Le patronat lyonnais et les écologistes au pouvoir à Lyon : vers le dégel ?

Ils ont enfin pris langue, mais il a fallu attendre trois mois après leur arrivée à la mairie de Lyon et à la Métropole. Qui ? Le patronat lyonnais du Medef et les écologistes qui se sont hissés au pouvoir.

Le rendez-vous figurait à l’agenda officiel du président de la Métropole de Lyon ,Bruno Bernard. Il a reçu Laurent Fiard, le président du Medef Lyon Rhône le vendredi 2 octobre à 15 h 30.

Une première rencontre qui fait suite à d’autres rendez-vous manqués.

Tout a commencé lors de la campagne des municipales. Le Medef Lyon-Rhône qui, alors ne croyait pas à l’irruption dans le paysage lyonnais des écologistes avait invité à s’exprimer devant ses troupes les trois principaux candidats à la présidence de la Métropole, Gérard Collomb, François-Noël Buffet et David Kimelfeld, mais sciemment, pas Bruno Bernard.

En revanche, après l’élection, ce dernier, ainsi que le nouveau maire de Lyon avaient pourtant été conviés tout récemment à la grande fête du Medef, “l’Odyssée des entrepreneurs ”, sous-titrée cette année « Métamorphoses » qui s’est déroulée le 25 septembre dernier, au Double Mixte à Villeurbanne, où l’on pouvait croiser tout le gratin de l’écosystème économique de la Métropole.

Réponse du berger à la bergère ? Toujours est-il que ni l’un ni l’autre ne s’est rendu sur place, ni même a envoyé des représentants.

Ce que regrettèrent dans Lyon-Entreprises, Laurent Fiard et Patrick Martin, le n°2 national du Medef, évoquant leur crainte “ sur l’attractivité de la Métropole de Lyon”, avec l’arrivée des écologistes au pouvoir.

Pourtant, chef d’entreprise et même serial entrepreneur, Bruno Bernard n’a cessé de clamer avant et après son élection à la Métropole qu’il était pro-business. “ « Je suis un chef d’entreprise, cela influe sur ma façon d’être, d’agir et de penser … », devait-il ainsi déclarer à Lyon-Entreprises.

Ajoutant : « L’économie est compatible avec l’écologie : je ne suis pas un décroissant ».

Un parti vert hétérogène

C’est sans doute ce qu’il a répété dans le secret de son bureau à Laurent Fiard, mais on n’en saura pas plus.

Il est vrai qu’appréhender la diversité des Verts peut s’avérer complexe.

Deux lignes principales co-existent en son sein. Une ligne que l’on pourrait qualifier de “réformiste” et “pro-business” à laquelle appartiennent Yannick Jadot et Bruno Bernard ; et une ligne plus pure et dure, agrémentée d’un certain sectarisme..

Une ligne à laquelle, vu ses premières déclarations semble appartenir Grégory Doucet, le nouveau maire de Lyon. Ce dernier se trouverait ainsi sur une ligne proche de celle du maire de Grenoble, Eric Piolle, en concurrence avec Yannick Jadot pour la prochaine présidentielle.

L’existence de ces deux lignes au sein de la formation hétérogène qu’est EELV peut aussi être un atout pour le patronat lyonnais, avec un coin à enfoncer là où c’est le plus facile. D’autant que la réalité du pouvoir politique est désormais à la Métropole, pas au sein de la Ville de Lyon.

Une certitude en tout cas : la Métropole n’a rien à gagner à des relations glaciales entre les Verts et le patronat : de nombreux dossiers risqueraient d’être encalminés.

A quelques semaines de son départ annoncé (au plus tard, à fin décembre), Laurent Fiard a donc là un rôle non négligeable à jouer.

Alors, ce dégel, c’est pour bientôt ?