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Chère au président chinois Xi Xiping, Lyon retrouve sa Route de la Soie

L’image a été reprise sur les chaînes de TV et sur le Net, de manière, disons un peu « survendue ». Tordons d’abord le cou à un illusion d’optique. Non le train qui est arrivé sur le site de la société spécialisée Novatrans à Saint-Priest, arborant les drapeaux chinois et français, avec une belle pancarte «Bienvenue à Lyon aux nouvelles Routes de la Soie » n’était pas chinois, ni piloté par des conducteurs chinois. Ni même d’ailleurs les wagons.

Seuls huit des quarante-et-un containers posés sur les wagons provenaient de Chine.

La particularité du transport ferroviaire est de n’accepter sur chacun des réseaux nationaux que des locomotives du pays, pour des raisons techniques et notamment de capteurs et pas seulement d’écartements de rails. Aucun réseau ne ressemble en effet à un autre.

Cela signifie pour que les containers ayant effectué 11 5000 km entre la grande ville industrielle du centre de la Chine, Wuhan, surnommée « le Chicago chinois » et Lyon ont changé sept fois de locomotive et de wagon !En arrivant dans chacun des sept pays traversés. Ce qui constitue tout de même un petit exploit technique, sachant que les containers ont été à chaque fois transbordés et que ledit train n’a eu que deux heures de retard après un voyage de 16 jours ! A comparer avec les 40 à 60 jours habituellement nécessaires par la voie maritime.

A l’origine de ce petit exploit, la société chinoise Wuhan Asia-Europe Logistics (WAE), société à l’origine de ce convoi.

« Une ceinture, une route »

En 2013, le président Xi Jinping avait annoncé un vaste projet intitulé « Une ceinture, une route » (« One Belt, One Road »), destiné à transformer le cœur économique de l’Eurasie. Celle-ci possède un volet maritime, mais aussi un volet terrestre tout aussi important qui comprend des voies ferroviaires partant de l’ouest de la Chine, traversant l’Asie centrale et aboutissant en Europe. Le train chinois à Lyon est la traduction de cette volonté politique au plus haut sommet de l’Etat chinois.

Lyon a la bonne chance de se retrouver sur une de ces routes, renouant avec son glorieux passé.

Cette liaison Lyon-Wuhan va désormais se développer à raison de deux fois par semaine, soit 37 aller-et-retour programmés cette année, selon les représentant de l’opérateur chinois WAE en Europe.

80 % moins cher que l’avion

Pourquoi Lyon-Wuhan et non pas Pékin ou Shanghai ? Tout simplement car un tiers des investissements français sont réalisés à Wuhan où l’on trouve des firmes tricolores comme Alstom ou Schneider Electric, elles aussi très présentes en Rhône-Alpes

Cette liaison ferroviaire est certes nettement plus chère que la voie maritime, mais elle reste 80 % moins chère que l’avion : intéressant donc pour des produits à valeur ajouté, car à la fois écologique et rapide.

A l’aller les wagons ont transporté des produits mécaniques, électroniques et des vêtements ; au retour, les wagons de la société WAE devraient transporter du vin, des produits cosmétiques et alimentaires. On évoque aussi à terme des pièces automobiles haut de gamme et des produits de luxe qui pourraient transiter de la sorte sur cette nouvelle Route de la Soie.

Un chiffre permet de prendre en compte l’évolution ferroviaire voulue par le président chinois : Lyon est loin d’être le seul point de passage de ces trains :  desservant Malaszewicze en Pologne, Hambourg, Duisbourg en Allemagne ou Saint-Pétersbourg en Russie, près de trois cents trajets de ce type sont prévus cette année en provenance de Chine sur ce réseau/Route de la Soie Asie-Europe !

Lyon n’a donc qu’à se réjouir de l’offensive ferroviaire du président chinois, ce qui permet à la Métropole de se replacer sur les grands circuits d’échanges Asie-Europe.

Et ce même si, selon Francis Fukuyama, l’universitaire américain qui avait prédit « la fin de l’Histoire », cette offensive n’est évidemment pas sans arrière pensée.

La Chine, centre du monde ?

Pour les Chinois, d’après lui, il s’agit de remettre la Chine au cœur de l’économie/monde : « Le modèle chinois prospérera en dehors de la Chine, accroissant les revenus et ainsi la demande pour les produits chinois, offrant à la Chine des débouchés pour remplacer les marchés stagnants ailleurs dans le monde. Les industries polluantes seront également déplacées ailleurs. Au lieu d’être à la périphérie de l’économie mondiale, l’Asie centrale sera en son centre », assure-t-il.

Et si au contraire, la multiplication des échanges était bénéfique pour tout le monde , Métropole lyonnaise comprise.. ? C’est le pari que l’on peut prendre…