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L’exemple d’Orapi à Saint-Vulbas : réussites et obstacles de l’usine 4.0

Inaugurée en début d’année 2018, cette usine est totalement informatisée. Fascinant et… surprenant : ce n’est pas l’emploi qui a trinqué. Le Pdg d’Orapi recherche actuellement trente profils qu’il ne trouve pas pour faire tourner au mieux son usine. Une usine dont le rodage n’est par ailleurs toujours pas terminé…

 Les spécialistes et consultants de tout poil nous le serinent à longueur d’années : l’avenir et le retour au devant de la scène de l’industrie française passera par sa transformation numérique, ce que l’on appelle l’usine 4.0.

 Peu d’usines encore dans la région bénéficient encore de ce label 4.0. L’une d’entre elles le mérite cependant amplement. Celle qu’a inaugurée en début d’année 2018 Guy Chifflot, le Pdg d’Orapi, belle société cotée en Bourse, spécialisée dans les produits de nettoyage : un millier de références qui sortent chaque année de son usine.

 On comprend qu’il ait sauté le pas : il en attend (à terme) un gain de productivité de l’ordre de 40 % !

 Pourtant, à l’entendre, passer comme il le dit « du tracteur à la Formule 1 », n’est pas un chemin de rose, même si désormais la transformation numérique est la condition sine qua non de la relance de notre industrie.

Six kilomètres de tuyaux gérés par ordinateurs

 Entre le moment où, arrivant à l’usine 4.0 de Saint-Vulbas, le chauffeur du camion-citerne apportant les produits chimiques de base, branche manuellement le tuyau reliant sa citerne pour livrer son produit à l’usine, jusqu’au moment où les produits sont mélangés dans des sortes d’énormes chaudrons, des « réacteurs » de 15 à 5 000 tonnes, aucune intervention humaine à l’horizon ! Tout et notamment les six kilomètres de tuyaux sont gérés par ordinateur. Et c’est vrai, lorsqu’on se promène dans cette usine, on aperçoit ici ou là un salarié, mais celui-ci a le plus souvent les yeux rivés sur son ordinateur, mais c’est tout…

 Cela fait six mois que l’usine tourne, après deux ans de travaux : ses différents produits sortent en bout de chaîne, mais cela ne va pas sans difficulté. «  notre usine 4.0 englobe la totalité du process : de la prise des commandes à l’ordre de mise en place des différents fabrications, aux commandes aux chimistes qui nous approvisionnent. Vu la complexité, il a fallu résoudre beaucoup d’erreurs, ce qui freine la vitesse de production »,  est bien obligé de constater Guy Chifflot.

Une forte évolution du niveau de qualification

Et au niveau de l’emploi, comment cela s’est-il passé ? L’ancienne usine Orapi de Vénissieux, traditionnelle et franchement vieille existe toujours. Cantonnée au développement des poudres et pastilles, elle compte actuellement 25 salariés.

 Quinze volontaires ont accepté de travailler dans la nouvelle usine, le reste du personnel était constitué d’intérimaires.

 Les ouvriers ayant accepté le transfert sont passés par le centre de formation maison basé à Vaulx-en-Velin. Mais cela n’a pas suffit : «  en passant à l’usine 4.0, on élève de manière importante les niveaux de qualification. Et même en nous engageant nous-mêmes à former nos techniciens, nous avons énormément de mal à trouver les bons profils : nous recherchons encore et toujours, actuellement trente personnes, nous manquons de compétences, comme des opérateurs machines, voire même des caristes…et nous ne les trouvons pas », est bien obligé de constater Guy Chifflot.

 L’usine qui compte 150 salariés pourrait donc en accueillir trente de plus. Ces « trous » dans l’effectif, associés à la période de rodage que continue à vivre cette usine 4.0, expliquent qu’elle est encore loin de tourner comme une horloge Guy Chifflot espère que ce sera le cas d’ici la fin de l’année. Ainsi va la dure, mais nécessaire marche vers l’usine 4.0…