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Filière numérique d’Auvergne-Rhône-Alpes : pas de quoi se congratuler outre mesure…

Passons sur les difficultés d’embauches développées par ailleurs. C’est le lot de toutes les entreprises de la filière en France.

Pour le reste, la filière numérique d’Auvergne-Rhône-Alpes qui affiche près de 60 000 emplois dont une très large majorité de CDI, présente, hors des frontières régionales, une attractivité guère supérieure… à l’industrie de base, tandis que les entreprises présentes sur le territoire rechignent à exporter…

Peu attractive

Le chiffre est sans appel : la filière numérique d’Auvergne Rhône-Alpes ne figure qu’au 17ème rang européen pour les projets d’investissements directs étrangers dans le secteur du numérique. Et ce, alors que la région occupe la 6ème place en termes d’attractivité pour les entreprises étrangères, tous secteurs confondus.

Est-ce grave, docteur ? Oui, car les plus importants investissements d’entreprises étrangères en Europe concernent d’abord et avant tout le secteur numérique.

Ce que reconnaît Jean-Michel Bérard, le Pdg d’Esker et président du Clust’R Numérique : « L’attractivité de notre région à l’international constitue un enjeu majeur : en effet, l’attractivité d’un GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ou d’une grande entreprise du numérique pourrait jouer un rôle d’accélérateur considérable pour notre filière. »

Or, à cet égard, les chiffres sont cruels. Auvergne-Rhône-Alpes n’a réussi qu’à attirer 34 projets d’investissements directs étrangers (ide) en 2010 et 2014, tandis que sur cette même période, l’Ile de France en captait…219 ! Un rayonnement en demi-teinte, faute d’une ou de plusieurs grosses locomotives susceptibles de peser à l’échelon européen ou mondial. Cegid est une grande entreprise au niveau national, mais un nain au niveau mondial.

Autre domaine où le bât blesse : l’export. Dématérialisée la matière informatique devrait facilement s’exporter. Or ce n’est pas le cas.

Une petite part à l’export

Là aussi, un chiffre parle mieux que toutes les démonstrations : les entreprises de la filière numérique régionale n’exportent en moyenne que 8,5 % de leur chiffre d’affaires à l’international, non seulement un taux inférieur à celui des entreprises francilienne, mais bien moindre que d’autres activités phares de la région : l’industrie pharmaceutique, les machines outils ou les industries alimentaires.

Et encore pas toutes, puisque seules 41,7 % des entreprises de la filière s’essaient au grand vent de l’international.

La raison de cette frilosité ? Un manque évident de volonté : l’étude de l’Observatoire du Numérique révèle qu’une entreprise sur quatre seulement identifie l’export comme l’un de ses premiers leviers de croissance !

Pour Jean Michel Bérard, le Pdg d’Esker qui réalise 65 % de son chiffre d’affaires à l’international, «Le Numérique dans la région apparaît comme relativement peu mature en comparaison avec l’industrie chimique ou l’agroalimentaire. Autant dire qu’à cet égard, nos entreprises ont dans ce domaine, l’avenir devant elles ! »

L’innovation, heureusement

 Ce tableau en demi-teinte doit cependant être nuancé. S’il est au moins un domaine dans lequel les entreprises du Numérique de la région brillent, c’est bien celui de l’innovation.

Elles investissent 15,4 % de leur chiffre d’affaires dans la Recherche&Développement, un taux supérieur aux moyennes nationales et européennes (10,6 %).

L’innovation, c’est même leur toute première priorité.

Ainsi, 21 % des entreprises interrogées affirment avoir engagé au moins un partenariat avec la recherche publique.

37 % d’entre elles prévoient de se rapprocher d’un organisme de recherche publique au cours des trois années à venir.

De même près de la moitié des entreprises font appel à des dispositifs de financement de l’innovation.

Des dernières données rassurantes, car l’innovation est l’un des meilleurs vecteurs pour se distinguer à l’international, mais aussi le moteur susceptible de donner naissance-un jour ?- au futur GAFA régional…