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Emploi : les mauvais calculs de l’arrivée d’Amazon à St Ex

Avec l’arrivée annoncée d’Amazon sur le site de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, fait-on entrer le loup dans la bergerie ? La réponse est oui, ce n’est pas bon pour l’emploi…local, si l’on en croit une étude menée par l’ancien secrétaire d’Etat au numérique qui pointe le nombre d’emplois supprimés dans le commerce de proximité, lorsque Amazon en crée un…

Ancien secrétaire d’état au numérique, Mounir Mahjoubi, redevenu député (LREM), ne peut être taxé d’opposition systématique au monde du numérique dont il est par ailleurs lui-même issu : rappelons qu’il a développé des start-up, dirigé de plus grandes entreprises et qu’il a été aussi président du conseil national du numérique.

Or, dans une note d’analyse publiée vendredi 22 novembre que notre confrère France info a pu consulter et reprendre pour partie, l’ex-secrétaire d’État estime que 7 900 emplois ont été détruits en France en 2018 par Amazon.

Cette année-là, l’entreprise de Jeff Bezos a réalisé un volume d’affaires en France de 6,6 milliards d’euros selon Kantar Worldpanel, cité dans cette étude.

C’est « en déduisant les embauches d’Amazon et des vendeurs tiers (12 337 emplois créés) aux suppressions d’emplois dans le commerce physique à cause des activités du site d’achat (20 239 emplois perdus) », que Mounir Mahjoubi aboutit à ce chiffre de 7 900 emplois perdus en France.

Un emploi de créé, 2,2 de perdus

Une formule résume l’effet Amazon, selon lui, « pour un emploi créé chez Amazon », le commerce de proximité a perdu 2,2 emplois.

Dans son étude, Mounir Mahjoubi met en cause la « productivité élevée » chez Amazon où un seul salarié « supporte un chiffre d’affaires d’environ 600 000 euros », contre « 270 000 euros » pour un salarié d’une boutique.

« Les hommes et les femmes des centres logistiques (de la plateforme) travaillent à un rythme effréné et minuté », avec « des tâches répétitives et physiquement pénibles ». Cette logique sera poussée jusqu’au bout par Amazon, qui considère ses salariés « comme des robots ».

Robotisation en cours = plus d’emplois détruits

La société « les remplacera demain par des machines autonomes », ce qui pourrait augmenter davantage la productivité de la plateforme et aboutir à détruire plus d’emplois dans les commerces traditionnels, redoute Mounir Mahjoubi.

Les petits commerces n’ont pas les moyens de résister face au rouleau compresseur américain et ne peuvent appliquer les mêmes méthodes : « une automatisation poussée » et « une forme de déshumanisation des relations commerciales », selon cette étude.

Toujours dans le cadre de cette étude, le député détaille de surcroît, les stratégies d’optimisation fiscale mises en place par Amazon « qui enregistre ses ventes françaises directement auprès de sa filiale luxembourgeoise ».

« Consommer est aussi un acte citoyen et politique », rappelle l’ex-secrétaire d’État au Numérique, pour qui « les internautes doivent cliquer en connaissance de cause. Leurs achats pèsent sur l’emploi national », explique-t-il. « Les Français doivent penser aux PME françaises pour leurs achats », car « elles sont foncièrement plus humaines ».

Pour proposer une alternative, le député de Paris va lancer « la seconde édition du Noël des PME », il a créé « un annuaire d’entreprises locales, maîtrisant leur impact social et environnemental auprès desquelles les Français peuvent réaliser leurs achats. »

A en croire donc l’ex secrétaire d’Etat le big entrepôt Amazon de Saint-Ex serait donc une mauvaise pioche ; et ce, à deux titres : en terme d’emplois et de retombées fiscales.

La situation n’est pas prête de s’améliorer car Amazon est un rouleau compresseur. Rappelons les chiffres déjà cités dans un précédent article.

Selon la Fevad (la Fédération du e-commerce et de la vente à distance) Amazon détient une part de marché de 20,3 % cette année, loin devant son concurrent direct, Cdiscount (8,3 %) et Vente privée (3,4 %).

21 millions de Français ont ainsi passé commande via Amazon en 2018.

D’autres chiffres, ceux de l’Institut Kantar confirment d’ailleurs cette position de leader : 1 euro sur 5 dépensés en ligne l’est sur Amazon.

Un leadership qui devrait se maintenir. D’autant qu’expert en marketing, Amazon sait développer la fidélité des consommateurs, notamment avec son programme Prime.

Bref, question à laquelle on n’a pas encore trouvé de réponses : comment lutter contre Amazon et ne pas dévitaliser nos entreprises ?

Mounir Mahjoubi ne préconise pas de boycotter le e.commerce, mais à quelque semaines de Noël, il entend faire prendre conscience les Français de cette situation.

Pour notre part, nous préférons la stratégie d’une PME comme la Lyonnaise LDLC.com qui mêle e.commerce et boutiques en dur, jusque dans les villes moyennes (50 déjà ouvertes, une centaine en perspective)… Préférez LDLC.com à Amazon, c’est un conseil, pas de la pub…