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La connexion privilégiée entre la Chine et Lyon : un mirage ?

On le sait, les relations lyonno-chinoises ne datent pas d’aujourd’hui. Leur histoire est riche avec la création, en 1921, de l’Institut Franco-Chinois qui fut l’unique Université chinoise créée hors de Chine . Mais jusqu’à présent, il faut bien le reconnaître, la volonté de s’appuyer sur ces relations historiques n’a pas débouché sur grand chose.

Pour bien marquer cette volonté, il y a trois ans, en 2014, le président Xi Jinping était à Lyon pour acter le renouveau de cet historique Institut franco-chinois, le tout entouré de prestigieux parrains économiques, notamment le Groupe Seb et l’Institut Mérieux.

Une seule entreprise chinoise sur 103

Une connection Lyon/Pékin semblait alors être bien mise en place. On allait voir ce qu’on allait voir… Or, trois ans après, lorsque l’Aderly a présenté son bilan 2017, il y a quelques semaines, une seule entreprise chinoise pointait parmi les 103 entreprises qui avaient choisi Lyon pour s’implanter : Abos, une société spécialisée dans les tracteurs, propriété du Chinois Foton-Loval.

On évoque de méga-projets chinois dans certaines villes de France, comme à Marseille, autour du textile, mais à Lyon, rien pour l’instant de bien tangible.

Il existe bien une fédération des chefs d’entreprise chinois à Lyon, mais elle ne compte que quatre-vingts adhérents.

Il est vrai que dans les deux sens, à l’export, comme à l’import, l’installation de la Bank of China à la prestigieuse adresse au n°1 de la rue de la République à Lyon a donné l’impression que ça y était, que le processus était enclenché et que les relations Lyon/Chine avaient trouvé leur carburant financier. Certes, en partie, mais, là, rien encore de bien spectaculaire.

Faut-il alors que Lyon s’appuie sur le grand projet de Xi Jinping à 1 000 milliards de dollars : la renaissance de la Route de la Soie ?

On a là, c’est vrai, une traduction tangible de cette route puisque une d’entre elles, ferroviaire est effectivement sur les rails. Elle se traduit pour l’heure par l’arrivée de wagons deux fois par semaine qui partent de Wuhan dans le centre de la Chine pour arriver près de Saint-Priest, mais c’est déjà çà ; une ligne créée à l’initiative d’Asia-Europe Logistics (WAE) : une route 80 % moins chère que l’avion…

De manière beaucoup plus générale, beaucoup s’interrogent sur les avantages et les dangers de de projet de nouvelles Routes de la Soie initié par l’actuel Grand Timonier chinois Xi Jinping ?

Un projet de communication

On le voit bien : ces nouvelles Routes de la Soie concentrent sur leur nom et sous couvert de projets économiques plusieurs ambitions. C’est avant tout un projet de communication extrêmement bien packagé.

Il y a en effet derrière ce plan une dimension de diplomatie économique qui doit permettre à Pékin et à ses entreprises de trouver des relais de croissance hors de Chine.

Mais ce n’est pas tout, c’est aussi un projet qui entend exporter ce que l’on appelle désormais « le soft power » chinois et sa volonté de refondre patiemment la gouvernance de la planète à ses vues.

On comprend bien l’intérêt de ces Routes pour la Chine. Mais peut-on en contrepartie espérer en tirer de fort dividendes ? Or ces routes sont le plus souvent développées dans un seul sens : Chine-Europe. Et pour l’heure, il arrive à Saint-Priest dans les containers beaucoup plus de marchandises chinoises qu’il n’en est exportées de Lyon vers la Chine.

On sait que l’un des qualités des Chinois est la patience. Suffira-t-il d’attendre pour que l’on voit démarrer une vraie connexion économique entre Lyon et la Chine. Que la liaison Lyon/Pékin (ou Shanghai) annoncée depuis quelque temps maintenant voit le jour et constitue le facteur déclenchant ?

Pour l’instant cette connection Lyon/Chine qui reste plutôt embryonnaire, fait plutôt figure de mirage. Mais peut-être, l’année du Chien qui, d’après l’horoscope chinois doit mêler honnêteté et pragmatisme, va-t-elle enfin la faire décoller.. ?