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Décentralisation, la nouvelle étape tant attendue : Emmanuel Macron va-t-il sonner enfin la fin de l’Etat jacobin ?

Dans son allocution du dimanche 14 juin, le président de la République a beaucoup promis de changements, tout en restant dans le flou quant à la phase 3 du quinquennat qu’il nous promet depuis le début de la pandémie, assurant tirer les leçons de la crise.

Il a ainsi expliqué vouloir ouvrir “une page nouvelle donnant davantage de liberté et de responsabilités à ceux qui agissent au plus près de nos vies, comme les maires, les hôpitaux, les Universités”

Il a notamment admis que “ enfin, il me reviendra avec vous de bâtir de nouveaux équilibres dans les pouvoirs et les responsabilités. C’est le troisième axe que je vois à cette nouvelle étape. J’en ai la conviction profonde, l’organisation de l’État et de notre action doit profondément changer. Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris. “

L’adverbe “profondément” n’est-il effectivement là qu’un mot de plus ou une réalité prochaine ?

S’il ne se traduit pas dans les faits, ce sera une grande déception : la nouvelle étape décentralisatrice est très attendue.

Mais tout ceci reste très vague, sinon, la volonté déjà exprimée “d’un nouveau pacte girondin marqué par la souplesse et l’adaptation au terrain”.

L’association des maires de France a sa petite idée là dessus. Son président, François Baroin a ainsi annoncé pour début juillet, “une initiative très forte” sur ce sujet. Elle proviendra des travaux d’un groupe mis en place en janvier au Sénat avec les associations d’élus locaux.

De son côté, le gouvernement a dans ses cartons un projet de loi qui vise à remettre à plat l’organisation de l’Etat.

Chacun avance donc ses pions, mais pour quel résultat tangible ?

Emmanuel Macron va-t-il donner plus de pouvoir aux régions françaises qui sont des nains à côté des Länders allemands, aux communes, aux Universités, et aux hopitaux ?

Une nécessité

Une certitude, une accentuation de la décentralisation apparaît nécessaire vu la défaillance de l’Etat au regard de la crise du Covid 19.

La gestion de la crise par l’Etat français a été pour le moins erratique, éloignée des besoins véritables des territoires, dans le cadre d’une pandémie aux effets très disparates selon les régions et en leur sein même.

A comparer avec les Länders allemands qui eux ont la compétence santé et ont su beaucoup mieux gérer sur le terrain la situation que l’Etat français qui a été jusqu’à intercepter des lots de masques destinés aux régions. Au résultat : près de trois fois moins de morts en Allemagne qu’en France…

En Allemagne, les 16 Länders (ou régions) fonctionnent en autonomie dans beaucoup de domaines, notamment dans celui de la santé, dont ils décident et gèrent le budget.

Lors de la crise, et en fonction de son avancée, chaque länder a ainsi pu choisir le degré de confinement qu’il était nécessaire d’imposer à sa population.

Et lorsqu’il a été indispensable de prendre des décisions concernant le pays tout entier le processus décisionnel est collégial, et inclut les présidents des länders. Contrairement à Emmanuel Macron, Angela Merkel est dans l’impossibilité constitutionnelle de prendre seule des décisions…

Chiche ?

On l’oublie souvent, mais face à l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne, la France est le pays le plus jacobin d’Europe, ce qui entrave son économie et son développement, son espace démocratique.

A la lumière de la crise que nous venons de vivre, Emmanuel Macron a expliqué vouloir se réinventer.

Au point de perdre une parcelle de ses pouvoirs et de renforcer ceux situés au sein des régions, pour faire en sorte que notre pays soit mieux géré ? Non pas nécessaire, mais, indispensable. Chiche ?