Gérard Collomb : un dessert métropolitain difficile à digérer
Cela devait être un jardin de roses. C’est devenu une course d’obstacles.
Tout pourtant s’était déroulé presque parfaitement. A minuit, le 1er janvier les deux systèmes informatiques, ceux du Grand Lyon et du département du Rhône, se sont connectés sans le moindre bug.
Même si les relations ont été souvent difficiles et des grèves annoncées, mais guère suivies d’effets, les huit mille fonctionnaires de la nouvelle Métropole lyonnaise se sont mis au travail sans trop rechigner.
Une accumulation d’obstacles
Bref, l’enfer annoncé par certains s’était mué en un mariage de raison. Et tout souriait à Gérard Collomb qui avait enfin donné une réelle existence à la Métropole dont il rêvait depuis plusieurs années, à qui il a donné vie en inspirant un texte législatif et pour laquelle il s’est battu bec et ongles, mettant Lyon à l’avant-garde.
Aux douze coups de minuit, il pouvait enfin en retirer le bénéfice politique. Las.
Pour commencer, le drame de Charlie, en début d’année a totalement occulté le fait qu’à Lyon venait de naître la première métropole française, regroupement des forces d’un département et d’une communauté d’agglomération. Une Métropole d’envergure européenne.
Les médias nationaux ne se sont intéressés que plus tard au sujet et encore, avec parcimonie.
Mais surtout, depuis, les obstacles se sont accumulés.
D’abord sa majorité ne s’est pas révélée aussi docile que prévu. Pour preuve, des élus socialistes se sont opposé à lui en faisant élire à la commission permanente de la Métropole, une Radicale contre son propre candidat.
La perte d’une forte caution sociale
Preuve de cette défiance à l’intérieur même de son camp : la démission de celui qui était pourtant son directeur de campagne, à qui est due une bonne partie de la victoire, en l’occurrence celle d’Olivier Brachet. Gérard Collomb perd du même coup une forte caution sociale.
Signe de ce mauvais enchaînement : une autre démission s’est intercalée, celle d’un homme-clé du système Collomb, Bernard Rivalta, président du Sytral, l’instance organisatrice des transports de la nouvelle métropole dont le rôle est actuellement prépondérant : il doit unifier les deux systèmes de transports, autrefois indépendants, ceux du Grand Lyon et du Département
Certes, Gérard Collomb n’y est pour rien, puisque cette démission est la conséquence directe de l’annulation de l’élection de Vénissieux, mais cela rajoute une nouvelle pierre dans ce qui devait être un jardin de rose.
Pour deux mois, c’est Gérard Collomb qui prend la présidence provisoire du Sytral. En attendant le retour de Bernard Rivalta ou d’un nouveau président, voire même peut-être d’une présidente.
Une séquence impôts
On peut enfin y ajouter au nombre des cailloux, une séquence impôts qui a marqué les esprits. Pour des raisons politiques et mettre de l’huile dans les rouages, Gérard Collomb a dû augmenter les indemnités des membres de la commission permanente de 20 %. Sauf qu’arrivant au moment où il annonçait une augmentation de 5 % des impôts, tant à la Métropole qu’à la Ville de Lyon, cela faisait plutôt mauvais genre.
Certes, Gérard Collomb a le cuir tanné et en a vu d’autres.
Mais ce début d’année plutôt raté tend à donner crédit à ceux qui assurent que le président de la Métropole a effectué le mandat de trop. Pas toujours, mais souvent, les troisièmes mandats, l’histoire politique le montre, sont marqués par l’usure du pouvoir et une absence de souffle et et de vision.
Il reste cinq ans à Gérard Collomb pour prouver le contraire…