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Il retombe dans le rouge : le supplice de Sisyphe du commerce extérieur d’Auvergne-Rhône-Alpes…

Démoralisant. Les chiffres de la balance régionale du commerce extérieur, c’est le supplice de Sisyphe à la sauce Auvergne-Rhône-Alpes. Comme Sisyphe, condamné à faire rouler éternellement jusqu’en haut d’une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet, le commerce extérieur régional à une nouvelle fois retrouvé le rouge.

Ainsi après trois années de résultats positifs, le solde affiche pour 2017 un déficit de 87 millions d’euros.

En 2017, le niveau des exportations s’est élevé à 60,026 milliards d’euros tandis que le niveau des importations a grimpé jusqu’à 60,113 milliards d’euros.

Une chute vertigineuse : rappelez-vous, en 2016, le solde frôlait en positif le milliard d’euros (+ 1,090 milliard d’euros, très précisément) !

En 2017, la région Auvergne Rhône-Alpes représente 13 % des exportations de la France et 11,1 % des importations.

Avec ce chiffre l’image d’une région Auvergne-Rhône-Alpes plus vertueuse en la matière que le reste de l’Hexagone part en lambeau.

Certes, il faut tout de même atténuer quelque peu ces propos.

Lorsque l’on regarde de près les données, c’est d’abord la bonne nouvelle de la forte hausse de l’activité économique de la région en 2017 qui transparaît.

Ce bond des importations régionales est dû d’une part à la consommation des ménages qui est repartie, mais qui n’a pu être satisfaite par la production nationale, mais aussi par les forts investissements des entreprises.

Pour répondre à une forte demande, les entreprises pour accroître leurs capacité de production ont fait appel aux équipements intermédiaires (machines outils) allemands et aux robots japonais…

Le déficit d’aujourd’hui fera-t-il les excédents de demain ? A coup sûr ce sera très long, car tous les efforts menés jusqu’à présent ne sont il faut bien l’avouer guère concluants : les investissements de la Région, mais aussi de la CCI, de la CPME pour accompagner les entreprises à l’export, le pack régional mis en place, etc. : sans doute nécessaire, mais loin d’être suffisants.

« Mis à part le luxe, l’aviation, l’espace et la pharmacie, c’est la débandade à l’export, un désastre absolu », s’inquiète l’économiste Patrick Artus dans « le Monde ».

Et d’ajouter : « Seule une poignée d’entreprises comme LVMH, Kering, Sanofi, Boiron, Airbus, Ariane Espace et leurs grands sous-traitants dégagent des excédents. C’est l’arbre qui cache la forêt ! »

 Ce qui pèche donc, outre les capacités de production, c’est le niveau de gamme et de rapport qualité-prix.

Pour reprendre une formule qui parle d’elle-même : la France vend des biens espagnols à des prix allemands… Leur contenu en innovation, notamment, est insuffisant.

Le dernier excédent commercial national, en…2003 !

La bonne nouvelle, c’est que la reprise de l’investissement des entreprises devrait se poursuivre en 2018. Elle est synonyme de gain de productivité et d’un renforcement des capacités productives.

 Le dernier excédent commercial de la France remonte à 2003, c’est-à-dire une quinzaine d’année !

Cette année 2018 ne s’annonce d’ailleurs pas meilleure pour notre commerce extérieur, avec un déficit attendu à 62,8 milliards par le gouvernement.

Un énième plan de relance avec les Régions

 Pour faire mentir le signe indien, le 23 février prochain, le secrétaire d’Etat à l’exportation Jean-Baptiste Lemoyne, va présenter le énième plan de relance de l’exportation. Fera-t-il mentir cette fois Sisyphe ?

Cette fois, semble-t-il d’après ce que l’on croit savoir, ce plan devrait davantage s’appuyer sur les Régions et ne pas être (ou moins) Jacobin.

Peut-être enfin la bonne idée, mais à voir…

L’un des gros inconvénients de ce déficit récurrent est qu’il prive notre pays d’un pourcentage non négligeable de croissance. Il explique notamment le fait que notre pays réalise une croissance systématiquement inférieure à celle de l’Union Européenne. Pour combien de temps encore, Jupiter ?