Gratuité du prix de l’eau potable ou doublement, distinction entre entreprises et particuliers : la nouvelle facturation de l’eau dans la Métropole lyonnaise fait polémique

La majorité écologiste ne s’en cache pas : elle veut faire baisser la consommation de l’eau potable dans la métropole, de… 15 % d’ici à 2035.
La délibération a été (largement) votée lundi 11 mars, lors d’un conseil métropolitain.
Le concept pour Anne Grosperrin, la vice-présidente en charge du cycle de l’eau et présidente de la nouvelle Régie Eau publique du Grand Lyon,
la mise en œuvre de cette nouvelle structure tarifaire de l’eau constitue le résultat d’un travail politique et citoyen inédit sur le prix de l’eau qui représente un des leviers majeurs à disposition de la collectivité pour préserver la ressource, garantir son service public et faire émerger une culture collective de l’eau…
Ces nouveaux tarifs concernent 1,4 millions d’habitants, c’est-à-dire tout le monde.
Si le nouveau système de tarification peut apparaître complexe de prime abord, il s’appuie sur deux principes simples.
Jusqu’à présent, le prix du mètre cube d’eau était le même pour tous, que l’on soit un particulier ou un professionnel.
Trente litres gratuits par jour
A partir du 1er janvier 2025, pour les particuliers, l’eau sera gratuite jusqu’à 12 mètres cubes, ce qui correspond à une consommation de 30 litres d’eau par jour. Un chiffre choisi pour répondre aux besoins vitaux.
Au-delà, elle sera payante au tarif actuel jusqu’à 180 mètres cubes.
Mais pour les plus gros consommateurs ou les familles nombreuses ou très nombreuses, au-delà de 180 mètres cubes, le tarif sera tout bonnement multiplié par deux.
Selon les estimations des services de la métropole, cette troisième tranche au tarif multiplié par deux concerne actuellement 16 000 abonnés, soit 5 % des usagers.
Ce nouveau tarif se veut « équilibré » et expliquent les élus, il ne veut porter préjudice qu’à un minimum de Lyonnais sachant que la consommation moyenne d’un Français est estimé à 150 litres d’eau par jour, soit un cinquantaine de mètres cubes par habitant et par an.
Il faut enfin savoir que le prix du mètre cube d’eau potable est fixé à Lyon pour cette année à 1,15 euro hors taxe soit une augmentation de l’ordre de 5 %. par rapport à 2023.
A savoir enfin que pour les foyers les plus précaires, la nouvelle tarification prévoit un versement solidaire, plafonné à 3 % du budget des ménages, comme l’a déjà expérimenté la ville de Grenoble. Ce qui devrait concerner 120 000 foyers de la métropole, pour une dépense globale de la collectivité de l’ordre de 4,3 millions d’euros.
Distinction entre privés et professionnels
Autre révolution : ce nouveau système de tarification distingue pour la 1ère fois à Lyon la consommation des foyers privés, et celle des professionnels.
Pour ces derniers, quatre tranches de tarification sont prévues, en fonction des volumes consommés.
Pour la première tranche, jusqu’à 180 mètres cubes par an, le tarif de base est appliqué. Ensuite, il augmente à chaque seuil multiplié par dix.
Dans la quatrième tranche, au-delà de 180 000 mètres cubes consommés par an, les entreprises verront une augmentation du tarif de l’ordre de 15 % par rapport au tarif de base du mètre cube.
Ce qui devrait concerner 92 clients de la régie, soit 0,3 % des usagers professionnels, selon la Métropole.
On l’aura compris, cette nouvelle tarification de l’eau potable veut inciter les ménages, mais aussi les entreprises à freiner sur l’usage du robinet d’eau potable. Et l’incitation financière est généralement la plus efficace, mais pas obligatoirement la mieux perçue !
Reste que les critères retenus ne font pas non plus l’unanimité auprès des associations d’usagers, alors que les tarifs ont tout-de-même grimpé de 8 % depuis 2022…
Ce fut aussi l’opinion partagée par les groupes d’opposition à la Métropole. Ainsi pour la conseillère métropolitaine Laurence Croizier (Groupe La Métro Positive), la gratuité des 12 premiers mètres cubes représente un « cadeau » de 14 euros par an envers chaque abonné. Et, selon l’élue de droite, pour l’amortir, la régie publique devra « récupérer 6,4 millions d’euros de manque gagner« .
Pour elle, ce « sont les abonnés qualifiés de non domestiques qui vont largement payer l’addition« . Autrement dit, « nos artisans, traiteurs, bouchers, boulangers…«