Cité internationale de la Gastronomie de Lyon en 2023 : 61 000 visiteurs ; 840 000 à la « Cité » de Dijon. Cherchez l’erreur !

il n’y a pourtant aucune raison de se gargariser si l’on compare ce chiffre avec les résultats de la première année de son homologue de Dijon qui a ouvert, lui, en fanfare : …840 000 visiteurs (*) !
La différence : dans l’une, la municipalité et la Métropole se sont fortement investis ; dans l’autre, à Lyon, donc, elles n’ont pas pris suffisamment en compte les enjeux avec un résultat pour le moins décevant à la clef.
La première mouture était chère, mais aussi surtout visuelle et pas gustative, la deuxième aussi…
Alors que pour qu’une telle Cité attire le public, il faut faire jouer les cinq sens pour que l’expérience soit complète : l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher et la vue…
Une seule brève parenthèse réussie « Washoku »
Or, depuis son ouverture, une seule manifestation a vraiment attiré le public, c’est celle créée autour de la découverte de la riche gastronomie japonaise, baptisée « Washoku » qui s’est déroulée du 3 février au 5 mars 2023, où l’on avait à voir, à boire, à manger, à découvrir, à entendre…
Bref, l’expérience totale et une vraie découverte pour beaucoup qui a drainé le public et qui était en grande partie financée par l’ambassade du Japon à Paris avec une forte participation du consulat du Japon à Lyon qui s’étaient tous deux formidablement investis. Avec succès.
C’est Régis Marcon, le chef trois fois étoilé, bien impliqué dans la programmation de la Cité, qui dans une interview au Progrès a lui même exprimé des doutes à l’heure du bilan 2023 de la Cité de la Gastronomie de Lyon : « on ne peut pas se satisfaire de ce bilan. Les expositions Banquet et A table ont été appréciées des visiteurs, mais on ne parle pas assez de la Cité de la gastronomie. Le lieu est magique par son histoire et les travaux de réhabilitation magnifiques, cependant la Cité reste un musée, et force est de constater que l’on reste encore sur sa faim et sur sa soif. »
Il a bien analysé la situation.
« C’est affligeant ! »
Interrogée par notre confrère Lyon Capitale, Julia Csergo, ancienne maître de conférences à Lyon II, responsable scientifique du dossier d’inscription du « repas gastronomique des Français » à l’Unesco est encore plus virulente : « J’ai visité la deuxième Cité de Lyon, c’est affligeant. C’est un manque de culture, d’imagination et d’innovation total. J’avais anticipé ce flop de la cité de la gastronomie de Lyon qui a été mal pensée et mal chiffrée. La ville s’est engagée sans véritable réflexion, faisant valoir une grande improvisation. Gérard Collomb n’était pas particulièrement intéressé par cet équipement, dont il n’avait pas compris l’enjeu. Souvent, d’ailleurs, les politiques sont en manque cruel de culture dans ce domaine et n’ont aucune vision. L’exécutif écologiste actuel ne fait pas exception par son manque de vision. »
Fermez le ban !
Tout n’est pourtant pas perdu. Il est temps de se ressaisir. D’ici peu doit être présentée la troisième mouture, la Cité 3.
Si elle ressemble à la formidable expérience du « Washoku » japonais, trop brève parenthèse, tous les espoirs peuvent être permis pour une relance. Mais pour ce faire, il faut, il faudrait une vraie volonté politique qui ne semble pas (encore ?) être de mise. Et faire preuve de créativité et d’imagination…
Sinon, la Cité 3, continuera de ressembler à un repas gâché et inachevé.
Et la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon continuera à tailler des croupières à celle de Lyon…
(*) Cité internationale de la Gastronomie et du Vin de Dijon : depuis son ouverture en mai 2022 (source : ville de Dijon).