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Pour répondre aux enjeux climatiques : Auvergne-Rhône-Alpes effectue un pas de plus vers l’économie de l’hydrogène

Il existe deux attitudes possible vis à vis de l’indispensable transition énergétique dont la toute dernière et fort spectaculaire canicule en date nous rappelle une fois de plus l’urgence.

Soit on devient fataliste en pensant que l’humanité va droit dans le mur et qu’on n’y peut rien.

Soit on croit in fine à l’intelligence humaine, jamais aussi active lorsqu’elle a un pied dans le précipice, en s’appuyant notamment sur la science et en faisant le pari du progrès technique apte à nous sortir de cette ornière.

Nous avons en fait beaucoup d’outils pour répondre à l’urgence climatique.

Certains sont tout simples et on s’étonne qu’ils ne sont pas véritablement mise en œuvre ou n’aillent pas assez vite.

Le plus simple et le moins connu qui pourrait s’avérer très efficace est l’ajout dans les sols des surfaces agricoles de matière organique, riche en carbone, celle constituée par nos déchets à conditions qu’ils soient bien triés. Là, elle se décompose lentement sous l’effet des microbes du sol, ce qui libère du CO2, mais ce processus dure des dizaines, voire des centaines d’années, bien plus que lorsqu’on brûle directement cette matière.

Si l’on maintenait régulièrement ces apports de matière organique, cela créerait un stock souterrain qui diminuerait d’autant le CO2 dans l’atmosphère. Surtout, c’est tout bon pour les sols agricoles, qui manquent justement et cruellement de matière organique.

Selon le Giec (Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), si, dans tous les sols de la planète, on augmentait chaque année de 0,4 % (soit 4 ‰) la teneur en matière organique, donc en carbone, on compenserait le CO2 émis par l’homme dans l’atmosphère !

Virage vers l’hydrogène vert

Il existe également la fusion nucléaire (contraire à la fission) dont on parle encore peu et qui vise à reproduire l’énergie du soleil en lieu confiné. Avec l’incroyable projet Iter de Cadarache à plusieurs dizaines de milliards d’euros, la France constitue l’épicentre de ce projet. Parallèlement, dans le monde entier de nombreuses start-up travaillent à cette fusion nucléaire et l’on enregistre chaque mois des pas supplémentaires vers cette mise du soleil en bouteille qui ne produit pas de déchets radioactifs et dont le carburant est inépuisable…

Et enfin, last, but not least, une autre voie est constituée par l’hydrogène vert dont Auvergne-Rhône-Alpes se veut l’un des leaders en Europe. Ça tombe bien, ladite Europe a pris depuis peu un grand virage vers ce type d’hydrogène écolo.

La France aussi, en lançant un plan ambitieux à hauteur de 7,2 milliards d’euros.

La France est dans les clous, mais dans la course vers la future économie de l’hydrogène qui constitue la nouvelle frontière énergétique. Il ne s’agit pas de perdre notre avance.

C’est dans ce cadre que rentre la région Auvergne-Rhône-Alpes : elle vient d’annoncer que son projet “Zéro Emission Valley” (ZEV), concernant la mobilité hydrogène renouvelable, entre enfin dans le concret.

Il vise à mettre en place vingt stations hydrogène dans les grandes métropoles de la région dont plusieurs seront équipées d’électrolyseurs assurant la production même d’hydrogène vert sur le site. Bref, on ne fait pas venir de l’hydrogène pour le stocker et le distribuer, on le produit sur place.

De l’hydrogène vert pour quoi faire ? Notamment pour remplir dans un premier temps les réservoirs adaptés de 1 200 véhicules de flottes captives, de sociétés ou de collectivités…

Quatorze stations à fournir

Or 14 de ces stations vont voir le jour assez rapidement: la société Hympulsion qui gère ce projet (ZEV) vient de désigner le groupement qui va assurer la fourniture de 14 de ces stations sur 20.

Il s’agit d’un consortium composé de McPhy, un des leaders du secteur : il s’agit d’une société spécialisée basée dans la Drôme ; d’Atawey (Savoie) et de TSM (Isère).

Ce projet qui représente un investissement de 52 millions d’euros bénéficie de financements divers : notamment 15 millions d’euros financés par la Région, 14,4 par l’Ademe et 10,1 par le programme européen CEF Transport.

Les choses devraient aller rondement. A eux trois, les membres de ce groupement qui produisent 70 stations hydrogène par an, bénéficient d’un savoir-faire reconnu.

On pourrait regretter que les choses n’aillent pas encore assez vite, vu l’urgence, c’est vrai. Il s’agit de se passer le plus vite possible du charbon et des hydrocarbures.

Par sa souplesse, l’hydrogène qui a l’avantage d’offrir une vaste capacité de stockage potentielle, apparaît comme une des principales solutions d’avenir.

“Nous avons la conviction que l’hydrogène est une véritable alternative à l’utilisation des énergies fossiles et une réponse aux enjeux climatiques”, assure Jean-Michel Amaré, le président d’Atawey, un des trois membres de ce groupement.

L’ambition de la région va encore plus loin : elle est de faire en sorte qu’à terme les véhicules hydrogène se retrouvent au même prix que les véhicule équivalent diesel. Or, quand on connaît le prix actuel, particulièrement prohibitif des véhicules hydrogène, il y a encore un peu de chemin à parcourir…