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Désindustrialisation : les raisons de ne pas désespérer

Une étude très fouillée de l’Insee Rhône-Alpes (*) sur la désindustrialisation nous donne, en cette fin d’année 2012, quelques raisons d’espérer en l’avenir de notre industrie.

Pour la première fois cette étude quantifie les trois causes principales à l’origine d’une désindustrialisation qui a fait perdre près du quart des emplois industriels en France (- 24 %) et en Rhône-Alpes (- 24,3 %). Et à partir de ces causes, on peut trouver des raisons d’espérer dans la mesure où au moins l’une d’entre elle, est en train de s’éteindre.

A ce jour, la région Rhône-Alpes compte 418 000 emplois industriels, soit un poids de 18,5 % des emplois industriels dans l’emploi total. Et surprise, ce chiffre est très proche de celui enregistré en Ile-de-France : 478 000…seulement (avec 8,5 % d’emplois industriels sur le total des salariés).

Autre surprise, si l’on ne prend en compte que les emplois qui s’exercent strico sensu sur la fabrication, Rhône-Alpes s’affiche comme la première région industrielle ou plutôt « fabriquante » de France, avant l’Ile-de-France. La région francilienne est en effet de plus en plus tournée vers les fonctions de conception-recherche et de gestion.

La première raison d’espérer dans l’avenir de l’emploi industriel est cette constatation. Selon les reponsables de l’Insee Rhône-Alpes, la dégringolade est stoppée. Malgré la crise, les effectifs industriels devraient rester stables ou proches de la stabilité en 2013, à 418 000 emplois.

L’externalisation ralentit fortement

Prenons d’abord la première cause de désindustrialsiation détectée par l’Insee : l’externalisation. Elle consiste pour les entreprises à se délester des services à faible valeur ajoutée (nettoyage ou gardiennage, par exemple), ou des services dits supérieurs (juridiques ou comptables), au profit d’entreprises sous-traitantes. Première certitude, cette cause qui représente le quart des diminutions d’emplois (entre 1980 et 2007) est pour une bonne part purement statistique, dans la mesure où ces services auparavant intégrés dans les entreprises changent simplement de nomenclature pour être répertoriés dans les services.

Mieux encore : depuis 2007 cette cause ne représente plus que 5 % des diminutions d’emplois.

La productivité à l’origine de 30 % des diminutions d’emplois

La deuxième cause-les gains de productivité- est à l’origine, selon l’Insee Rhône-Alpes de 30 % des diminutions d’emplois. Elle supprime certes des postes d’ouvriers et de cadres, mais elle permet à la production de se maintenir, voire même de se développer, mais avec moins de personnel.

Entre 1990 et 2009, ladite productivité a augmenté en moyenne annuelle de 2,9 % en France, contre 0,2 % dans les services. Elle est nécessaire pour maintenir la compétitivité de nos entreprises face à la concurrence internationale, mais elle a un coût en termes d’emplois.

La troisième et dernière cause de désindustrialisation est plus difficile à quantifier : il s’agit de la concurrence internationale.

L’économie verte a gagné 8 500 emplois

Sa traduction la plus concrète est l’effondrement du solde commercial hexagonal en produits manufacturés. Notre balance était encore positive en 2005. or, elle a perdu en 2011 pas loin de 29 milliards d’euros !

Seuls le ralentissement de l’inflation (c’est le cas cette année avec une augmentation des prix qui ne devrait pas dépasser 1,4 %) et le pacte de compétitivité, salué par le patronat comme la prise en compte d’une réalité qui mine nos entreprises, peuvent en 2013 jouer un rôle positif. Tout reste encore à faire, mais au moins un début de solution a été ébauché à cet égard. Il était temps.

Autre élément qui peut incliner à un-relatif-optimisme : au cours des dix dernières années, les secteurs industriels n’ont pas tous perdu des emplois. Trois d’entre eux (sur seize au total, il est vrai) ont vu leurs effectifs croître en Rhône-Alpes : les industries agro-alimentaires (+ 2 900), les industries vertes (eau, déchets, dépollution), un secteur promis à un grand avenir qui a le plus gagné avec 8 500 emplois nouveaux créés ; et enfin la pharmacie (+ 3 600). Un autre domaine a également émergé au cours de ces dernières année : l’électronique.

Encourageant

Les plus grosses pertes d’emplois sont, en revanche, dues au textile et à l’habillement (- 40 100) insuffisamment compensés par le boom des textiles techniques ; et à la métallurgie (- 26 000). A eux deux ces secteurs représentent près de la moitié des pertes d’emplois de ces dix dernières années, soit – 134 000.

On ne les retrouvera sans doute pas, mais les mécanismes qui ont été à l’œuvre dans le passé s’annoncent moins délétères, ce qui en soit est encourageant.

Il faudrait que nos PME et ETI s’insèrent mieux dans l’économie-monde qui devrait cette année connaître une croissance de 3,5 % et exportent plus vers les pays émergents pour que la courbe s’inverse véritablement. L’insee nous dit une chose à travers cette étude : c’est possible !

(*) La Lettre de l’Insee, « L »industrie rhônalpine entre désindustrialisation et mutations industrielles », n° 184, décembre 2012.