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Il n’y a pas de fatalité au chômage de masse…

L’une des raisons expliquant la trop faible croissance des salaires en France, avec le poids trop important de la finance et quelques autres paramètres, est le chômage de masse que connaît encore notre pays qui pèse sur les revenus du travail.

C’est cette situation que les « gilets jaunes » dénoncent. Ils voient la situation des cadres, notamment, habitant en général les Métropoles, s’améliorer, mais pas la leur, ce qui alimente leur colère, eux qui demeurent le plus souvent aux marges de ces mêmes métropoles.

 L’un des principaux problèmes à résoudre et le plus urgent qui figurait dans le programme du candidat Emmanuel Macron n’était-il pas celui du chômage de masse ?

Or, dans un ouvrage très intéressant, « Le Cercle des économistes » tente justement de donner des pistes en lançant une affirmation qui fait du bien dans le pessimisme ambiant : « Il n’y a pas de fatalité au chômage de masse », titre de leur ouvrage. En espérant qu’Emmanuel Macron reprendra à son compte quelques-unes des pistes des auteurs de cet ouvrage collectif (*)

Le « Cercle des économistes » a ainsi réuni près d’une quinzaine de contributeurs afin d’analyser, de comprendre, et de proposer des solutions au fléau que justement constitue ledit chômage de masse.

Ces propositions démontrent à quel point la question du chômage est globale, nécessitant des mesures qui vont bien au delà du marché du travail, traitant du logement, de l’éducation, des modes d’appropriation de l’innovation, etc.

 La thèse défendue par la quinzaine de contributeurs de cet ouvrage : les mesures connues comme l’allègement des charges et de la fiscalité ne sont pas suffisantes.

Pourquoi ? Parce que « La France est une machine à exclure ». Un constat effectué avant eux à maintes reprises.

Mais là où l’analyse se révèle intéressante est que ce travail collectif met en avant le fait que l’organisation du marché du travail n’est pas liée uniquement aux contrats et à la rémunération, mais surtout et avant tout aux compétences, à la formation et au logement.

Le Cercle des économistes rappelle qu’on a beaucoup essayé, mais pas assez mis en avant une pensée critique globale sur l’ensemble des facteurs qui contribuent au chômage : il est temps de passer à cette vision globale.

Pour une vision globale

En d’autres termes, l’addition de mesures pour mieux faire fonctionner le marché du travail ne suffit pas. Il faut s’attaquer aussi à l’éducation en amont, à la formation dans une logique de deuxième chance, à la fiscalité, à l’auto-entrepreneuriat, au logement, à la mobilité.

 D’où plusieurs propositions comme la réorganisation de Pôle emploi sur le mode délocalisé en fonction des besoins par bassins d’emplois, à l’inverse de l’organisation pyramidale qui prévaut actuellement.

Point clef du programme proposé : intégrer le logement dans la politique de l’emploi.

 On le voit bien dans le mouvement des « gilets jaunes » qui habitent le plus souvent aux marges des grands métropoles : le logement est une dimension importante,  rarement mise en avant dans la lutte contre le chômage, notamment dans le cadre de la mobilité pour tout candidat à l’emploi.

Un exemple : une allocation logement pour les jeunes en mobilité aiderait à l’acceptation d’un emploi impliquant un déménagement.

Remettre le local dans la boucle

Ils proposent aussi de puiser dans la lutte contre le partage inégal des richesses, les moyens de revaloriser les activités et les emplois de proximité.

Ce qui fait écho à une petite phrase prononcée ce week-end par le discret Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères : « Je pense que l’heure des territoires est arrivée ». Ce que, au passage, disait aussi Gérard Collomb lorsqu’il a quité le ministère de l’Intérieur.

Une manière de dire qu’il faut remettre dans la boucle les régions, les départements, les communes : les échelons parmi les plus importants pour lutter contre le chômage de masse. Bref, il est temps de réactiver les moteurs locaux.

Une expérience comme celle menée actuellement à Villeurbanne et plusieurs autres communes en France, celle « des territoires zéro  chômeurs » dont on parle trop peu, le prouve amplement.

Bref, ces économistes qui réfléchissent en groupe ont tenté de donner quelques clés aussi d’un nouveau contrat social qui semble émerger de la crise actuelle. Si tel est le cas, ladite crise se muerait en opportunité pour rebondir. On n’en est pas là, mais le « Cercle des économistes » montre du doigt quelques lueurs susceptibles de briller au fond du tunnel…

(*) « Il n’y a pas de fatalité au chômage de masse » par le Cercle des économistes (Editions Descartes et Cie)