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Il y a un an, 27 % des chefs d’entreprises se plaignaient de difficultés d’embauches pour faire tourner leurs machines, pour assurer leurs chantiers, pour étoffer leurs équipes dans les bureaux. Selon un récent sondage, ils sont maintenant 42 % à se plaindre de cette situation. Près d’un chef d’entreprise sur deux !

Selon l’Insee qui interroge régulièrement les chefs d’entreprise sur ce thème, les chiffres à cet égard sont au plus haut depuis près de deux décennies : ils sont 35 % à constater ces difficultés d’embauche dans les services, 58 % dans le bâtiment qui repart assez fort.

Selon une autre enquête, près des deux tiers des patrons de PME peinent à trouver les qualifications dont ils ont besoin. Surprenant tout-de-même alors que le chômage reste à un niveau très élevé et a même du mal à baisser.

Bref, la situation déjà surprenante, s’intensifie alors que l’économie est bien repartie puisqu’on évoque une croissance de 1,8 %, cette année, avec une perspective de 2,2 % à l’échelon de l’Union Européenne.

Or cette croissance pourrait être plus importante encore, sans ce problème récurrent de difficulté d’embauches.

Que faire, alors pour lutter contre ce qui est en train de devenir un véritable goulot d’étranglement à la croissance renaissante ?

Les entreprises tournent à 85 % de leurs capacités

Les entreprises tournent actuellement à 85 % de leur capacité, le rythme le plus soutenu depuis dix ans et aller au-delà commence à poser de sérieux problèmes. Ce n’est plus la demande qui coince, mais l’offre proposée par les entreprises. Pour cette raison, certaines PME n’arrivent plus à répondre à la demande !

« La croissance commence à buter sur les capacités productives de l’économie française », déplore ainsi l’économiste Emmanuel Jessua de l’Institut COE Rexecode.

Les chômeurs qui seraient des feignants préféreraient ne pas travailler et rechercheraient du travail de façon plutôt mollassonne ? Une récente de l’Insee montre que cette idée reçue ne tient pas la route : généralisé il y a un peu plus d’un an, le contrôle de la recherche effective d’emploi mené par Pole Emploi a conduit à 14 % de radiations, pour 270 000 contrôles menés. La raison est ailleurs (*).

En fait, ces difficultés grandissantes illustrent une nouvelle fois le problème d’inadéquation entre les postes proposés et le trop faible nombre de salariés qualifiés sur le marché du travail dans notre pays.

Un problème identifié lors de sa campagne électorale pour la candidat Macron qui avait promis une forme de Plan Marshall pour la formation professionnelle avec 15 milliards d’euros au cours des quinze prochaines années à la clef.

Il n’est donc que temps de mettre en œuvre cet immense effort de formation permanente dont a besoin notre pays.

300 000 personnes pourraient retrouver le chemin de l’emploi

Pour l’économiste Jean Pisani-Ferry chargé de la coordination de ce plan de formation, cité par les Echos, « ce serait déjà un bon résultat de faire retrouver avec ce plan le chemin de l’emploi à 300 000 personnes ». Raison de plus pour ne pas tarder.

Mais dans le même temps il va falloir activer d’autres leviers, car ce ne sera pas suffisant : l’apprentissage fait partie des pistes, mais cela prendra du temps ; mais aussi la mobilité.

L’étude citée plus haut a aussi montré que beaucoup d’hommes et de femmes sont obligés de refuser une formation ou un emploi parce qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens financiers de s’y rendre. Pourquoi ne pas mettre en place des outils, des aides, pour pallier ce handicap du retour à l’emploi ?

On ne peut pas attendre les bras croisés que le problème s’accentue encore, au risque de voir la croissance faire du surplace, faute de bras, ce qui constituerait un gâchis monumental !

(*) Plus d’un an et demi après avoir été généralisé par Pôle emploi, le contrôle de la recherche effective de travail par les chômeurs ne fait pas ressortir l’existence de bataillons de « profiteurs » : 86 % des personnes contrôlées ont démontré qu’elles remplissaient bien leurs obligations. Et sur les 14 % radiées, une proportion, certes non négligeable, seules 40 % étaient indemnisées par l’Unedic, les autres relevant soit du régime de solidarité (23 %) ou ne touchant plus rien (36 %).