Faible progression des créations d’entreprises au féminin en Auvergne-Rhône-Alpes : comment briser le plafond de verre

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes a quelque chose de désespérant. La parité est un long combat qui avance trop lentement.

Opportunément, l’Insee a fait paraître ce jour là une étude fort intéressante sur l’entrepreneuriat au féminin en Auvergne-Rhône-Alpes.

Or, qu’apprend-t-on ? A l’heure où les organisations de femmes cheffes d’entreprise n’ont jamais été aussi nombreuses en Auvergne-Rhône-Alpes, qu’il existe un incubateur exclusivement dédié aux femmes dans la Métropole lyonnaise, que les témoignages de cheffes d’entreprises ne cessent de retentir ; eh bien, la parité se fait toujours attendre.

Certes, elle avance, mais à petits pas.

A ce jour, 35 % des entreprises créées sont dirigées par des femmes.

Certes, ce chiffre progresse, mais lentement : en huit ans, il a gagné seulement trois petits points.

Pire : la part des femmes dans les pures créations de sociétés stagne.

Plus diplômées

Et l’on constate que si les créatrices d’entreprises sont plus diplômées que leurs homologues masculins, elle portent sur des projets plus modestes.

L’une des raisons pour expliquer ce constat quelque peu décourageant tient au fait que dans le choix des domaines de créations d’entreprises, le champ reste plus restreint que pour les hommes ; bref, certains stéréotypes de genre perdurent envers et contre tout.

Ainsi, les secteurs d’activités qui attirent le plus les créatrices d’entreprises sont les « activités spécialisées, scientifiques et techniques » à hauteur de 19 % ; puis la « santé humaine et l’action sociale «  à hauteur de 16 %.

Mais à y regarder de plus près, près de la moitié des créations féminines du 1er secteur, celui des « activités spécialisées, scientifiques et techniques » sont constituées par du conseil en relations publiques et communication ou encore en conseil de gestion.

A comparer avec les secteurs dans lesquels les hommes prédominent largement dont le premier est celui de la construction (19 %).

On constate ainsi que les femmes ne se lancent pas pour l’heure, en matière de création d’entreprise, dans des citadelles réputées masculines et le problème est là, expliquant le plafond de verre de l’entrepreneuriat au féminin : ce sont celles dont le poids est le plus important dans les nouvelles entreprises.

2 % de femmes dans le Bâtiment

Ainsi, dans les activités du bâtiment, telles que plâtrier, peintre, menuisier et maçon qu’on pris l’habitude de dénommer qu’au masculin, on ne trouve que 2 % de femmes.

Il n’y a que 6 % de femmes parmi les programmeurs informatiques qui représentent 2 % des créations d’entreprises, au sein desquelles les femmes ne pèsent que 14 %.

Et pourtant, les femmes qui se lancent sont en général plus brillantes que les hommes puisqu’elles sont plus diplômés que les créateurs d’entreprise.

Quatre femmes créatrices d’entreprises possèdent au moins un diplôme de deuxième cycle, contre seulement deux sur dix pour les hommes.

Comment sortir de ce plafond de verre ?

En cassant les stéréotypes de genre des métiers qui désormais grâce à l’informatique et par exemple à l’usine 4.0 ne demandent plus aucune force physique, mais seulement une tête bien faite.

Autre piste : l’auto-entrepreneuriat.

Ce sont en effet les femmes qui investissent le plus le secteur des micro-entreprises qui permet de débuter une activité avant de voir plus grand.

Or, on constate que les femmes sont relativement plus nombreuses à réussir dans cet exercice : dans les mois suivant l’acte de création, 68 % déclarent un chiffre d’affaires positif, contre 59 % pour les hommes.

Ceci prouve que si la parité existait vraiment, notre économie serait certes plus harmonieuse, mais aussi plus dynamique.

Bref, comme le soutiennent de nombreuses organisations féministes, il faudrait que la journée internationale du droit des femmes ne dure pas qu’une journée, mais 365 jours par an. Il est temps de briser le plafond de verre !

-Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes : Entrepreneuriat féminin : la parité avance à petits pas, n° 86, mars 2021.