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PME/PMI : les entrepreneures sont seulement 12 % à avoir brisé le plafond de verre. Que faire pour aller plus loin ?

On a instauré des quotas féminins dans les conseils d’administration des grandes entreprises et ça marche : de nombreux conseils d’administration sont désormais à parité, de nombreux s’en rapprochent. Mais on est loin des 40 % en ce qui concerne la présidence ou la direction, voire la gérance des PME et des ETI : 12 % de femmes seulement ! Comment faire pour augmenter ce pourcentage ?

C’est une enquête approfondie menée par BPi France et le Lab qui le dit (*) : 12 % seulement des dirigeantes de PME et ETI en France et Auvergne-Rhône-Alpes ne fait pas exception, sont des femmes.

Et quand on parle de dirigeantes de PME-ETI, il s’agit aussi bien de présidentes, de directrices générales, voire encore de gérantes.

Un pourcentage qui corrobore d’anciennes études de l’Insee, de KPMG et d’Ellisphere qui situent la part de dirigeantes de PME-ETI respectivement à 15 %, 14 % et 16,5 %.

Le chiffre d’un tiers de dirigeantes, plus médiatisé, souvent cité, se rapporte, quant lui, au périmètre des PME, TPE incluses.

Pourquoi les dirigeantes d’entreprise sont-elles si peu nombreuses alors qu’elles représentent la moitié de la population active ? Est-ce un sujet de discrimination, de compétence ou de préférence ?

En fait l’une des difficultés à faire évoluer le sujet est que les dirigeantes le sont pour une part pour des raisons familiales : les nombreuses PME et ETI sont effectivement familiales et c’est au sein de ces familles que se joue la direction de l’entreprise, lorsqu’il n’est pas fait appel à un manager professionnel.

Une sur trois a repris l’entreprise familiale

Si de nombreuses dirigeantes de PME-ETI ont créé leur entreprise, une sur trois a accédé en effet à la fonction en reprenant l’entreprise familiale.

C’est une différence majeure avec les dirigeants, davantage positionnés sur la reprise externe (un chef d’entreprise sur cinq) et moins présents sur la reprise familiale (un chef d’entreprise sur dix).

On peut néanmoins anticiper une féminisation de la reprise externe, au regard des prochains départs à la retraite de nombreux dirigeants de PME. Un vecteur d’optimisme donc vers la féminisation des fonctions de dirigeantes au sein des PME et PMI.

Car ce n’est pas une question de financement : les dirigeantes sont une majorité (61%) à considérer comme facile l’accès au financement.

Cette proportion est comparable à celle constatée chez les dirigeants (67 %).

Cette étude met par ailleurs en avant le fait que les dirigeantes tirent leur force de leur capacité à partager le capital et le pouvoir dans la gouvernance de l’entreprise, et à s’entourer par exemple à travers des réseaux professionnels féminins.

Une évolution socio-économique favorable aux dirigeantes

Comment dépasser à l’avenir ces 12 % ?

Pour Anouk Déqué, présidente de FCE France (Femmes chefs d’entreprise), voir ce pourcentage augmenter passera par l’éducation : «au-delà du nombre, il faut s’interroger sur des éléments concrets et structurels qui permettraient de libérer temps et contraintes. Il faut préparer par des actions, notamment de mentorat, à la reprise d’entreprises. Il s’agit également de combattre, dès le plus jeune âge, de façon réaliste, les poncifs métiers, de renforcer la reconnaissance des entreprises de taille moyenne, de former au management, etc », explique-t-elle.

De la sorte, le réseau FCE fort bien représenté à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes s’apprête dans cette optique à élaborer des recommandations favorables à l’entrepreneuriat féminin dans toutes ses composantes : création, reprise externe ou familiale.

L’autre facteur d’optimisme à cet égard est de constater aussi que les évolutions socioéconomiques vont très probablement de plus en plus, pousser les femmes aux postes de direction des PME-ETI.

L’âge élevé des dirigeants de PME pose la question des reprises externes, voie d’accès dans laquelle les femmes n’ont pas encore percé, et qui sera, sans doute, le prochain enjeu.

Mais surtout, estime cette enquête, «  les jeunes générations aspirent à plus de sens, d’engagement, notamment en matière de climat et de confiance. »

Dans ce contexte, les femmes semblent toutes prédisposées à incarner le dirigeant de demain.

Ce n’est pas une fatalité si les femmes dirigeantes ne sont pas les chantres de l’hypercroissance. Les motivations qui les animent coïncident, plus facilement, avec les objectifs actuels d’une croissance durable et qualitative. On y est désormais…

(*) L’enquête menée par BPi et le Lab (pdf, cliquez)bpifrance_le_lab_dirigeantes_et_dirigeants_de_pme-eti_-_01dec2022