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A Charbonnières, ce n’est pas qu’un simple campus numérique qu’a créé la Région, mais en réalité le réacteur de l’usine du futur…

C’est affiché en gros sur la façade au sein de l’ancien siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes à Charbonnières, “Campus numérique” et en tout gros : “Région”. Aucune possibilité d’oublier avec ça que c’est le conseil régional qui en est à l’origine…

Mais en fait, lorsqu’on visite ce site qui accueille déjà 500 étudiants en informatique (1 500 à la rentrée prochaine), on se rend vite compte que l’appellation est trompeuse.

Certes, il s’agit bien d’un campus qui accueille notamment la fameuse Ecole 42 de Xavier Niel à laquelle on peut s’inscrire sans aucun diplôme et où l’on peut travailler 7J/7J, 24h/24h ; mais aussi la Nuum Factory, School byIT, l’IT Akademy. Pour l’instant…

On y trouve aussi l’Espace Numérique Entreprise (ENE) chargé d’accompagner les entreprises dans la préparation de leurs projets numériques ; ainsi que Digital League.

Ceci pour la première impression.

Mais derrière cette façade, on constate vite que ledit “Campus Numérique” est bien plus que cela.

Comme au pèlerinage

Il s’agit d’un véritable réacteur où toutes les TPE et PME de la région vont pouvoir se rendre, comme au pèlerinage, pour s’informer, expérimenter, puis sauter le pas vers l’industrie et l’usine 4.0.

Les chefs d’entreprise auront sous les yeux toutes les dernières technologies en date pour passer à l’usine du 21ème siècle qui devrait permettre d’abaisser drastiquement les coûts de fabrication et permettre -dans une certaine mesure-de relocaliser des productions parties notamment en Chine.

Pourquoi en effet subir des surcoûts et des temps de transports des produits de 2 à 3 mois élaborés en Asie, lorsqu’on peut produire avec les usines 4.0, de 30 à 40 % moins cher qu’avec une usine traditionnelle ?

Parmi les outils qui sont mis à la disposition des entrepreneurs dans ce “Campus Numérique”, on trouve ainsi le seul des sept “5G Lab“ d’Orange en France qui ne soit pas situé au sein des bureaux de l’opérateur téléphonique.

Logique car la “5G” est d’abord et avant tout destinée à accompagner les usines 4.0, en reliant sans aucun temps de latence tous les objets connectés de l’usine du futur. Sans “5G”, pas d’usine du futur, ou à tout le moins, elle ne serait pas optimum.

Mais aussi et surtout, on découvre, au cœur de ce Campus Numérique une usine digitalisée grandeur nature élaborée par quatre consortiums industriels composés d’entreprises, d’écoles, de laboratoires : Diwii, Go To Smart Factory et Surfab.

Parmi les quelques partenaires de ces consortiums, les poids-lourds sont nombreux : Siemens, Visiativ, Staübli, l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, le CETIM, EM Lyon, etc.

Cette usine du futur va donc à la fois permettre aux chefs d’entreprise de découvrir ce qu’est réellement une “smart factory” (une usine intelligente) ; mais aussi être accompagnés par les experts les plus pointus dans toutes les compétences nécessaires à la mise en place d’une usine 4.0.

Les travaux pratiques avec Chamatex

Tous les outils de l’usine 4.0 sont ainsi rassemblés en un seul et même site, ce qui est à la fois malin et un très probable gage d’efficacité.

Opérationnel depuis début janvier, le Campus Numérique est déjà passé au travaux pratiques. La société Chamatex basée à Ardoix en Ardèche s’appuie, en partenariat avec Salomon, sur tous les outils du Campus pour mettre au point son “Advanced shoes factory 4.0”.

On n’en fabrique plus depuis longtemps en France, de chaussures. Chamatex veut prouver que l’on peut à nouveau en produire. La société ardéchoise est en train de concevoir une ligne pilote visant à produire 500 000 paires de chaussures de sport par an, avec un objectif à terme de 2 à 4 millions ! Des chaussures dont la fabrication pourrait même, grâce à l’informatique, être individualisée.

Une fois qu’elle tournera à plein cette usine constituera une vraie vitrine “de la faisabilité et de la viabilité d’un modèle économique d’entreprise industrielle digitalisée en France”. Et l’on peut imaginer qu’à partir du Campus, les vitrines vont essaimer.

Bref, le réacteur 4.0 de Charbonnières pourrait bien à terme changer le visage de l’industrie régionale. Tout simplement…