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Fermeture de commerces historiques indépendants, chaînes mondialisées sans saveur : la Presqu’île lyonnaise tirée vers le bas

Dans le vieux combat entre le centre commercial de la Part-Dieu et la Presqu’île lyonnaise, les deux plus gros poids lourds commerciaux de la Métropole, le premier va-t-il l’emporter ? C’est assurément ce qui est en train de se passer. Pour la Presqu’ile de moins en moins irriguée par les voitures, avec des magasins historiques qui baissent le rideau les uns après les autres, les signaux d’alarme ne cessent de s’allumer.

La commerçante lyonnaise Valérie-Adeline Parot, va prendre une retraite bien méritée à 63 ans. Pourtant devant le magasin de chaussures « Adrien » rue du Président Edouard Herriot, actuellement en phase de liquidation qu’après ses parents, elle dirige depuis 1982, elle ne masque pas son amertume.

Ce chausseur indépendant, institution pour de nombreux Lyonnais qui existait depuis 1824, va définitivement baisser le rideau.

L’enseigne Adrien disparaîtra à jamais. Elle n’a jamais retrouvé son niveau de chiffre d’affaires et de marge d’avant Covid. Une situation compliquée dont elle situe le commencement aux Gilets Jaunes, « ma vitrine brisée, des clients gazés dans le magasin », le Covid-19 et la piétonnisation de la Presqu’île faisant le reste…

En effet, à l’instar d’ « Adrien », de plus en plus de commerces indépendants historiques baissent le rideau les uns après les autres au cœur de Lyon. A chaque fois pour des raisons diverses, faute de repreneurs, un chiffre d’affaires en berne ou de loyers ayant flambé : les propriétaires des boutiques indépendantes ne peuvent plus suivre.

Il y a d’abord eu la boutique d’objets de déco­ra­tion Villa Borg­hèse, qui a fermé fin janvier, plus de trente ans après son instal­lation,place Saint-Nizier.

Puis se sont succédées les fermetures de l’Homme d’Osier, après plus de deux siècles d’existence ; puis donc le chausseur Adrien qui baissera le rideau le 30 avril ; le spécialiste de l’ameublement et du design, Benoît Guyot, depuis 150 ans à proximité de la place Bellecour ou encore particulièrement apprécié des touristes pour son look désuet, les parapluies Crozet, une autre institution qui était installée passage de l’Argue : tous ont annoncé successivement la fin de leur activité.

De quoi s’inquiéter pour la survie du commerce indépendant en centre-ville qui justement à côté des chaînes et franchises diverses et variées, donnait une vraie valeur ajoutée à l’activité commerciale de la Presqu’île ? Assurément.

De même, les hard-discount arrivent rue de la République, avec les bonbons Haribo, installés près du restaurant l’Institution qui va tester sa présence à Lyon au 26 de la rue de la Ré, pendant 18 mois (avant de s’installer ailleurs ), Normal qui s’est installé en juin 2023 en Presqu’ïle et autres fast-food ou fast-fashion : ils trouvent peu à peu pignon sur rue, banalisant l’axe République qui perd peu à peu de son authenticité et de sa personnalité commerciale.

Ce qui constituait la forte image de l’artère la plus commerçante de Lyon, l’iconique rue de la République voit ces nouveaux venus guère glamour la tirer vers le bas.

Ne restera-t-il plus que le Carré d’or avec ses magasins de luxe et le quartier Grôlée tiré par l’enseigne japonaise Uniqlo et quelques belles enseignes qui subsistent encore heureusement pour tenir à flot commercialement la Presqu’ile ?

Le Centre Commercial de la Part-Dieu, mieux portant

C’est ainsi que son directeur, Jean-Philippe Pelou-Daniel a pu récemment annoncer que le centre commercial de la Part-Dieu avait retrouvé, avec 30 millions de visiteurs retrouvé son niveau d’avant Covid. En Presqu’île, les commerçants aimeraient bien !

Un des principaux responsable de cette situation est l’envolée des loyers que seule la force de frappe d’importantes grands groupes internationales que l’on trouve à l’identique dans toutes les grandes villes, finissent par pouvoir s’offrir

De nombreux commerçants pointent aussi du doigt le développement de la piétonnisation voulu par l’exécutif écologiste de la mairie qui ferait fuir les voitures et donc les clients, sans parler du coût, lui aussi sujet à l’inflation, des parkings, pourtant nombreux en Presqu’île.

Comment lutter contre ce mouvement qui semble inexorable ?

Il existe des solutions : elles pourraient passer par une politique foncière volontariste ; mais aussi par la mise en œuvre d’un plan commercial ambitieux pour revitaliser la Presqu’île. Des propositions qu’on n’a guère entendu du côté de la mairie…