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L’Agence Européenne du Médicament, de Londres à Lyon ?

 C’est la députée européenne, vice-présidente du Groupe Parti Populaire Européen, Françoise Grossetête, qui a tiré la première.

 Elle a basculé un pavé dans la mare en annonçant qu’elle souhaitait que “suite au Brexit, Lyon soit candidate pour accueillir l’Agence Européenne du Médicament”

 « Un rôle primordial »

Elle explique : “Depuis 1995 l’Agence Européenne du Médicament a pour mission de protéger et promouvoir la santé publique à travers l’évaluation et la supervision des médicaments. C’est notamment elle qui coordonne le travail des agences nationales et délivre les autorisations de commercialisation pour le marché européen. Un rôle primordial ! Or, il serait inconcevable qu’une Agence européenne officielle soit basée en dehors du territoire de l’UE. L’Agence est une victime collatérale du Brexit. Je veux donc demander la relocalisation de l’Agence européenne du médicament à Lyon”.

Une proposition qu’elle a non seulement transmise à Gérard Collomb, mais aussi à la ministre de la Santé, Marisol Touraine ; mais encore au Commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, “afin que la ville fasse rapidement valoir ses atouts pour accueillir l’Agence”.

La ville de Lyon est en effet depuis longtemps un pôle majeur de recherche et d’innovation dans le domaine médical. Siège mondial de Sanofi, le géant français du médicament, et de nombreux autres laboratoires, tel que Bio-Mérieux, la ville accueille chaque année le forum international des sciences de la vie (Biovision) où se retrouvent décideurs, universitaires et start-ups de biotechnologies”, a-t-elle martelé.

On pourrait y ajouter le pôle de compétitivité Lyon-biopôle, le n°1 en France des sept pôles consacrés à la santé et pôle reconnu d’envergure mondiale.

On y trouve aussi « l’Organisation mondiale de la Santé qui y a déjà établi son Bureau régional pour l’Europe”, rappelle également la députée. 

Seulement, cet éventuel déménagement de l’Agence Européenne du Médicament suscite également des appétits strasbourgeois.

Strasbourg sur les rangs, mais aussi Barcelone

Ainsi, Eric Senet, un élu strasbourgeois a, lui, a émis l’hypothèse que l’Agence déménage… à Strasbourg.

 Il est vrai que la capitale alsacienne recèle aussi un argument de poids : c’est là où est installé un autre organisme : « la Pharmacopée européenne » qui a « un rôle fondamental dans la normalisation de la qualité des médicaments et leur certification : principes actifs, produits biologiques, vaccins ».

 Aux dernières nouvelles, une troisième candidature s’est faite jour : celle de Barcelone...

 Mais cela vaut-il vraiment le coup de se battre entre métropoles pour rapatrier cette agence, une pure hypothèse pour l’instant puisque l’on ne sait même pas encore si le Brexit ira à son terme, tous les acteurs britanniques, y compris les propres promoteurs du Brexit, repoussant l’échéance le plus tard possible, vu les lourdes conséquences induites.. ?

 Oui, le jeu en vaut la chandelle dans la mesure où cette Agence actuellement installée dans le quartier des Docks à Londres ne pourra que voir à l’avenir son rôle s’amplifier.

 Elle a en effet un rôle proche de celui de FDA (Food and Drugs Administration) américaine, avec pour mission « la protection et la promotion de la santé publique et animale à travers l’évaluation et la supervision des médicaments à usage humain et vétérinaire. »

 Tous ces médicaments mis sur le marché en Europe doivent être approuvés par l’intermédiaire d’une procédure centralisée.

 Un réseau de 4 000 experts

Dotée d’un budget supérieur à 200 millions d’euros, elle compte actuellement près de 450 personnes qui supervisent un réseau de plus de 4 000 experts dans toute l’Europe.

 Si jamais elle doit un jour quitter la Grande-Bretagne, cette Agence donnera à sa métropole d’accueil une visibilité internationale supplémentaire. Mais faut-il pour autant souhaiter que, pour ce faire, le Brexit soit effectivement consommé ? Pas si sûr…