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Immobilier, la double peine lyonnaise : la forte chute de la construction neuve se double d’une hausse des logements inoccupés, mais plus encore…

Selon les statistiques, chaque année, de 12 00 à 15 000 nouveaux arrivants, attirés par son dynamisme économique s’installent dans la Métropole lyonnaise. De nouveaux habitants qu’il faut bien loger.

Et c’est là que le bât blesse. A plusieurs reprises, lyon-entreprises a mis le doigt sur la diminution constante, depuis 2016 de la construction neuve à Lyon et dans la Métropole qui amène les professionnels de l’immobilier à tirer à intervalle régulier la sonnette d’alarme.

Ainsi, de 6 000 logements neufs construits en 2016, ce chiffre est désormais presque divisé par deux.

A telle enseigne que les responsables de l’Observatoire immobilier du Rhône (le CECIM) n’hésitent pas à évoquer désormais “ des chiffres catastrophiques”. D’où de manière inéluctable, selon les professionnels de l’immobilier, “une augmentation des prix” à venir,, mais aussi le risque quasiment assuré “de l’étalement urbain et de l’artificialisation des sols”. Or, dans la période actuelle, ce n’est pas vraiment l’objectif recherché…

L’objectif de l’exécutif métropolitain, inscrit dans son plan de mandat de construire 6 000 logements neufs peut permettre de pallier cette tendance, mais assurément cela prend du temps et risque bien de ne pas être suffisant.

Car deux autres phénomènes sont en train d’aggraver la tendance à la raréfaction des logements habitables dans la métropole lyonnaise.

Le premier est le lièvre soulevé par nos confrères de Médiacités, le Médiapart lyonnais, qui a comptabilisé 18 000 logements inoccupés sur la Métropole sur un total très précis de 755 615 habitations.

Ainsi, selon notre confrère, à l’échelle de Lyon, environ 9 000 appartements et maisons étaient inoccupés à Lyon au 1er janvier 2020 ; tandis qu’à l’échelle de la Métropole, 17 736 logements étaient vides depuis plus de deux ans.

Les passoires thermiques interdites à la location…

En cause le plus souvent : la vétusté des lieux, ce qui se traduit souvent par des squats.

Une autre menace se profile et elle pourrait faire encore plus mal, l’impossibilité de louer à terme les passoires thermiques, il est vrai aussi fort nombreuses. C’est ce qu’a décidé la loi pour obliger les propriétaires à effectuer les travaux nécessaires. Mais tous le voudront-ils ou surtout, le pourront-ils, malgré les aides annoncées ?

Souvenez-vous, c’était l’une des propositions phares de la Convention citoyenne pour le climat que le gouvernement a inscrite dans le projet de loi issu de ses travaux.

Cette interdiction, qui concerne les logements classés F ou G dans le diagnostic de performance énergétique (DPE), ceux qui consomment plus de 330 kWh par m2 et par an, va se faire par étapes.

Mais çà va arriver vite : un décret dispose que dès le 1er janvier 2023, les pires « passoires thermiques », c’est-à-dire les logements dont la consommation énergétique finale dépasse 450 kWh par m2 et par an, ne pourront plus être remises en location dans les métropoles. Au-delà de ce seuil, le logement ne sera plus considéré comme « énergétiquement décent ».

Ensuite, dès 2028, ce seront les logements thermiquement classés F ou G, très nombreux, que l’on ne pourra plus mettre en location.

120 000 passoires thermiques dans la Métropole ?

Or, La France compte actuellement environ 4,8 millions de « passoires thermiques » , soit 17 % du parc de logements, selon le Commissariat général au développement durable.

Or, si l’on prend ce ratio de 17 % dans la Métropole lyonnaise cela fera 120 000 logements qu’il ne sera plus possible à cette échéance de louer !

Certes, il reste six ans pour adapter ce parc aux nouvelles normes, mais on constate qu’à l’aune de l’état actuel de la construction dans la Métropole et des conséquences induites par le changement climatique, l’investissement nécessaire pour construire suffisamment de logements neufs et mettre le parc à niveau s’avère tout simplement colossal. Autant de raisons pour accélérer diablement le rythme !

Au passage d’ailleurs, une bonne nouvelle pour les professionnels de l’immobilier qui, s’ils manquent actuellement de bras, ne vont pas manquer de chantiers…

https://www.lyon-entreprises.com/actualites/article/logement-neuf-lyon-chiffres-catastrophiques.