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Il serait favorable à l’économie régionale : accélérer le recours à l’hydrogène, l’un des moyens de résoudre la crise climatique

Le monde court à la catastrophe.

Reprenant le dernier rapport du Giec et l’annonce d’un taux de CO2 à nouveau en augmentation cette année dans l’atmosphère terrestre (+2 %), Emmanuel Macron a tenu un discours très alarmiste lors de la COP 23 à Bonn.

Les promesses faites lors de la COP21 à Paris ne sont malheureusement pas tenues. Trump, on le sait a quitté la barque climatique et relance le charbon aux USA ; la Chine est vertueuse en paroles, mais pas en actes, multipliant à nouveau les centrales à charbons hyper-polluantes.

C’est dans ce cadre particulièrement inquiétant qu’il faut recevoir l’étude que vient de réaliser « l’hydrogen council » qui regroupe les dix-huit principaux acteurs au monde de la filière dont un chef d’entreprise lyonnais, Laurent Burelle, Pdg de Plastic Omnium (on y trouve aussi Alstom, General Motors, Toyota, Shell, Total, Audi, Kawasaki, etc.).

Ce rapport apparaît comme une éclaircie dans un monde aux perspectives bien sombres puisqu’il assure que « l’hydrogène pourrait contribuer à hauteur de 20 % à l’objectif de réduction des émissions de CO2 à l’horizon 2050 ».

Selon cette étude intitulée en anglais « Hydrogen scaling up » (la montée en puissance de l’hydrogène), déployé à une grande échelle, l’hydrogène pourrait représenter près d’un cinquième de l’énergie totale consommé à l’horizon 2050. Ce qui serait énorme. Ce qui permettrait aussi de réduire les émission annuelles de Co2 d’environ 6 gigatonnes par rapport aux niveaux actuels.

Toujours selon ce rapport l’hydrogène pourrait alimenter 10 à 15 millions de voitures et 500 000 camions d’ici 2030.

Enfoncer le pied sur l’accélérateur

 Le constat est clair, si l’on veut tenir l’objectif de 2 % d’augmentation de la température (voire un peu moins, à 1,5 % comme escompté à Paris lors de la COP 21), il faut absolument enfoncer le pied sur l’accélérateur du développement de la filière hydrogène.

Ce qui par ailleurs serait une bonne nouvelle pour l’économie régionale : en Auvergne-Rhône-Alpes 80 % des technologies hydrogène sont présentes sur notre territoire.

Et si longtemps les collectivités ont paru peu empressées à développer cette filière, ce n’est plus le cas.

Depuis qu’il est arrivé à la tête de la Région, Laurent Wauquiez en a fait un de ses axes prioritaires avec la volonté d’en faire une filière d’excellence ; et ce, en lançant le projet Zéro Emission Valley déjà évoqué par lyon-Entreprises.

Rappelons l’objectif : il s’agit de déployer un millier de véhicules à pile à hydrogène, alimentés par un réseau de vingt stations de recharge, et quinze électrolyseurs pour produire cet hydrogène avec du début à la fin de ce processus, zéro émission de CO2.

Car si, comme en Chine, par exemple, l’on produit de l’hydrogène en s’appuyant sur l’électricité émanant de centrales thermiques à charbon, le bilan carbone s’avère très mauvais. Il s’agit là de prendre le contrepied de ce mauvais exemple.

« S’imposer comme un territoire leader de la filière »

« Nous voulons nous imposer comme un territoire leader sur cette technologie et la mobilité zéro émission », a ainsi expliqué aux « Echos » le président de la région.

Générer de l’hydrogène est d’ailleurs aussi une manière de stocker de l’électricité, et ainsi de trouver une utilisation à l’énergie générée en heures creuses par les éoliennes ou les barrages.

Enfin pour l’automobiliste, le temps de recharge de la pile à hydrogène est faible : entre 3 et 5 minutes pour une autonomie de 300 à 600 kilomètres, selon SymbioF Cells, une PME grenobloise qui fait partie des pionniers du secteur : elle a conçu un modèle de pile à hydrogène qui s’adapte sur la Kangoo de Renault.

70 millions d’euros

 L’objectif du programme « Zéro émission valley », financé par les différents acteurs à hauteur de 70 millions d’euros (dont 15 millions pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes) est d’amener la filière à atteindre la taille critique. Le partenariat regroupe autour de la région des PME comme McPhy et SymbioF Cells,mais aussi des grands groupes comme Michelin et Engie.

En combinant leurs efforts, les entreprises et les acteurs publics (dont La Poste) doivent atteindre un total d’un millier de véhicules. Dans le même temps, vingt stations de recharge vont être construites en Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour Laurent Wauquiez l’essor de la filière hydrogène pourrait permettre de créer 5 000 emplois en cinq ans. Ce n’est donc pas demain, mais aujourd’hui qu’il faut mettre le cap sur l’hydrogène…

Et à cet égard, la Région a une légitimité : ne produit-elle pas déjà avec ses barrages (mais pas que…) près de 40 % de l’électricité renouvelable de l’Hexagone… ?