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Il devra passer par la case Tribunal : l’avenir très incertain d’Erai

Les dés sont jetés et bien malin qui pourrait dire ce que va devenir Erai, Entreprise Rhône-Alpes International, et ses 126 salariés.

 Le conseil d’administration de cet organisme qui accompagne les PME rhônalpines à l’international et dispose de bureaux d’accueil dans le monde entier, s’est réuni lundi 23 mars à 10 h 30 dans une atmosphère lourde.

 On sait que la semaine précédente, au Conseil régional Rhône-Alpes, une conjonction pour le moins hétéroclite (Verts d’EELV, de l’UMP et du FN) a voté contre la subvention qui devait permettre dans un premier temps à Erai de boucler son budget 2015, assuré à 60 % par la région. Et dans un deuxième, de fusionner avec l’Ardi (Agence régionale de l’innovation).

 Tout était fin prêt, les deux organismes s’étaient installés dans les même locaux dans le quartier Confluence pour commencer à travailler ensemble.

 Le conseil d’administration n’a pas eu le choix

 Patatras, donc. Le conseil d’administration n’a pas eu le choix. A l’unanimité moins une abstention, il a mandaté son président, Daniel Gouffé pour qu’il se tourne vers le Tribunal de Grande Instance de Lyon et remette le sort d’Erai dans les mains d’un juge.

 Erai à le statut d’association et ne pouvait donc faire appel au Tribunal de Commerce qui pourtant semble le mieux à même de dénouer un tel écheveau.

 Accompagné d’un délégué du personnel et de son conseil, le cabinet PriceCooperWaterHouse, Daniel Gouffé va donc prendre rendez-vous d’ici quelques jours avec le TGI pour déposer en quelque sorte le bilan d’Erai.

 Plus d’argent dans les caisses

 Il n’y a plus d’argent dans les caisses. Le dernier vote de la région permettait d’assurer les paies du personnel jusqu’à la fin du premier trimestre de l’année. Pas au-delà.

L’organisme régional affiche au Crédit Agricole Centre-Est, son banquier, un découvert de 3 millions d’euros. A noter que ce même Crédit-Agricole Centre-Est a également financé l’Espace Rhône-Alpes de Shanghai qui, en cas de liquidation d’Erai ne pourrait être exploité : c’est l’organisme rhônalpin qui détient la licence d’exploitation.

 Des décisions rapides devront donc être prises par le TGI.

 De surcroît, outre son propre personnel, Erai abrite près de soixante-dix autres salariés, en portage salarial émanant de PME de la région et répartis dans les différents bureaux d’Erai dans le monde

Quelles solutions pour sauver Erai ?

 Mais après ? Quelles possibilités vont s’offrir au juge ? Tout dépendra de l’appétence dont feront preuve d’éventuels repreneurs. Certitude : celui qui voudra reprendre Erai devra remettre au pot.

 Ce pourrait être la région Rhône-Alpes elle-même, à condition que l’assemblée le veuille. Mais le moment, à huit mois des élections régionales de décembre, n’est pas le mieux choisi.

 Ce pourrait également être le réseau des CCI Rhône-Alpes. Mais là encore, avec la ponction budgétaire dont les CCI font l’objet, le timing, n’est pas, là encore, le bon.

 Voire encore un pool d’entrepreneurs qui serait inspiré par le Medef et la CGPME qui siègent au conseil d’administration d’Erai, un organisme qui, rappelons-le, avait été créé par un entrepreneur entré en politique, un certain Alain Mérieux…

 A l’annonce du vote « anti-Erai » des Verts, de l’UMP et du FN, Jean-Louis Gagnaire, le vice-président chargé de l’Economie à la Région avait été plutôt pessimiste évoquant carrément une liquidation et le sauvetage de « quelques lambeaux » qui pourraient rejoindre l’Ardi.

 Au vu de cette situation à la fois absurde et inquiétante, on ne peut que constater que des acteurs politiques ont mis un certain nombre d’acteurs économiques, cette fois, mais aussi les salariés d’Erai et des patrons de PME, dans une position particulièrement inconfortable.

 Le juge et les éventuels repreneurs qui disposeront des éléments chiffrés sur la situation exacte d’Erai à travers une « data room », auront en main tous les éléments pour statuer. Une opération vérité qui, espérons-le, ne secrétera pas un poison mortel.