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Elle se fera : le projet d’Arena de Jean-Michel Aulas et de Tony Parker enfonce un « coin » au sein de la nouvelle majorité de la métropole

Son ouverture est programmée pour le 2ème semestre 2023. A côté du Groupama Stadium ce sera l’une des pièces maîtresse d’OL Land, telle que l’ont conçue ses deux promoteurs, Jean-Michel Aulas pour l’OL et Tony Parker pour l’Asvel. De quoi s’agit-il ? De la future Arena.

Elle aura pour rôle d’accueillir les matches les plus importants de l’Asvel, notamment ceux de l’Euroligue (13 à 20 matches par an), mais aussi de nombreux spectacles : de 80 à 120 événements chaque année !

Pour compléter le tableau, ajoutons que cette Arena devrait accueillir entre 12 000 et 16 000 places et qu’elle devrait coûter a minima 140 millions d’euros.

On comprend dès lors mieux à cet énoncé que tant Jean-Michel Aulas que Tony Parker ne pouvaient envisager de voir retoqué ce projet par la nouvelle majorité colorée du vert au rouge de la Métropole. Ils ont pourtant dû avoir quelques sueurs froides…

Lundi et mardi dernier, c’était en effet un passage obligé.

Mais à l’arrivée les deux entrepreneurs lyonnais ont obtenu le feu vert qu’ils attendaient, mais au prix d’un sérieux tangage de la nouvelle majorité. C’est le poids de l’Ecologiste Bruno Bernard, le président EELV de la Métropole qui a fait pencher la balance.

La mise en œuvre de ce projet nécessitait de modifier le plan local d’urbanisme et de l’habitat, ce qui impliquait pour la métropole de Lyon d’organiser une concertation préalable, qui a eu lieu entre juillet et octobre.

D’un point de vue pratique, ce vote valide la mise en compatibilité du plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H), transformant les quatre hectares dévolus au projet de zone à vocation industrielle en zone à vocation d’équipement.

Les conseillers métropolitains devaient donc voter pour permettre à la procédure de se poursuivre.

Loin de faire l’unanimité

Or, on le savait dès le départ, ce projet était loin de faire l’unanimité parmi certaines composantes de la majorité métropolitaine.

Ainsi, par exemple, des militants d’EELV de l’Est lyonnais s’opposaient aussi à un projet synonyme, pour eux, de pollution accrue et de concurrence pour les lieux culturels existants.

Pour Nathalie Perrin-Gilbert (Gram), par ailleurs adjointe à la Culture de la mairie de Lyon qui a voté contre, il s’agissait là « d’un grand projet inutile ! ».  « Ce projet ne reflète aucune des priorités que nous portons », a lancé de son côté Raphaël Debu (PCF), qui, lui aussi, a voté contre.

On a même vu des poids lourds du nouvel exécutif comme Mathieu Vieira ou Jean-Charles Kohlhaas ne pas soutenir le texte.

Pour tenter de faire passer le projet dont il avait hérité, Bruno Bernard a souligné que la métropole ne finançait pas le projet et qu’il s’attacherait à le rendre « le plus écoresponsable possible.”

Au final, sur les 146 élus présents ou représentés, 3 n’ont pas pris part au vote, 104 ont voté pour, 27 se sont abstenus et 12 ont voté contre.

En tout, 27 élus écologistes figurent dans la liste des opposants ou abstentionnistes. Sur un groupe de 58 membres, ce désaveu a indubitablement une portée politique.

Pour faire passer ce projet, il a donc fallu que des votes viennent des rangs de l’opposition centriste et de droite qui à vrai dire, jubilait quelque peu, tout autant que Gérard Collomb, l’ancien président de la Métropole, celui qui avait porté originellement ce projet et qui arborait un large sourire en lançant : “Nous nous réjouissons que vous soyez en faveur du développement de l’OL Vallée » ; et, in fine, en félicitant ironiquement son successeur pour ce « grand projet qui marquera son mandat » !

Quels enseignements ?

Quels enseignements à tirer de cet épisode politique, le premier voyant s’opposer avec force, entre elle-même la majorité de la Métropole ?

Elle a d’abord confirmé que Bruno Bernard faisait bien partie de ceux qui prônent le réalisme économique. Mais sur cette position, il n’est en réalité que relativement peu soutenu par ses troupes, puisqu’il lui a fallu s’appuyer sur l’opposition pour faire passer le dossier.

Ce vote laissera sans doute aussi des séquelles au sein de la majorité. Que l’on pourrait voir resurgir à l’occasion de votes similaires qui mettront à nouveau en évidence les deux tendances, celle des éco-réalistes de la majorité et celle des éco-sectaires.

Le fait que le président de la Métropole, Bruno Bernard a su faire passer le projet est plutôt encourageant, mais le pourra-t-il à chaque fois que d’autres projets lourds d’infrastructures, axés sur le développement économique de la Métropole, seront présentés aux votes des élus communautaires ? Pas si sûr…