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L’ultime décision est prise : Lyon désormais dans le grand bain d’une ZFE durcie, les entreprises plongent prudemment

Face aux critiques, Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon a décidé de répondre par de la pédagogie. On lui reprochait la trop vive allure avec laquelle l’exécutif avait décidé d’accentuer la mise en place de la désormais fameuse Zone à Faible Emission (ZFE) lyonnaise.

C’est parti : un vote de la Métropole, lundi 14 mars, après une longue concertation lance juridiquement le vaste espace qui est destiné à faire baisser la pollution automobile à Lyon.

Ça va très vite arriver : dès le 1er septembre 2022, les véhicules des particuliers de Crit’Air 5 et non classés auront l’interdiction de circuler dans cette Zone à faibles émissions (ZFE). Sauf que les contrevenants ne seront pas verbalisés. Du moins pas immédiatement. Il s’agira d’une ZFE pédagogique : les contraventions ne tomberont que le 1er janvier 2023 pour les mauvais automobilistes.

Des aides

Pour accompagner le mouvement, en plus des diverses aides de l’État pour l’acquisition de véhicules moins polluants, la Métropole lyonnaise proposera une série d’allocations forfaitaires supplémentaires de 1 000 à 13 000 euros, selon le type de véhicule et sous condition de revenu fiscal, a expliqué lundi Bruno Bernard, le président de la Métropole.

Elle accordera également des dérogations temporaires ou permanentes pour certains véhicules, notamment, ceux des handicapés, des véhicules spécialisés ou ceux utilisés pour des déplacements peu fréquents, par exemple.

Cela apparaît en revanche plus compliqué à mettre en œuvre : les touristes aux véhicules Crit’Air 5 et non classés se rendant à Lyon devront demander une dérogation au préalable. Encore faudra-t-il qu’ils le sachent !

Sur place à Lyon, la ZFE concerne beaucoup de monde : plus de 1 .000 véhicules classés Crit’Air 5 ou non classés circulent au sein de l’agglomération, dont 8 000 sont enregistrés à l’intérieur même de la ZFE !

Plus de diesel en 2026

En fait, ladite ZFE est en réalité déjà bien lancée, mais pour les professionnels ; et ce, depuis 2020, la ZFE interdit déjà la circulation et le stationnement des poids lourds et des utilitaires classés Crit’Air 5, 4 et 3.

Le compte à rebours est en tout cas lancé : on va plonger progressivement dans le dur. La ZFE prévoit l’interdiction des véhicules diesel Crit’Air 4 au plus tard le 1er janvier 2024 ; puis des véhicules diesel et essence Crit’Air 3 en 2025 ; et enfin en 2026 interviendra l’interdiction des véhicules classés Crit’Air 2 et donc de tous les véhicules diesel dans le périmètre de la ZFE !

À cette date, seuls les véhicules électriques, à hydrogène, et Crit’Air 1 pourront circuler dans la ZFE lyonnaise. Autant s’y préparer…

De nombreux habitants ont émis leur opinion lors de cette concertation autour de cette ZFE, mais quid des entreprises ?

Le “oui mais” des chefs d’entreprise

La Chambre de commerce et d’industrie, ainsi que la Chambre de Métiers et de l’Artisanat ont, surprise, transmis un avis favorable concernant la première étape du projet d’accentuation de la ZFE. Non sans exiger par ailleurs davantage de précisions.

Une prise de position dont s’est aussitôt félicité Jean-Charles Kohlhaas, vice-président délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine : « L’avis favorable des chambres consulaires est une très bonne nouvelle à double titre. Il vient conforter le projet d’amplification de la ZFE, mais il montre surtout que les milieux professionnels, bien conscients des enjeux, s’engagent maintenant en faveur de mesures fortes pour améliorer la qualité de l’air », se félicite l’élu écologiste.

L’accord des chambres consulaires a toutefois plus l’apparence d’un « oui mais ». Selon la Métropole de Lyon elle-même, « dans leur courrier, les chambres consulaires formulent quelques points de vigilance et demandes de précisions sur le projet, notamment sur les aides financières et les dérogations ».

La collectivité indique « qu’elle veillera à en tenir compte dans les décisions à venir ».

Il en est de même pour les professionnels du BTP particulièrement impactés par cette ZFE.

Ils ont commandé une enquête “mobilités” à la cellule économique régionale de la construction (Cerc) qui met en évidence la volonté des entrepreneurs de s’équiper de véhicules propres ; tout en illustrant en même temps leurs difficultés à trouver des solutions adaptées.

En positif, 45 % des gestionnaires de flotte du BTP de moins de dix véhicules (67 % pour ceux qui ont des flottes plus importantes) ont l’intention d’acquérir au moins un véhicule à motorisation alternative sur la période 2021/2025.

« Pas les moyens de s’adapter… »

En contrepartie, les chefs d’entreprise estimaient lors de cette enquête que le rythme de mise en place des restrictions à Lyon “ne laisse pas suffisamment de temps pour s’adapter”. 70 % estiment même que leur entreprise “n’a pas les moyens de s’adapter aux restrictions à Lyon”.

Le choix d’une première étape pédagogique dès le 1er septembre semble donc répondre en partie à cette critique.

Gageons en tout cas, que d’ici le 1er janvier 2023, la ZFE va encore alimenter maintes déclarations et conversations…