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Climat : après les manifestations, l’économie doit jouer son rôle, de surcroît créateur d’emplois…

En matière de lutte contre le changement climatique, le samedi 8 septembre est à marquer d’une pierre blanche.

Nicolas Hulot, lors de sa démission-surprise se plaignait d’être seul. Il ne le savait pas alors, mais il ne l’était pas. Suite à une démarche citoyenne totalement apolitique (même si certains ont tenté de récupérer ce mouvement), des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue en France…et dans le monde. 

Dix mille manifestants climatiques aux Terreaux

50 000 personnes à Paris, 10 000 place des Terreaux à Lyon. Pour la première fois depuis que l’on parle du changement climatique, la société civile s’est enfin ébranlée pour dire : « il y en a assez des discours, agissez ! ».

A Lyon, ces manifestants pacifiques ont effectué le « siège » symbolique de l’hôtel de ville.

Pour les organisateurs lyonnais, il s’agissait, « par une action de masse non-violente de dire à nos élus d’être enfin à la hauteur des pires défis que l’humanité ait jamais rencontrés: l’effondrement de la biodiversité et le dérèglement climatique ».

La consigne des organisateurs était claire : pas de message politique. 

 On sait que l’économie de marché qui est comme sur des rails a un mal fou à changer de cap. L’année dernière, la France, contre l’engagement pris, a vu encore sa production de CO2 augmenter.

Mais il ne faudrait pas jeter l’économie de marché avec l’eau du bain. Les dirigeants du monde ne doivent plus être timorés. La politique doit prendre le dessus et réorienter le système. Tel était le message des manifestants.

C’est d’autant plus rageant que, non seulement on sait très précisément ce qu’il faut faire pour maintenir la hausse des températures à moins de 2 %, mais que cela serait créateur d’emplois. En nombre.

L’Ademe a récemment rendu publiques deux études montrant que l’on pouvait être autosuffisant en France d’ici 2050 en matière d’électricité et de gaz en verdissant totalement leur production. On sait faire techniquement. Il faut simplement y mettre les moyens.

Cela signifie bien sûr d’importants investissements, mais aussi des dizaines de milliers d’emplois créés. Avec au passage, l’arrêt des importations de gaz et d’hydrocarbures, ce qui ferait le plus grand bien à notre balance commerciale, désespérément dans le rouge.

68 millions d’emplois créés, si…

Une autre étude de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, opportunément parue la semaine dernière montre qu’au niveau mondial, une politique très volontaire, orientée vers l’économie verte créerait 68 millions d’emplois dans le monde, suscitant un niveau de richesse similaire au PIB de l’Inde, soit 2 800 milliards de dollars en 2030.

Pour ce faire, il faut, d’ici 2025 supprimer les subventions aux énergies fossiles et mettre en place un prix du carbone efficace, entre 40 et 80 dollars la tonne en 2020.

Dans ce document, les experts recommandent aux banques multilatérales et de développement de multiplier par deux leurs investissements, à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.

Ce rapport réalisé par des experts internationaux – aussi bien des scientifiques, d’anciens chefs d’État ou encore des patrons de grandes entreprises – estime pour sa part que la transformation de notre modèle vers une économie peu émettrice de CO2 « recèle de nombreuses opportunités ».

Grâce à l’émergence de villes moins polluées, le développement d’une énergie propre, d’infrastructures et d’une agriculture plus compatible avec l’environnement, « nous obtiendrons une productivité plus élevée, des économies et une plus grande inclusion sociale », estiment les auteurs du rapport.

Quant aux entreprises privées, il faut qu’elles alignent leurs stratégies avec l’impératif climatique « mais aussi qu’elles soient encore plus encouragées à innover en faveur du climat, à l’image du soutien public qui a permis l’essor des énergies renouvelables ces dernières années », recommande le rapport.

Une note d’optimisme. « Nous commençons à observer des changements réels, ce qui nous prouve que nous sommes définitivement sur la bonne voie. Mais il est indispensable d’accélérer les choses », indique Helen Mountford, co-auteure de l’étude.

Toutefois, « le rythme de ces transformations n’est pas assez soutenu » par rapport à l’enjeu, estiment les auteurs de l’étude, dans la lignée, d’ailleurs, du discours de nombreux scientifiques.

Message reçu ? L’information est passée presque inaperçue, mais à Luxembourg, Emmanuel Macron a annoncé l’arrêt des quelques centrales à charbon qui subsistent en France, hyper-polluantes. Un premier pas qui préfigure le grand plongeon dans l’économie verte ? Nous n’avons pas, nous n’avons plus, le choix.