De moins en moins de logements construits dans la Métropole lyonnaise : au risque d’un essoufflement de l’attractivité…
Les promoteurs immobiliers ont construit l’année dernière dans l’agglomération lyonnaise seulement 3 928 logements, alors que la Métropole vise un objectif de…8 500. Une décélération jugée inquiétante de tous côtés, alors que la Métropole n’a jamais été aussi attractive, avec par exemple, une multiplication par 2,5 de la construction de bureaux en dix ans. Chaque année, la Métropole attire 14 900 habitants supplémentaires en quête d’un logement. D’où la hausse des prix. Comment éviter la situation à la parisienne qui se profile ?
Les promoteurs qui interviennent dans la Métropole lyonnaise le disent à tout va. Si les permis de construire étaient débloqués, ils auraient 12 000 logements à construire du jour au lendemain !
Or, l’année dernière, selon Eric Verrax, président du CECIM, l’Observatoire de l’Immobilier, la construction de logements a encore diminué en 2019 pour la troisième année consécutive dans la Métropole lyonnaise : 3 928 nouveaux logements mis en vente seulement, soit un nouveau recul de 2,5 %.
Et encore si l’on observe les chiffres de plus près : on construit beaucoup trop de grands logements pour lesquels la demande est faible et pas assez de petits logements, alors, qu’on le sait bien, la demande est forte les concernant.
Le 6ème arrondissement et la Croix-Rousse flambent
Ce déséquilibre grandissant de l’offre par rapport à une forte demande explique l’augmentation importante des prix que l’on a constaté l’année dernière. Ainsi dans la Métropole, le prix moyen (collectif, hors ventes en bloc) a atteint 4 684 euros le m2 dans les 59 communes de l’agglomération ; avec des records de 5 626 euros dans Lyon intra-muros et des pointes de 7 489 euros dans le 6ème arrondissement, ou 7 034 euros à la Croix Rousse.
Une hausse à la vente dans le neuf qui se répercute sur la location, puisque dans le même temps, les appartements à louer se raréfient de facto aussi. « Il y a raréfaction dans l’ancien parce qu’il y a raréfaction du neuf », constate Eric Verrax, le président du CECIM.
Le PLU-H n’est pas le seul coupable
Pour expliquer cette situation, on a d’abord incriminé le PLU-H (Plan Local d’Urbanisme et d’Habitat) qui, en attente de son adoption a pu freiner les maires qui étaient maintenus dans flou.
Or, ledit PLU-H a bien été adopté l’année dernière mais on n’a pas constaté pour autant une envolée de la construction, hormis à Lyon où un petit rebond s’est effectivement fait jour, mais c’est tout.
Il est vrai qu’entretemps on se dirigeait vers les élections municipales qui en général rendent rendent les élus nettement plus frileux et très prudents à cet égard vis à vis de leurs électeurs, avec cette conséquence : un fort coup de frein sur les permis de construire.
Or, comme le rappelle Michel Le Faou, le vice-président au logement et à l’urbanisme, l’objectif fixé dans la Métropole est la construction chaque année de.. 8 500 logements, soit deux fois plus que la situation actuelle.
Une croissance qui, elle, a bien existé pour l’immobilier de bureaux : Lyon a construit l’année dernière autant de bureaux que Marseille, Bordeaux et Toulouse réunis ! Des bureaux qui attirent de nouveaux habitants venus de toute la France. Chaque année la Métropole qui frise désormais les 1,4 million d’habitants gagne 14 900 nouveaux venus qui cherchent à se loger. Et qui, souvent sont obligés d’aller chercher loin un logis en phase avec leur épargne et leurs ressources.
Que faire alors ?
Il serait faux de dire que la Métropole n’a rien fait à cet égard : elle a lancé un plan d’urgence d’accès au Logement, le plan 3 A pour les plus démunis ; elle a commencé à maîtriser les prix du foncier ; elle a mis en œuvre l’Organisme du Foncier Solidaire, qui lancé fin 2019, n’a pas encore porté ses fruits…
Rageant
Est-ce que cela sera suffisant ? Sans être pessimiste, on peut en douter, alors que du jour au lendemain, et c’est rageant, les promoteurs immobiliers chantent sur tous les tons que la situation pourrait être débloquée.
Le risque est que, faute de carburant (logements), l’attractivité de la Métropole lyonnaise finisse par s’étouffer, concurrencée par d’autres métropoles plus constructives et moins chères. Un vrai risque auquel le futur président de la Métropole devra s’atteler. En urgence, car certitude, selon les professionnels de l’immobilier, unanimes, « Si l’offre de logements neufs reste insuffisante, la hausse des prix va se poursuivre… »