Président de la CCI de Lyon : Philippe Grillot définitivement grillé
François Turcas, le président de la CGPME du Rhône ne le cache pas : tous les membres de son syndicat patronal siégeant au sein du conseil d’administration de la CCI de Lyon lui ont donné une lettre de démission au cas où Phillipe Grillot ne démissionnerait pas de lui-même. Il en est de même pour ceux du Medef.
Cela ne fait désormais aucun pli : Philippe Grillot ne sera bientôt plus président de la CCI de Lyon, suite à la tempête qu’il a lui-même suscité dans « l’interview choc » qu’il a donné à notre confrère « Acteurs de l’économie » dans le quel il mettait en cause, entre autres, la réforme des CCI et Jean-Paul Mauduy, le président de la CCI régionale.
S’il ne démissionne pas de son propre chef, il le sera lors de la prochaine assemblée générale de l’organisme consulaire qui doit se dérouler le 2 décembre prochain. Les membres du conseil d’administration démissionneront alors, l’obligeant à remettre son mandat.
« Pas de sang sur les murs »
Le fait nouveau est l’intervention du préfet de région, Jean-François Carenco qui doit recevoir Philippe Grillot lundi 18 novembre pour l’exhorter à démissionner. Souhaitant que dans cette affaire « il n’y ait pas de sang sur les murs », selon sa propre expression, le préfet de région estime que la meilleure solution passe par une « démission immédiate. Si le départ de Philippe Grillot doit être acté, je préférerais qu’il ne résulte pas d’une démission de tout le bureau ».
D’ici le 2 décembre, celui qui est encore président de la CCI de Lyon devra faire ce choix cornélien. Grillé du côté de ses pairs patronaux, il l’est aussi du côté des salariés de la CCI effarés par cette tourmente et auprès desquels il a perdu toute crédibilité et autorité.
Il ne fait donc guère de doute : le prochain président de la CCI sera encore un adhérent de la CGPME : Emmanuel Imberton 55 ans, vice-président Grands projets de l’organisme consulaire.
Ce Pdg de la Cotonnière Lyonnaise, titulaire d’un DESS Relations Sociales a notamment été DRH de Valéo. Son premier vice-président pourrait être Philippe Guérin.
Pourquoi ?
Reste que le monde patronal s’interroge : pourquoi dans ce très long interview de sept pages, d’Acteurs de l’économie qui a surpris son entourage même, pas au courant, Philippe Grillot s’est mis dans cet infernal pétrin l’amenant à interrompre de gré ou de force un mandat qui aurait dû se prolonger jusqu’en 2015.
La naïveté ? La volonté de sortir par le haut pour se présenter sur la liste de Gérard Collomb, comme d’aucuns le subodoraient et au vu de ses déclarations en faveur de la métropolisation au dépends de la régionalisation ?
Reste que si cette dernière hypothèse elle est bonne, elle s’est tout aussi crashée. Même si Gérard Collomb en avait l’intention, mis en porte-à-faux par cet interview, il ne pourrait plus prendre Philippe Grillot sur sa liste.
Reste donc le sentiment d’un incompréhensible suicide consulaire pour un président qui n’avait pourtant pas démérité, loin s’en faut, secouant efficacement l’organisme dont il avait la charge. Il a cependant failli dans un domaine-il le reconnaît d’ailleurs lui-même dans l’interview- : celui du redressement d’EM Lyon qui dépend de la CCI et qui n’a toujours pas de directeur et dont les cadres et le corps enseignant sont plus que jamais déboussolés.
Un sentiment d’amertume
Autre sentiment, celui de l’amertume, du côté de la CGPME qui pouvait-fait historique- se targuer d’avoir emporté de haute main la présidence de la CCI de Lyon. Les mandats des deux présidents qu’elle a installés, Guy Mathiolon d’abord, puis Philippe Grillot se seront tous deux, fort mal terminés.
Le prochain président, Emmanuel Imberton aura pour lourde tâche de redorer le blason de l’organisation consulaire. Pour avoir suivi son parcours, il en a la capacité. Il devra vite la démontrer.