Conjoncture : le Préfet de région, Jean-François Carenco, a-t-il raison de chausser des lunettes roses ?
Jean-François Carenco est un préfet offensif qui sait défendre son action et celle du gouvernement (c’est son rôle), allant parfois (réaction plutôt rare) jusqu’à envoyer un courrier à un rédacteur en chef (récemment à celui de Lyon-Capitale), l’accusant de « french bashing » et lui reprochant dans une série d’articles consacrés à la sécurité d’utiliser « un procédé commercial qui ne me semble pas de nature à exposer sereinement la vérité à nos concitoyens. »
Sans occulter la réalité que nous préférons regarder en face ici à lyon-entreprises, nous aimons quand l’occasion se présente, mettre l’accent sur les initiatives positives, voire même sur les success story.
Le rôle de la presse est « de passer la plume dans les plaies du monde » comme l’écrivait joliment Albert Londres. Mais les entreprises qui vont mal, celles des plans sociaux, qui font la « une » des journaux ne doivent pas occulter celles qui vont bien, voire même très bien pour certaines.
C’est la réalité dans son ensemble qu’il faut savoir apprécier, pas une seule de ses facettes. Pour nous, à lyon-entreprises, tout est affaire d’équilibre et de respect du lecteur.
« Je redis ma confiance »
Cette longue introduction, pour répondre à la question de savoir si la présentation récente, le 19 novembre, par Jean-François Carenco, ce même préfet de région, de la situation économique rhônalpine est proche de la réalité ou chaussée de lunettes roses ?
« Je redis ma confiance dans l’économie dans cette situation très difficile », assure ainsi le représentant de l’Etat.
Il ajoute : « Je sens un frémissement. Certains signes sont là : la production de granulats pour le BTP qui est un indicateur avancé, repart ; la société d’autoroutes APRR voit à nouveau son trafic repartir à raison de 1 % de croissance par mois, ce qui est nouveau. Nous construisons 13 000 logements sociaux en Rhône-Alpes cette année : je pense que la Région tiendra le pari du président de la République d’une inversion de la courbe du chômage. En Rhône-Alpes, l’emploi est en cours de stabilisation. »
Optimiste pour Kem One
Faisant le tour des entreprises en difficulté, le Préfet se félicite des solutions apportées aux dossiers Rio Tinto en Maurienne, Bijoux GL en Ardèche, Photowatt dans le Nord-Isère et au vu de l’avancement du dossier, se révèle plutôt optimiste pour le plus lourd d’entre eux : Kem One qui concerne toute la filière vinylique et dont le dénouement est prévu pour le 12 décembre.
Plus compliqué sera, en revanche, selon lui, le dossier de la SITL à Lyon, suite au dépôt de Fagor Brandt qui complique sérieusement la donne « SITL ayant perdu, suite au dépôt de bilan , 95 % de son activité en quelques secondes », déplore le représentant de l’Etat.
Cet optimisme de Jean-François Carenco repose pour une part, sur le fort développement des emplois aidés.
Lesdits emplois aidés, sous différentes formes, accélèrent le rythme en cette fin d’année : à ce jour, en Rhône-Alpes, il comptabilise 5 872 emplois d’avenir ; 1 900 contrats de génération ; 26 318 CAE ou CIE, les emplois aidés ordinaires dans le secteur marchand et non marchands qui devraient être 30 000 à la fin de l’année ; 3 500 emplois formation afin de pouvoir aux métiers sous tension, en déficit de salariés ; et enfin, les derniers en date, les emplois francs.
Pour le préfet de région, « comme le montre une étude de la DARES, il ne s’agit pas là d’emplois parking, mais bien d’emplois de mise à l’étrier pour le retour à l’emploi car ils sont assortis de formations. »
Enfin, il espère tout haut que les chiffres du chômage que nous connaîtrons dès le milieu de cette semaine ne le feront pas mentir.
Reste, derrière toutes les espoirs ainsi formulés, une certitude : grâce aux emplois aidés, le chômage pourra peut-être être endigué, permettant une pause après les chiffres affolants constatés en début d’année. C’est mieux que rien. Mais tant que l’investissement des entreprises ne démarrera pas (condition sine qua non) l’emploi réel, non aidé, ne prendra pas le relais.
Et tant que cette pompe là ne sera pas amorcée, il y a peu d’espoir pour que nous puissions voir aussi la croissance en rose. Celle-ci passera par le retour de la confiance. Or, celle-ci semble encore bien altérée…