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Avant de partir en vacances : les chefs d’entreprise toujours dans le brouillard

François Hollande peut dire merci à Cécile Duflot, l’ancienne ministre du Logement. Le ministre de l’économie avait prévu 1 % de croissance cette année. Ce sera 0,7 %. La principale responsable est l’ex-ministre du Logement qui, avec ses mesures illisibles, irréalistes, son usine à gaz qu’est la loi ALUR, a stoppé net toute croissance dans le Bâtiment.

Le candidat Hollande avait annoncé un objectif de construction de 500 000 logements dans son programme présidentiel. On ne devrait en construire cette année que 315 000.

Ce qui permet à l’Insee Rhône-Alpes de confirmer ce que l’on craignait. La croissance ne sera pas cette année de 1 %, mais de 0,7 %. Au cours des deux prochains trimestres à venir, elle ne devrait pas dépasser 0,3 %.

Seul signe positif : les exportations, en hausse

Au premier trimestre 2014, les mises en chantier de logement ont baissé en Rhône-Alpes de 7,7 %, atteignant le niveau de 37 000 logements : cela faisait longtemps qu’un niveau aussi bas n’avait été atteint. Il suffit de lire la lettre ouverte du président de la Fédération Rhône-Alpes du Bâtiment pour se convaincre des difficultés dans lequel le gouvernement s’est lui-même engagé.

Ceci permet aux conjoncturistes de l’Insee Rhône-Alpes d’assurer que certes, « la croissance revient », mais que, dans le même temps, « elle ne décolle pas ». Sa montée en puissance est d’une grande mollesse.

Le seul signe positif enregistré en Rhône-Alpes, mais pas dans le reste de l’Hexagone, est une croissance de 2,8 % des exportations au premier trimestre 2014. Pour le reste, les signes sont négatifs : l’on constate en Rhône-Alpes un net recul de l’activité hôtelière (- 7,7 %) et un repli de cet indicateur avancé qu’est l’intérim : – 5 %, soit 3 400 postes en moins.

Dans ces conditions, les chefs d’entreprises ne partent pas en vacances rassérénés.

« Rien ne laisse présager une amélioration »

Pour Alain Berlioz-Curlet, le président de la Chambre régionale de Métiers, « La rentrée ? Rien ne laisse présager une amélioration. Nous n’avons aucune visibilité. On manque toujours de signes positifs, tant en direction des entreprises que des consommateurs». Rien donc qui puisse encourager les 123 00 entreprises artisanales de la région Rhône-Alpes à investir et à embaucher des apprentis.

Ceci pour les TPE. Pour les PME, le son de cloche est à l’unisson. « L’état d’esprit est clair : toute l’exaspération des chefs d’entreprises porte sur deux mesures, le compte pénibilité et la suppression des contrats à temps partiel inférieurs à 24 h, des mesures que Manuel Valls a heureusement repoussé », constate Franck Morize, secrétaire général de la CGPME du Rhône.

« Le peu d’importance de la parole publique… »

Il ajoute : « Les patrons de PME ont pris en compte le peu d’importance qu’avait la parole publique. Ils ne croient plus aux belles paroles. En attendant, chaque jour de nouvelles entreprises déposent le bilan : on a constaté une hausse de 5 % des faillites au TC de Lyon au 1er trimestre. La situation est difficile dans le Bâtiment et s’annonce catastrophique dans les Travaux Publics. Et enfin, le nombre d’embauches d’apprentis ne cesse de se réduire : on nous annonce 200 millions d’euros pour relancer l’apprentissage, alors que l’on vient de nous ponctionner 800 millions ! »

Au total, pour le secrétaire général de la CGPME, «les chefs d’entreprise n’espèrent plus grand chose aujourd’hui, d’autant que les mesures du pacte de responsabilité n’interviendront pas avant le 1er janvier 2015 ! Ça va prendre du temps. La croissance ne se décrète pas. »

Et de conclure : « Il ne faut pas être grand clerc pour annoncer que la rentrée se fera sans enthousiasme aucun. A vouloir surtaxer, on en récolte les fruits… »

Enfin, au nom du Medef Rhône-Alpes, Bernard Gaud, estime « qu’il est très difficile de parler de frémissement concernant la croissance, il faudrait plutôt évoquer le frémissement d’un frémissement, quand on voit le ralentissement dans des secteurs qui se portaient plutôt bien comme la mécanique, par exemple. L’attentisme prévaut plus que jamais. »

« Plutôt pessimistes pour l’emploi »

Concernant l’emploi, le responsable régional du Medef constate « que les entreprises qui ont du personnel qualifié le conservent, même si les carnets de commande sont loin d’être pleins, sachant qu’il leur serait très difficile de trouver ce type de compétences sur le marché du travail si elles s’en séparaient. Cela signifie que même si la reprise se fait jour, il n’y aura pas d’embauche dans un premier temps. De ce fait, nous sommes plutôt pessimistes sur l’emploi. Et ce, alors que nous constatons dans les entreprises un nombre très important de postes non pourvus car on ne trouve plus, ou trop peu de nombreuses compétences sur le marché du travail ! »

Bref, pour Bernard Gaud, « même si je préférerais me tromper,  la rentrée, c’est sûr, se fera sans aucun enthousiasme… »

A écouter ces représentants des chefs d’entreprise, rien n’augure une rentrée sereine et pavée de roses..