d’emploi des chefs d’entreprise et dirigeants.

 On sait que la perte d’emploi d’un dirigeant constitue la suite logique d’une liquidation judiciaire. Or, 55 000 entrepreneurs se sont retrouvés dans ce cas de figure en 2016. Un chiffre qui demeure très lourd, même s’il a diminué l’année dernière de 7,6 %.

 Un paradoxe

L’âge des dirigeants concernés est en moyenne de 45 ans, sachant tout-de-même, ce qui complique souvent la situation, que les dirigeants âgés de plus de cinquante ans représentent un peu plus d’un tiers des entrepreneurs concernés : 34,5 % très précisément.

 Il y a donc là un paradoxe : ce ne sont pas essentiellement les jeunes dirigeants et notamment ceux qui lancent des start-up qui subissent le plus les liquidations judiciaires, mais aussi les dirigeants les plus expérimentés.

 Ce qui amène cette analyse de Daniel Thébault, à l’origine de cet Observatoire (*) : «  On croit les chefs d’entreprise les plus expérimentés les mieux armés pour faire face aux difficultés ; mais la réalité c’est que le risque n’est pas toujours prévisible et s’impose bien souvent indépendamment des compétences et des qualités de l’entrepreneur. »

 Rebond incertain pour les plus de cinquante ans

 Et ce même Daniel Thébault d’ajouter : « Si le rebond est probable pour les 4 800 jeunes chefs d’entreprise qui étaient dans cette situation, en 2016, cela peut s’avérer plus incertain pour les dirigeants de plus de cinquante ans…trois fois plus nombreux ! »

 Et c’est là où la proposition d’Emmanuel Macron résonne le plus fortement. On sait en effet qu’il propose dans son programme que l’assurance-chômage puisse bénéficier à un public beaucoup plus large que les seuls salariés victimes d’un licenciement (ou après une rupture conventionnelle), comme c’est le cas aujourd’hui.

 Il préconise d’étendre l’assurance chômage « à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs », selon une déclaration faite aux Echos.

 Certes, cette proposition pose de nombreuses questions : qui sera véritablement concerné par l’extension de l’assurance chômage et qu’en serait-il des artisans et commerçants, par exemple ?

 De même, il faut prendre en compte le risque d’abus, non négligeable : ne risque-t-on pas d’assister à un envol des démissions dans les entreprises ? Quant à son coût, une première estimations donnerait 10 milliards d’euros. Ce n’est pas rien !

 Mais on comprend et on ne peut qu’approuver la philosophie que cette proposition sous-tend : cet accompagnement des non salariés a pour but à les inciter à la prise de risques et dieu sait si la création d’entreprise est une sacré prise de risques qui freine bien des ardeurs !

 Un filet de sécurité

 L’idée est donc en prônant un libéralisme presque philosophique, d’offrir en contrepartie de cette prise de risque, un filet de sécurité. Avec pour conséquence souhaitée : recréer de la mobilité sur le marché du travail, gage assuré d’efficacité économique.

 Si l’on a bien compris le candidat Macron, le financement de cette extension de l’assurance-chômage  aux non-salariés serait -pour partie ?- financée sur des économies réalisées par ailleurs sur cette même assurance-chômage, « grâce à des réformes structurelles ». Lesquelles ? On n’en connaît pour l’instant pas trop la teneur.

 Reste que cette forme de flexi-sécurité pour les acteurs économiques qui prennent des risques n’est pas dénuée de sens…

 (*) Daniel Thébault est président de la GSC (L’assurance perte d’emploi des dirigeants et des entrepreneurs)