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Lyon mérite-t-elle vraiment le label de ville internationale ?

Les élus lyonnais successifs, à commencer par Gérard Collomb, le dernier en date fraîchement réélu se sont toujours targués d’être à la tête d’une ville internationale.

 Mais est-ce vraiment le cas ? Une étude de l’Opale (*), tente de répondre à cette question, en partenariat avec l’Université de Lyon.

 Mais d’abord qu’est-ce qu’une ville ou en l’occurrence une métropole internationale ?

Selon le professeur Panayotis Soldatos : « une ville internationale est un lieu privilégié pour mener à bonne fin des opérations intellectuelles, commerciales, technologiques, culturelles, politiques entre des partenaires de nations différentes à conditions que ces opérations soient à ce point répétitives et nombreuses, qu’elles créent des échanges permanents d’hommes, d’idées, de produits, de recherche, devenant constitutifs d’une mission, d’une animation et presque d’une raison d’être ».

 Lyon correspond-t-elle à cette définition ?

 Premier critère : le nombre d’entreprises à capitaux étrangers présentes sur le territoire. Elles sont 15 %. Il y en a plus à Strasbourg (24 %) et à Lille (21 %). Lyon se situe à cet égard à la troisième place française.

 Ces entreprises emploient 17 % des salariés, ce qui représente 57 000 emplois.

 Là où le bât blesse : Saint-Exupéry

 Autre critère la desserte aéroportuaire, et c’est là où le bât blesse.

 Si Lyon Saint Exupéry a accueilli 8,4 millions de passagers en 2012 dont 61 % internationaux, l’aéroport reste de taille modeste par rapport à ses homologues européens. A titre de comparaison, les quinze premiers aéroports européens génèrent chacun un trafic moyen de 22 millions de passagers. On en est loin, même si en nombre de dessertes, St Ex qui se situe à la 42ème place européenne, est le premier aéroport de province en termes de destinations desservies (117, juste devant Marseille : 116).

 En revanche, en matière de congrès internationaux, Lyon se rattrape en étant une des rares villes non capitale faisant partie du top 15 européens organisatrices de congrès, grâce à tous ses outils : Palais des congrès de la Cité internationale, Salle 3 000, Eurexpo. Avec 77 manifestations internationales, elle se situe très précisément à la 15ème place, remontant un peu plus chaque année dans ce classement. Là, en l’occurrence, les efforts ont payé.

 Un autre critère est essentiel pour obtenir son brevet d’internationalité : celui des nuitées et des arrivées étrangères.

Vingt pour cent des touristes sont étrangers

 En 2012, selon les chiffres fournis par l’Insee, environ 80 % des nuitées sont le fait de touristes français et 20 % de touristes étrangers. Cette proportion est quasiment stable depuis 2008. Pas mal, mais peut mieux faire. Un chiffre à relier à la faiblesse de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. Parmi les Etats les plus représentés figurent le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et le Japon.

 Dernier critère important, enfin : la présence de consulats ou d’institutions internationales.

 Ainsi, sur les 186 consulats et ambassades recensés en France, Lyon en accueille 62, moins que Marseille (70), mais mieux que Bordeaux (53).

 Même si elles sont renommées, Lyon accueille peu d’organisations internationales  : le siège d’Interpol, bien sûr, mais aussi le Centre International de recherche contre le cancer (Circ) et Handicap International.

 Au bilan, si Lyon est sans conteste la métropole française la plus internationalisée hors Paris, elle souffre encore d’un sérieux déficit d’image au niveau mondial, comme l’illustrent un certain nombre de classements internationaux, à l’instar de sa… quarantième position au classement sur la qualité de vie.

 « Un rayonnement relatif »

 Pour les auteurs de cette étude, «  le rayonnement relatif de Lyon, c’est-à-dire rapporté à sa population, est, sans conteste, largement supérieur à son rayonnement perçu. Lyon occupe toujours une position médiane dans le classement ECM (European Cities Monitor), se distinguant par l’accessibilité des prix de l’immobilier, mais pâtissant, selon la perception des investisseurs, en particulier d’une main d’œuvre maîtrisant mal les langues étrangères. »

 D’où une première préconisation, au-delà de la capacité de sa population à maîtriser l’anglais : traduire en anglais de nombreux supports (signalétique, musées, transports en commun…), ce qui constituerait un véritable marqueur de son internationalisation !

(*) Les travaux de l’Observatoire partenarial lyonnais en économie (Opale) sont l’expression d’un partenariat entre la Communauté urbaine de Lyon, la Ville de Lyon, la CCI de Lyon, le Medef Lyon-Rhône, l’Université de Lyon, la Chambre de métiers et de l’artisanat du Rhône, la CGPME, Pôle Emploi, l’Aderly, le Cecim, l’Office de tourisme et des congrès du Grand Lyon, Viennagglo, le Pôle métropolitain et l’Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, en association avec le Sgar, l’Insee, la Banque de France, l’Urssaf, et la Caisse des Dépôts et Consignations.