Le coût des difficultés de recrutement dans l’informatique en Auvergne-Rhône-Alpes estimé à près d’1 milliard d’euros…
Sept mille places ne trouvent pas preneur dans la région, ce qui constitue un vrai frein pour le développement des entreprises du secteur…
Pour Jean-Michel Bérard, le patron d’Esker et président du cluster régional numérique, Digital League, le coût des difficultés de plus en plus importantes dans le secteur numérique avoisine le milliard d’euros !
Pour lui qui reçoit en permanence les doléances de ses confrères, le calcul est simple : « Notre déficit est de 7 000 emplois que nous n’arrivons pas à pourvoir A raison d’un peu plus de 100 000 euros de richesses crées par emploi, on se rapproche d’un coût pour notre industrie du numérique proche du milliard d’euros. Soit près de 0,5 % du PIB d’Auvergne-Rhône-Alpes qui est de 220 milliards d’euros. »
Lyon-entreprises s’est souvent fait l’écho de ces difficultés à recruter, il est vrai désormais inhérentes à tous les secteurs de l’économie.
Mais c’est bien dans l’informatique et le Web que le problème est le plus cuisant.
Selon l’étude menée par EY pour le cluster numérique régional, en 2018, 71 % des chefs d’entreprises du secteur (contre 60 % en 2017) n’arrivent pas à mettre un salarié en face d’un ou le plus souvent de plusieurs postes qu’ils désirent créer ; bref, ils connaissent de sérieuses difficultés pour embaucher.
Tous les métiers. du numérique ne sont pas logés à la même enseigne. Les difficultés de recrutement varient de 80 % chez les data scientists, à 72 % dans les métiers de la programmation et du développement objet, allant à 45 % dans la conception et la gestion de projet.
Des salaires qui flambent
Chaque entreprise cherche à trouver des solutions en freinant au maximum son turn over, relativement important dans le secteur, en améliorant notamment la qualité de vie dans l’entreprise, en développant l’apprentissage, en allant recruter des profils à Paris ou chez les confrères, etc.
Les conséquences à trouver les profils recherchés amènent les entreprises à refuser des contrats qu’elles ne peuvent honorer. C’est le cas de Catherine Bocquet, dirigeante de SFI, une société stéphanoise de 25 personnes (sites Internet et bornes interactives) qui, la mort dans l’âme a dû récemment refuser « un gros contrat ». Les témoignages allant dans ce même sens abondent.
Autre conséquence de la raréfaction des candidatures : les salaires flambent, « au-là du raisonnable parfois », estime ainsi un autre chef d’entreprise du secteur.
L’avenir de l’informatique passera-t-il par les femmes ?
Une des solutions résiderait dans un apport féminin plus important aux métiers du numérique où elles sont extrêmement minoritaires : il n’y a que 29 % de femmes dans le secteur informatique dont une forte partie dans les fonctions support.
C’est avant ou une question d’image du secteur. « Tant que l’on représentera les informaticiens à la TV ou dans les films, comme des geeks qui passent la nuit devant leur ordinateur en ne se nourrissant que de burgers, et faisant fi de sa santé… » estime le patron d’une entreprise de 50 salariés basée à Clermont-Ferrand.
La situation semble encore pire en Allemagne, un autre patron de la région, expliquant arrêter d’embaucher pour sa filiale basée dans ce pays.
Le numérique en Auvergne-Rhône-Alpes : 64 600 salariés
Reste que malgré ces difficultés d’embauches, la conjoncture est tellement favorable que ce secteur explose malgré tout : entre 2013 et 2017, la croissance des emplois s’est établi à 14,44 %.
Trois mille nouveaux emplois ont été créés entre 2016 et 2017. Probablement au moins autant cette année. Soit à lui seul le numérique aura créé autant de postes que les autres grands secteurs économiques de la région : chimie, plastique, métallurgie, agroalimentaire, fabrication de machines et équipements, tous réunis.
L’informatique fait désormais travailler 64 600 personnes en Auvergne Rhône-Alpes.
Cette situation, à l’heure où le chômage dépasse encore les 8 % de la population active en Auvergne-Rhône-Alpes, que les secteurs qui embauchent massivement ne sont pas légion. A y regarder de près, le numérique est même le seul à croître avec cette ampleur. Et ce n’est sans doute qu’un début…