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Exit Naouri : désormais entre de nouvelles mains, le groupe stéphanois Casino peut-il vraiment rebondir ?
Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor viennent de prendre les commandes de Casino, éjectant de facto celui qui en avait tenu les rênes depuis vingt ans, Jean-Charles Naouri, mais celui aussi qui a mené le succursaliste stéphanois dans le mur.

L’illustration de cette déconfiture a connu sa traduction la plus sévère jeudi 28 mars à la Bourse au moment du changement d’actionnaire, le jour où la cotation de Casino a repris après un temps de suspension.

Ruinés

A la reprise de la cotation, Casino Guichard Perrachon, nom complet du titre s’affichait à… 0,0391 euros, soit une chute de près de 63 % ! Sur dix ans, le titre a perdu 99,5 % de sa valeur. Autant dire que les actionnaires historiques de Casino s’ils n’avaient que ces titres comme actions sont ruinés.

La question qui se pose désormais est : Casino peut-il rebondir ?

Et pour essayer d’y voir clair, il faut d’abord comprendre la stratégie qu’envisagent de mener les nouveaux actionnaires, le trio composé du milliardaire tchèque Kretinskty, du tycoon français Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) et du fonds Attestor, un hedge fund, de 7,5 milliards d’euros d’actifs ?

Le nouveau conseil d’administration du distributeur stéphanois, présidé par l’ancien secrétaire d’Etat macroniste Laurent Pietraszewski et incluant parmi ses membres le nouveau directeur général Philippe Palazzi et Athina Onassis – descendante du célèbre armateur grec Aristote Onassis -, s’est d’abord réuni mercredi 27 mars.

Et ce, pour procéder à la nomination du nouveau comité exécutif de Casino, parmi lesquels les patrons des enseignes Monoprix, Casino, Franprix et CDiscount qui, eux, restent en poste, entouré tout-de-même de quelques nouveaux.

Alfred Hawawini qui vient de Google prend la direction de la stratégie, tandis que Christophe Piednoël un ex-Lactalis, devient directeur de la communication et des affaires publiques.

« C’est un groupe parisien du point de vue du chiffre d’affaires, mais du point de vue du nombre de magasins, nous sommes une entreprise très provinciale », a assuré dans un entretien au Progrès le nouveau directeur général, Philippe Palazzi.

« Pas encore hors de danger »

Selon lui, Casino n’est « pas encore hors de danger » et il y aura « sans doute un plan de départs volontaires ».

Et pour calmer l’inquiétude des salariés, évidente, de promettre que le siège social reste bien à Saint-Etienne, même si un plan social semble inévitable.

Le but de Casino a assuré le nouveau directeur général, Philippe Palazzi, un ancien de Metro et Lactalis, est d’en faire un champion de la proximité. Outre les enseignes Franprix et Monoprix, il ne reste plus, sous différentes enseignes, après la cession de la majorité des hypers et supermarchés du groupe que les supérettes installées dans les centre-villes petites, grandes et moyennes, vues comme un atout, alors que les formats de type hypers sont vraiment en perte de vitesse.

Mais le problème de fond de Casino, expliquant sa déconfiture industrielle, ce sont les prix, plus élevés que ceux d’une concurrence exacerbée par les hard-discounters que sont Lidl et Aldi et la politique agressive de Leclerc qui pèse un quart de la grande distribution en France.

Le premier objectif du nouveau DG va d’abord de faire décroître de manière drastique la dette qui doit être ramenée de 7,4 milliards d’euros à fin 2023 à un peu plus de 2,6 milliards d’euros, avec des échéances de remboursement allant jusqu’à fin mars 2028.

Un dégonflement de la dette qui va être parallèlement marquée par une décroissance des effectifs français du succursaliste qui vont passer de 50 000 fin 2022 à 28 212, après cession des supers et hypermarchés à ses nombreux concurrents : Intermarché, Auchan et Carrefour.

Alors que Casino avait multiplié les opérations de croissance externe, notamment au Brésil, le groupe stéphanois n’a quasiment plus de présence à l’international.

8 634 points de vente

Le problème de fond de Casino dans un métier où le poids est important pour faire pression sur les fournisseurs est qu’une fois les cessions déjà actées seront entièrement finalisées, selon les calculs effectués, le nouveau groupe sera ,non pas un nain de la grande distribution, mais simplement un acteur moyen puisqu’il ne devrait peser plus que 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Soit dix fois moins que Carrefour !

Il comptera tout de même 8 634 points de vente sous ses différentes enseignes Monoprix, Naturalia (bio), Franprix, Vival, Spar ou Petit Casino, avec une forte présence en Ile-de-France.

Ce qui à l’heure où les enseignes de centre-ville ont le vent en poupe, constitue plutôt un atout.

Le rôle de Philippe Palazzi va être de redonner une vraie identité et une vraie image à cet ensemble disparate et de jouer sur la carte prix, l’élément différenciant actuellement, en cette période de pression sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

Pas gagné d’avance !

La lettre d’adieu aux salariés de Jean-Charles Naouri :