A 45 : l’inquiétude grandit à quelques jours du lancement des Assises de la mobilité…
On le sait : le gouvernement a décidé de remettre sur la table tous les projets d’infrastructures de notre pays. Ce que la ministre des transports, Elisabeth Borne a appelé « faire une pause… »
Deux grands projets d’infrastructure sont concernés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : le LGV Lyon-Turin et l’A 45 destiné à doubler l’actuelle A 47 Givors/Saint-Etienne sursaturée.
Il s’agit de répondre aux contraintes budgétaires et de « faire des choix » entre les différents projets, et notamment ceux dont le financement n’a pas encore été arrêté, explique-t-on côté gouvernemental.
Le LGV Lyon Turin et de l’A 45 feront ainsi l’objet d’un réexamen général, lors d’Assises de la mobilité prévues pour débuter le 19 septembre et durer trois mois ; et ce, pour aboutir in fine à une « grande loi d’orientation sur les mobilités » annoncée pour début 2018.
« Nous allons nous contraindre à équilibrer, de façon prévisionnelle, année par année et dans la loi nos programmes d’investissement, a détaillé la ministre des transports. Ces choix structurants, qui peuvent être difficiles comme on peut l’imaginer, c’est bien le Parlement qui les portera. »
Malheureusement pour les deux grands projets régionaux, cette remise en cause, même si elle n’est pas définitive, tombe comme un couperet, alors que l’un et l’autre projets étaient sur le point de rentrer dans la phase décisive de construction. Ce qui hérisse d’autant plus le poil de leurs thuriféraires. Si près du but !
Le LGV Lyon-Turin, sauvé ?
L’arrêt total et définitif du Lyon-Turin, même s’il ne faut pas l’exclure, est peu probable. Le projet est déjà tellement engagé, il a déjà coûté tellement d’argent qu’il serait étonnant que, comme le fut le canal Rhin-Rhône en son temps (une hérésie, alors !), il soit stoppé net.
Ce projet est financé à 40 % par l’Union Européenne et à hauteur de 35 % par l’Italie. Nos amis transalpins déjà hérissés par l’affaire STX verraient d’un très mauvais œil l’arrêt du processus.
Rappelons qu’en juin dernier, dans un grand roulement de tambour, les 81 appels d’offres, du LGV ont été officiellement lancés et ce, pour 5,5 milliards d’euros !
Sueurs froides pour l’A 45
En revanche, l’inquiétude grandit chez les décideurs régionaux à propos de l’A 45. D’aucuns commencent à avoir des sueurs froides.
Rappelons que l’A45 qui a été déclarée d’utilité publique en 2008 et qui a reçu cet été le feu vert du Conseil d’Etat, doit doubler l’autoroute existante entre Lyon et Saint-Étienne, l’A47, un axe gratuit, souvent saturé et à juste titre, réputé dangereux.
Le coût de sa construction est évalué à 1,2 milliard d’euros, financé pour un tiers par Vinci et deux tiers par l’État et les collectivités locales, soit 790 millions de fonds publics.
Or ce projet au mieux pourrait être décalé dans le temps, au pire carrément annulé.
Patrick Martin, le président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes vient d’actionner à nouveau le signal d’alarme, rappelant que la date de péremption de la déclaration d’utilité publique est…2018. « Si ce projet est repoussé, il sera renvoyé aux Calendes grecques »,assure-t-il.
Il ne fait qu’exprimer là la très grosse inquiétude des décideurs régionaux, CCI de Lyon/Saint-Etienne/Roanne et CCI Régionale en tête : « Nous sommes très mobilisés à son propos », lance-t-il.
Repousser l’A45 condamnerait l’agglomération stéphanoise
Pour lui, repousser l’A 45 consisterait à condamner la toute nouvelle Métropole de Saint-Etienne. « Tous les indicateurs montrent l’appauvrissement de l’agglomération stéphanoise : les prix de l’immobilier sont quatre fois moindre qu’à Lyon, soit 600 euros le m2, ce qui est un signe indiscutable : la dynamique stéphanoise est enrayée. »
Pour lui, « si rien n’est fait pour améliorer l’axe Lyon/Saint-Etienne, les entreprises n’auront d’autres choix que de dépérir ou de se transférer à Lyon… »
Le drame que provoquerait un éventuel abandon de l’A45 est que pour l’heure, aucune autre solution alternative n’a été véritablement étudiée, que ce soit un passage de 2/2 à 2X3 voies, une bretelle autoroutière de dégagement vers Lyon avant le point noir de Givors, ou autre. Il n’y a pour l’heure pas de plan B.
Qui plus est : l’actuelle A 47 Lyon/Saint-Etienne connaît régulièrement la thrombose, à chaque épisode, à l’instar de cette colline qui cet été menaçait de s’effondrer, amenant la circulation sur une seule voie ; ou les multiples accidents qui régulièrement provoquent d’immenses bouchons.
Va-t-on sacrifier la région stéphanoise à l’aune de la rigueur budgétaire ?
Patrick Martin promet « un intense lobbying ». Certes, d’un côté, la région a un ministre, Gérard Collomb, en bonne place dans l’organigramme gouvernemental qui peut peser ; mais en face on trouve Nicolas Hulot dont on sait qu’il n’est pas vraiment favorable à ce projet. Il a même dans le passé milité contre…
Ce dossier risque bien d’être l’un des plus chauds de cette rentrée…