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Bocuse (Jérôme) contre Bocuse (l’Institut d’Ecully) : un bras de fer qui ne ferait que des perdants

Du fait d’un litige sur l’utilisation de la marque Bocuse, le célèbre Institut culinaire d’Ecully pourrait bien perdre son prestigieux patronyme. Tel sera l’enjeu d’un procès qui devrait avoir lieu en 2023, mettant en ébullition l’Ecole qui perdrait fortement de son aura si elle est condamné à perdre son nom, mais aussi ses alumnis (anciens élèves de l’Ecole)…

Après la mise en sommeil de la cité de la Gastronomie du Grand Hôtel-Dieu à Lyon, puis la claque donnée cette année aux restaurants lyonnais lors de la dernière édition du Guide Michelin, une nouvelle affaire pourrait bien encore ternir l’image gastronomique de Lyon qui ne cesse de pâlir ces derniers temps.

Cette fois c’est une bataille juridique entre l’Institut Paul-Bocuse installé dans le Château de Vivier à Ecully et le groupe Bocuse dirigée par le fils de “Monsieur Paul”, Jérôme, qui s’apprête à faire les choux gras des chroniqueurs judiciaires.

L’Institut Paul Bocuse pourrait en effet l’année prochaine perdre son illustre patronyme. Et donc perdre son aura dans de grandes proportions.

Redevance

Tout a débuté avec une demande de redevance de la part de Jérôme Bocuse, propriétaire du nom de son défunt père, pour l’utilisation de la marque Bocuse par l’Institut d’Ecully.

Pour Jérôme Bocuse, “la seule redevance qui a été discutée avait comme objet de financer le contrôle de l’usage du nom ‘Bocuse’” et d’ailleurs précise-t-il n’avait rien à voir avec “les sommes extravagantes” qui ont pu être citées. (*)

Reste que l’Ecole a refusé de payer.

Voyant cela Jérôme Bocuse a porté le litige devant les tribunaux : l’affaire sera jugée l’année prochaine.

Dominique Giraudier, directeur de l’Institut Paul-Bocuse, n’a de cesse d’assurer qu’il est dans « une attitude d’apaisement et de dialogue » pour que l’Ecole puisse garder son nom. Mais pour l’instant, sans succès.

Il faut savoir qu’une convention avait été signée pour l’utilisation de la marque Bocuse, entre le groupe de”Monsieur Paul” et d’Ecole d’Ecully qui sans ce sérieux accroc devait normalement se poursuivre jusqu’en… 2037.

Que reproche donc à l’Institut, Jérôme Bocuse, le patron du groupe créé par son père ?

Dans une lettre destinée aux alumnis (anciens élèves) de l’Institut qui craignent beaucoup pour la validité et l’image de leur diplôme, Jérôme Bocuse avait résumé ces griefs à l’égard de la direction actuelle de l’Ecole.

Il explique ainsi que “les premières difficultés sont anciennes et déplorées par mon père de son vivant, malgré l’existence d’un contrat d’usage de son nom, très simple et clair, qui à son grand regret était de moins en moins respecté.’

Ainsi, “il déplorait en autres que son nom serve à promouvoir des produits de marques de l’agroalimentaire, à rebaptiser ‘Bocuse’ la classe Affaire d’Air France Paris/New-York, ou même encore à signer un menu ‘Bocuse’ servi dans un EPAHD, tout cela sans même en avoir été averti, et brouille l’image de l’Institut qui porte son nom. Cela ne correspondait en rien à l’esprit de l’association dont il était le fondateur.”

Et pour Jérôme Bocuse, “depuis son décès, et le changement de direction de l’Institut, les manipulations et les manquements ont pris une ampleur sans précédent.”

Et d’enfoncer le clou : “jour après jour, décisions unilatérales et bouleversements organisationnels ternissent et malmènent les valeurs et l’Image de Paul Bocuse et instrumentalisent le nom ‘Bocuse’ pour transformer le projet pédagogique qu’il a toujours soutenu en projet marketing global. Si l’Institut affiche des objectifs toujours plus ambitieux, et plus glorieux pour certains, c’est très souvent et malheureusement au détriment des élèves et des valeurs d’excellence que l’Institut et ses professeurs ont jusqu’alors toujours su incarner.”

“Engagements auprès des alumnis”

A propos des craintes exprimées par l’association des anciens élèves de l’Institut, Jérôme Bocuse explique “avoir pris des engagements auprès du représentant des alumnis pour soutenir si nécessaire son association et garantir les élèves et anciens élèves qu’ils ne seraient pas touchés par le litige généré par l’attitude du dirigeant de l’Institut.” Cela signifierait que les anciens élèves conserveraient un diplôme au nom de l’Institut… Mais quid des nouveaux et futurs diplômés ?

On en est là.

On pourrait espérer que cette affaire se règle à l’amiable, d’ici le procès ce qui serait bon pour l’image gastronomique de Lyon et éviterait d’entacher à la fois l’image de l’Ecole et du Groupe Bocuse. Mais malheureusement, tout indique que ça n’en prend pas le chemin…

(*) Lettre de Jérôme Bocuse aux alumnis.