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L’avenir de l’autoroute A 45 Lyon-Saint-Etienne à nouveau en suspend : le silence radio du gouvernement

La nouvelle était très attendue par les partisans de l’A 45, cette autoroute bis à péage qui doit relier Lyon Saint-Etienne. Le Conseil d’Etat a rendu la semaine dernière un avis favorable au décret ministériel lançant après des années, voire des décennies d’atermoiement, la construction de ce nouveau ruban de bitume, destiné à doubler l’A 47 hyper-saturé.

Il ne manquait que ce feu vert du conseil d’Etat pour que le processus soit lancé, car côté financement, tout est bouclé. Le groupe Vinci, le concessionnaire, mais aussi l’Etat et les collectivités locales, tout le monde est d’accord pour mettre la main à la poche (*).

L’un des plus actifs opposants à ce projet qui traversait son ex-circonscription, le député de Givors, Georges Fenech (LR) ayant été battu lors des dernières élections législatives, tous les clignotants étaient admirablement au vert.

Sauf qu’entretemps le bouleversement politique amené par l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron a rebattu les cartes au niveau de l’Etat.

Ainsi celui perçu comme l’un des principaux opposants, Nicolas Hulot s’est installé au poste de ministre de l’Ecologie. Il aura donc son mot à dire sur ce dossier, ce qui n’a pas manqué de requinquer les opposants qui se sont empressés de manifester contre l’autoroute pour bien montrer qu’une forte opposition à sa construction est toujours mobilisée.

Retour à la case départ.. ?

En réalité, malgré ce feu vert du Conseil d’Etat aux travaux, le suspens reste entier et l’on se retrouve (presque) à la case départ.

Présent à Lyon pour tester notamment la navette électrique sans conducteur Navya à Confluence, le ministre de la Transition énergétique, s’il a la même semaine vertement contredit son homologue ministre de l’agriculture sur les néonicotinoïdes, ces pesticides si controversés, n’a pas manqué de botter en touche concernant l’A 45.

 « Il m’est arrivé de prendre position sur une certain nombre de sujets, mais pour l’A 45, je ne l’ai pas fait », a-t-il assuré, au grand désappointement des opposants au projet.

 Et d’expliquer qu’il voulait « évaluer d’abord la pertinence des arguments des uns et des autres et les situations juridiques » ; tous éléments pourtant déjà intégrés depuis longtemps dans ce dossier au long cours…

« Arrêtons cette espèce de frénésie… »

 Et d’ajouter : « Arrêtons cette espèce de frénésie qui nous obligerait à prendre des décisions qui nous tue tous… »

Tout semblait donc joué, mais non : à nouveau il est urgent d’attendre. Six mois comme pour Notre-Dame-des-Landes ?

Nul ne sait, car de son côté, Elisabeth Borne, la nouvelle ministre des transports a, elle, pratiqué de son côté un total silence radio.

La demande de Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne l’invitant à signer sans attendre le contrat avec le concessionnaire désigné, en l’occurrence, Vinci, n’a pour l’instant eu aucun écho.

Même prise de position de la part de Laurent Wauquiez qui a voté une participation exceptionnelle au futur chantier de 131,6 millions d’euros : « Sur ce sujet, la continuité de l’Etat doit être assurée » a ainsi déclaré le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour venir en appui au projet.

Enfin, dernier appel pressant : le monde économique régional, c’est-à-dire les CCI, le Medef et la CPME ont envoyé lundi 3 juillet une lettre ouverte à destination du président de la République, à l’heure où il s’exprimait à Versailles, rappelant l’urgence de cette infrastructure. A lire ci-dessous (1)

On sait souvent que la meilleure manière d’éviter les problèmes est de les ignorer. Mais cela ne peut pas durer éternellement : il serait bon que le gouvernement tranche une fois pour toutes sur ce dossier qui a déjà suffisamment traîné. Car pendant ce temps là, la thrombose s’accentue sur l’A 45.

Il n’est que temps d’agir, la mise en service de la nouvelle autoroute étant programmée, si les travaux se font, pour la fin…2022.

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(*) Vinci doit assurer un tiers de l’investissement, évalué à 1,2 milliard d’euros ; tandis que trois collectivités territoriales (Saint-Etienne Métropole, le Conseil départemental de la Loire et la Région doivent apporter ensemble une subvention d’équilibre de 790 millions d’euros

(1) Lettre ouverte du monde économique à Emmanuel Macron :   » Alors que le Conseil d’Etat vient de rendre un avis favorable au projet de l’A45 Lyon/Saint-Etienne, le monde économique interpelle le Président de la République par un courrier qui souligne l’urgence de réaliser cette infrastructure dans les plus brefs délais.

Les principales instances économiques d’Auvergne-Rhône-Alpes, et notamment du bassin Lyon/Saint-Etienne, attirent l’attention du Président de la République à travers un courrier réaffirmant l’importance de « ne plus perdre de temps sur ce dossier qui a déjà pris trop de retard et qui représente un enjeu vital pour le territoire, son économie et le quotidien de ses habitants ».

Près de 25 ans après que la procédure a été lancée et presque 10 ans après la signature de la déclaration d’utilité publique, ils rappellent que toutes les étapes légales ont été respectées ; que les financements sont aujourd’hui assurés et qu’il est donc : « …maintenant indispensable que le Ministre des Transports procède à la signature du contrat avec le concessionnaire qui a été désigné pour que la date d’ouverture de la nouvelle infrastructure puisse bien intervenir en 2022 ».

Le monde économique insiste dans ce courrier sur le caractère « vétuste, dangereux, inadapté et saturé de l’A47 », seul axe structurant existant entre Lyon et Saint-Etienne et réclame l’A45 :

 le premier lien direct, sûr et performant, entre Lyon et Saint-Etienne, ramenant à 48 km la distance entre la Métropole de Lyon et la future Métropole de Saint-Etienne,

 un vecteur favorable au développement économique, avec une création de valeur induite estimée à plus de 100 millions d’euros la première année,

un moyen d’appui à la structuration métropolitaine entre Lyon et Saint-Etienne, conformément aux orientations de la Directive territoriale d’aménagement de l’Aire métropolitaine lyonnaise signée par le Premier ministre le 15 janvier 2007,

un nouvel axe porteur d’une vraie ambition écologique avec un ouvrage en total conformité avec les exigences de préservation de l’environnement tout en garantissant la sécurité des usagers. «